Partie 3/4
Installés dans de grands fauteuils d'osier suspendus, trois anciens amis refaisaient le monde dans le patio à l'ambiance marocaine. Le tronc d'un jeune olivier peint à la chaux évoquait à Dean une coutume méditerranéenne. Trois vases contemporains colorés reflétaient la silhouette déformée de l'homme qui détournait de temps à autre son attention.
Disséminées parmi les plants exotiques, des bulles de verre apportaient une touche de féérie le long d'une promenade bucolique qui conduisait au salon d'été. Couvert, le lieu servait toute l'année et appelait au farniente et à la paresse. Loin des regards, Rey et Rudy s'y prélassaient, dans une banquette en résine tressée et matelassée.
Il ressortait de la discussion des trois compères que l'énorme propriété, jadis une imprimerie et son parking, avait été rénovée de fond en comble, car le preux chevalier Orlando ambitionnait de construire un domaine pour sa belle. Version glamour qu'affectionnait Ilona ; l'autre concernait la famille « très » nombreuse de Yakim.
Ce dernier avouait sans complexe que les décisions importantes de sa vie, ces quatre dernières années, révolutionnaient autour de sa fiancée. D'un œil extérieur, Ilona donnait l'air de tout diriger. Une fois notée l'admiration sans borne qu'elle lui vouait, on leur reconnaissait un certain équilibre. Madame se sentait invincible dans les bras de son gladiateur.
En termes de place, la propriété pouvait abriter jusqu'à quatre familles, sans qu'elles se marchent dessus. Une nécessité face à la parenté envahissante de Yakim. Sa dulcinée avait un quota de convivialité avec ses beaux-parents, qui débarquaient souvent à l'improviste pour de longs séjours. Yakim n'y voyait aucun inconvénient ; il avait toujours évolué dans une famille nombreuse. Seulement, sa normalité ne collait pas aux mœurs d'Ilona. Qui adoptait un chien adoptait ses puces... même si on s'acharnait à l'en débarrasser. Ne pouvant se débarrasser de sa belle-famille, Ilona s'était consolée avec un compromis : superviser des travaux de construction de son domaine. Le patio abritait une piscine chauffée, deuxième grand bassin de la propriété.
On gagnait bien sa vie en première ligue de football-américain, mais seuls certains B-Sharks possédaient une popularité de superstars. Le jeu de Yakim Dwight Orlando et sa ferveur plaisaient au public. Le peuple adorait son sourire sur le terrain ; un sourire communicatif, qui transmettait sa joie de vivre un match jouissif. À chacune des prouesses de l'enfant du pays, les Balmeriens ne se sentaient plus pisser. Les hommes aimant la gloire par procuration, les B-Sharks représentaient souvent un symbole d'union populaire. Restait à savoir si cela perdurerait avec la relève, maintenant que la génération de Yakim entamait sa dernière saison.
La conversation prit une autre tournure, quand Dean laissa vagabonder ses yeux sur la silhouette de Red. Il l'observait à travers le halo végétal entourant la verrière. Depuis un moment, son amant discutait au téléphone. Soit il enchaînait les appels, soit son correspondant se montrait loquace. Accoudé au bar, Red ignorait mettre en avant son joli postérieur moulé dans un jean taille basse. Sa chemise ajustée remontait un peu et révélait les fossettes au bas du dos. Dean matait en toute impunité.
— Un truc me travaille, Lightning, commença Yakim. Il faut que je le sorte pour ne pas finir dingue !
— Je comprends. Ton cerveau sature vite quand il ne s'agit pas de football.
Yakim n'en prit pas ombrage. Mais Farrell... Dean l'avait remarqué. Le Farrell de son souvenir n'existait plus. Seul Yakim conservait son espièglerie, son ouverture d'esprit, sa nature débonnaire pourtant prompte à lui rendre la monnaie de son sarcasme. Dean savait sa pique à charge de revanche et s'en amusait d'avance. Sans quitter l'objet de ses désirs des yeux, il l'encouragea :
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HOT CHILI - saison 6 ✤ volume 1/2
Lãng mạn. Pour le clan Leblanc, folie des grandeurs est raison. Est-ce acte de folie ou résolution raisonnable quand un Leblanc menace un empire de déclin ? Déterminé à exploiter la vulnérabilité de sa puissante famille qu'il juge coupable da...