Partie 1/3
La limousine blanche rutilante garée devant le domicile des Vitrand n'expliquait toujours pas la recommandation maternelle.
— Nola, rentre tout de suite à la maison. C'est urgent !
Nola n'y comprenait rien. Son angoisse grandissait. Pamela ne s'étant pas montrée plus explicite au téléphone, sa fille avait abandonné ses copains au bar, alors en pleine discussion sur le choix d'un nightclub.
— Vous recevez une star chez vous ?
Poussant le portillon, Nola ignora la remarque motivée par une curiosité de voisin. Pourquoi avait-on besoin d'elle à la maison ? Elle avait quartier libre le vendredi soir. Qui était l'auteur de cette situation loufoque ? Dans son institut de modélisme et stylisme, quelques étudiants pouvaient se permettre cette théâtralité de luxe. Queeny McLescy, par exemple. Mais cette garce bourgeoise, dont la mère était styliste chez Gilano, ne figurait pas dans son cercle social. Pourquoi se pointerait-elle chez elle ?
La tête pleine d'interrogations, Nola trouva son père dans le salon, en pleine discussion avec un inconnu. L'homme arborait un uniforme de chauffeur privé à la vieille école, sa casquette officier coincée contre son flanc droit. La conversation n'évoluait pas dans son sens, à en juger son malaise. Georges Vitrand était fermé.
— Nola, l'apostropha-t-il, peux-tu nous expliquer ceci ?
Il désigna son interlocuteur d'un geste brusque, sans se soucier de le froisser. Elle répondit par réflexe.
— J'ai rien fait, c'est pas moi !
On l'avait déjà mise dans la peau de l'accusée. Son père refusa de l'acheter.
— Vraiment ? Si tu n'as rien fait, comment tu expliques la réservation à ton nom, pour un vol en jet à destination de Balmer ?
Nola sursauta. C'était quoi ce bin's ?! Il plaisantait, n'est-ce pas ? Parce qu'elle était la dernière informée. Le froncement de sourcils maternels lui interdit de tester la patience de son père. Elle dévisagea le chauffeur, perdue.
— Mr Vitrand, votre fille est l'invitée de Mr Leblanc, dit ce dernier.
Steeve Keenan se retint avec peine de se pincer l'arête du nez. Pourquoi cet homme l'avait-il compris de travers ? D'un autre côté, madame ne lui avait pas laissé le loisir de s'expliquer. Ses instructions étaient claires : aucun refus de la part des invités ne serait toléré. Foutus Leblanc ! Ces gens réalisaient-ils que ça se rapprochait d'un kidnapping ? À lui de se montrer persuasif.
— Ma mission est d'escorter les invités sur ma liste à l'aéroport. (S'il disposait de leurs adresses et d'un itinéraire, il ne disposait pas du droit de poser des questions.) Mr Leblanc organise une soirée retrouvailles entre le... jeune héritier et ses amis. Eu égard à son état de santé, il est préférable que ses amis le rejoignent. Des moyens de transport sont mis à leur disposition. Notre compagnie se porte garant de leur sécurité. Leur confort durant leur séjour à Balmer est déjà pris en charge.
Abasourdie, Nola ne put réagir.
— Ce séjour dure combien de temps ? s'enquit Pamela.
— Pam ! gronda son époux.
Elle l'ignora. S'il était bouché, elle avait entendu « Leblanc ».
— Tout le weekend, madame, répondit Steeve.
— C'est qui, ce « jeune héritier » ? s'agaça Georges.
Nola s'impatienta.
— C'est Rudy, papa. (Il suffisait d'additionner 2 et 2 ou de suivre l'actualité. Elle demanda tout de même confirmation au chauffeur :) C'est bien lui, n'est-ce pas ?
VOUS LISEZ
HOT CHILI - saison 6 ✤ volume 1/2
Romans. Pour le clan Leblanc, folie des grandeurs est raison. Est-ce acte de folie ou résolution raisonnable quand un Leblanc menace un empire de déclin ? Déterminé à exploiter la vulnérabilité de sa puissante famille qu'il juge coupable da...