Partie 1/3
Torcy Junior se définissait comme un pacha. Il ne rendait de compte à personne. Peu lui importait de heurter la sensibilité ou la moralité d'autrui. Il ne pensait cependant pas qu'un jour, ses actes le rattraperaient... et le dépasseraient.
La vie de Torcy-Junior démarrait par un faux départ. Mais un désavantage dans la course était-il un handicap quand on naissait fils de milliardaire, même hors mariage ? La société avait prouvé que oui, lorsque maman se trimballait une réputation de « femme de petite vertu ».
*
Farah Moore avait connu le père de son fils par son ancien métier de call-girl de luxe. À vingt-cinq ans, elle disposait de tous ses charmes. Deux années d'expérience l'avaient dotée de sérieux atouts, pour que son agence vende ses services à sa clientèle la plus fortunée. Des hommes au compte bancaire aussi lourd que le PIB d'un État du tiers monde. Elle vivait bien avec ses pourboires. Elle compartimentait. Jusqu'à ce qu'elle devienne la favorite de Torcy Reich-Andriana. Un an plus tard, son cœur s'en mêlait. Le vin aussi. Un très bon millésime.
Le client était roi. Le client refusait souvent d'utiliser une capote. Sous pilule ou stérilet, les filles étaient constamment testées par l'agence. En devenant la « régulière » de Torcy, Farah aurait dû se faire poser un anneau contraceptif, comme l'avait grondée sa patronne avant de la licencier. Une hôtesse enceinte ne rapportait plus de sous à la boîte.
Farah regrettait-elle son choix ? Non. Elle avait désiré son fils. Même si le père n'en avait rien su. Elle n'aurait jamais l'homme de manière légitime ou légale mais resterait liée à lui. Lorsqu'elle avait annoncé qu'elle comptait garder le bébé, Torcy avait haussé les épaules. Lorsqu'elle lui avait appris le sexe masculin du fœtus, étrangement, il avait été ravi. Elle avait poussé sa chance et décidé de l'appeler Torcy-Junior. Cette fois, l'idée n'avait pas beaucoup plu à Torcy senior. Parce qu'elle le forçait, d'une certaine manière, à reconnaître le poupon. Et cet acte déclencherait les foudres de Loana Reich-Andriana, son épouse.
— Est-elle obligée de le savoir ?
Il avait ri.
— Farah, les coordonnées de ton agence...
— Ancienne agence.
— ...sont dans le répertoire téléphonique de Loana.
Cela en disait long sur madame. Elle l'aurait voulu, elle aurait supervisé les rendez-vous « galants » de son mari. Tant qu'un bâtard ne se pointait pas, elle fermait les yeux sur les maîtresses. Mais il y avait une raison au fait que Farah soit devenue la favorite de Torcy. Elle possédait de bons « arguments ».
Torcy-Junior Reich-Andriana naquit à Balmer, loin de l'Upper Coast où régnait Loana. Celle-ci continua sa vie dans la haute société de la capitale, sans se laisser troubler. Puis Torcy-Junior commença la maternelle, et Loana frappa.
Ça jasait beaucoup du côté des mères et des institutrices. Ce petit garçon, qui portait le nom du richissime propriétaire de la Torcy Tower, était le fils né d'une liaison extraconjugale. L'histoire du monde regorgeait d'enfants illégitimes. En faire tout un plat au troisième millénaire était une faute de goût, de l'opinion de Farah.
Durant la seconde année de maternelle de Junior, sa mère collectionna les étiquettes. Briseuse de ménage, arriviste, profiteuse, call-girl, péripatéticienne. Le centre éducationnel huppé n'aurait pas dû avoir vent de ce pan du passé de Farah. D'autant qu'elle avait trouvé un job d'hôtesse d'accueil non réprouvé par la morale, chez Noizy© Inc., société respectable de multimédia. Elle aurait pu s'en passer, avec la pension que versait Torcy.
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HOT CHILI - saison 6 ✤ volume 1/2
Romance. Pour le clan Leblanc, folie des grandeurs est raison. Est-ce acte de folie ou résolution raisonnable quand un Leblanc menace un empire de déclin ? Déterminé à exploiter la vulnérabilité de sa puissante famille qu'il juge coupable da...