Partie 1/3
Qui donc était le commanditaire de l'enlèvement de son fils ? Question obsédante et responsable de l'insomnie de Dean. Cela étant, quatre heures de sommeil d'affilées constituaient un progrès par rapport à ces derniers jours. Dean se garda de troubler le repos de son fils et pria qu'il dorme jusqu'au matin. La respiration paisible de Rudy n'annonçait pas de turbulences oniriques.
Un pressentiment agaçait Dean : celui de devoir tenir sa promesse de détruire White Enterprise© car le profil du commanditaire se fondait dans les couleurs d'un Leblanc. Une part de lui voulait réfuter cette hypothèse. Un membre de sa propre famille, coupable... Ce serait l'hécatombe si l'Empire commençait à éliminer les siens. La White chain amorçait sans doute son délitement.
Mais tous les empires suivaient un cycle. Naissance, essor, apogée, déclin, ruine, disparition totale. À quelle phase se trouvait l'Empire Leblanc ? Il précipiterait son déclin si l'un de ses membres s'avérait bien le cerveau derrière l'enlèvement de Rudy. Maintenant que Dean avait un suspect en chef – Daniel-Ritchie –, il devait dérouler la liste des complices potentiels.
Les actes des Leblanc appartenaient toujours à un ensemble, à une réaction en chaîne, car ils étaient formatés pour agir en maillons. L'enlèvement de son fils suivait le même principe. Déshéritement, mésentente, guerre intestine, projet Swordfish, mission anti-terroriste classifiée, IANS. Le motif, le schéma, puait le Leblanc. À Dean de ne pas se tromper de cible.
Oh, rendre la monnaie au mauvais Leblanc le frustrerait, certes, mais ne le culpabiliserait pas. Ses suspects potentiels n'avaient pas le profil de personnes « injustement » accusées. Tout leader Leblanc se révélait toujours coupable de quelque chose. Cependant, la réalité se résumait à « pas vu, pas pris », ou plutôt « vu, mais pas pris ». Car qui « prendrait » un Leblanc ? On ne baisait pas ces gens-là. Ou alors, seul un Leblanc pouvait en prendre un autre. Et Dean les enculerait jusqu'au dernier.
« Dans ce cas, ajoute ton nom sur la liste des suspects. »
Ses manquements avaient donné corps à sa pire crainte. Son fils lui avait été arraché parce qu'il avait laissé les choses lui échapper. Sinon comment justifier la partie de sa rancœur – probablement la plus grande – dirigée contre lui-même ?
— Tu m'as fait une de ces frayeurs...
— Désolé.
— Tu n'as pas à t'excuser. La personne qui te doit des excuses te les dira en te baisant les pieds, ou je m'arrangerai pour qu'il pourrisse dans un trou si ce n'est en enfer !
Il avait fait cette promesse à Red, dans un lit d'hôpital, après la tentative ratée de son assassinat. Et comme toutes ses promesses, il ne l'avait pas tenue. Dean serra le poing. Le coma de Chayton ne le priverait pas de sa vengeance. L'agitation de son fils le sortit de ses réflexions lugubres. Le réveil indiquait à peine « 6:36 ». Dean se contraignit à le réveiller.
— Fiston ?
Rudy ouvrit les yeux sur un cri silencieux et s'assit brusquement. Sans réfléchir, Dean le prit dans ses bras.
— C'est juste un vilain rêve, mon ange. Tu es en sécurité.
La crispation du garçon disparut lentement. Il soupira.
— Désolé. Je t'ai réveillé ?
— Ne t'excuse pas. Je ne dormais plus.
— Il est quelle heure ?
— L'heure d'essayer de te rendormir.
— J'ai plus sommeil.
— Alors il est l'heure de ne pas sortir du lit, pour autant.
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HOT CHILI - saison 6 ✤ volume 1/2
Romance. Pour le clan Leblanc, folie des grandeurs est raison. Est-ce acte de folie ou résolution raisonnable quand un Leblanc menace un empire de déclin ? Déterminé à exploiter la vulnérabilité de sa puissante famille qu'il juge coupable da...