Partie 3/4
Une voix arrêta Red qui se pressait dans le couloir. Il se retourna sur celui qu'il avait déjà reconnu.
— Que veux-tu, Dean ?
Dean serra les dents. Le ton cassant et l'expression fermée de son amant lui promettaient de ramer. Ramer dur. Les bras croisés lui dirent de retenter sa chance à un moment plus propice. En dépit de sa question, Red était hermétique au dialogue. Dean tenta quand même sa chance.
— Puis-je te parler ?
— Pour me dire des mots que je ne suis pas disposé à entendre. Alors cette conversation est terminée, répliqua Red, hautain.
Dean en vint presque à supplier :
— Andy, s'il te plaît... ne sois pas comme ça.
— Comme quoi ? siffla Red en se penchant vers lui, menaçant.
Dean faillit marquer un mouvement de recul, mais les yeux rougis de son amant le figèrent. Red avait pleuré. Bon sang, il avait fait pleurer son homme. Oh gosh, comment rattraper cela ? Il ne pensait pas que leur dispute affecterait autant Red. Il lui connaissait le cuir plus coriace. À moins que la presse people soit responsable. Rudy avait mentionné Hotmaid®. Qu'avaient écrit ces rédacteurs de pacotille ?
« Ne te dérobe pas, Dean. Tu as aussi apporté ta contribution. »
Il n'avait fait que rajouter à la peine d'un Red déjà fragilisé. Soit. Il ramperait. Hélas, Red n'était pas enclin à entendre des excuses, or maintenir ce froid n'améliorerait pas son état d'esprit. Tu parles d'une situation inextricable ! Nerveux, Dean tendit les doigts et caressa la joue de son homme
— Je m'en veux, chéri... Je suis désolé, dit-il, pitoyable. Je m'excuse.
— Ah non, se déroba Red, indigné. Tu ne t'excuses pas ! assena-t-il, acerbe.
Dean cilla. Par deux fois, en deux jours, on lui refusait le droit de s'excuser alors qu'il était sincère. Ce palmarès devenait pathétique. À la manière dont le ton montait chez son amant, bientôt toute la propriété en aurait vent. Son mal de crâne en rajouta à son sale quart d'heure, aidé de cette manie qu'avait Red de lui enfoncer l'index dans l'épaule ; un tic adopté lorsqu'il s'estimait dans son bon droit de lui crier dessus.
— Tu ne t'excuse pas, tu dois me prier d'accepter tes excuses, Dean ! Mais la salle d'audience est fermée aujourd'hui. Repasse me voir quand je serai dans de meilleurs dispositions à ton égard, martela-t-il, royal. Ce qui signifie : « pas avant un moment ». J'ai décidé que tu allais en baver.
Planté devant Dean, poings sur les hanches, il leva le menton. Avec sa carrure d'ex-footballeur, Dean n'aurait pas dû se sentir petit...
— Et tu sais quoi ? Je n'en ai rien à foutre d'altérer ton image auprès des autres. Ce que vous n'avez pas compris dans cette putain d'histoire, c'est que c'est vous, les imposteurs ! Si votre putain d'image change, c'est parce qu'elle n'a jamais été authentique à la base. Selon vos interlocuteurs, vous choisissez un putain de rôle différent à jouer. Alors désolé d'être ce que je suis, chéri. Moi au moins, je reste entier !
Avec grâce, Red tourna les talons. Sa longue chevelure fouetta le visage de Dean, cloué au pilori. La démarche chaloupée, il reprit son chemin sans guère se soucier des états d'âme de l'individu statufié par la virulence et la hauteur de son propos.
— Ça ne sert à rien de te cacher, Ilona, je t'ai vue.
Celle-ci quitta sa cachette et oublia d'apporter avec elle le masque repentant de circonstance pour son indiscrétion.
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HOT CHILI - saison 6 ✤ volume 1/2
Romantizm. Pour le clan Leblanc, folie des grandeurs est raison. Est-ce acte de folie ou résolution raisonnable quand un Leblanc menace un empire de déclin ? Déterminé à exploiter la vulnérabilité de sa puissante famille qu'il juge coupable da...