HOT CHILI - saison 6 ✤ volume 1/2

S06 - EP 12 ✤ part II

Partie 2/3

— Que se passe-t-il ? s'annonça Dean, inquiet.

Il avait entendu des sanglots étouffés et bondit hors du lit, croyant Rudy au plus mal. Sa surprise de voir son amant liquéfié dans les bras de son fils fut authentique. Perdu, Rudy le dévisagea.

— Je ne voulais vraiment pas le faire pleurer. Je suis désolé.

— Que lui as-tu encore dit ? grommela Dean.

— Rien qui vaille ton courroux, imbécile ! leur parvint une voix tremblante.

Red se détacha de Rudy et essuya ses yeux.

— Merci, dit-il d'un ton grave. Merci, Rudy.

La dernière fois qu'on lui avait dit « je t'aime » et qu'il y avait cru – de tout son cœur –, datait du vivant de son père. L'émotion l'avait cueilli par surprise. Ce garçon venait de briser la gangue de glace qu'il érigeait autour de son cœur, souvent sans le réaliser. Depuis le décès de Christopher Andrew, Red avait cryogénisé cet organe pour ne plus souffrir. Dean avait ébranlé les fondations de sa carapace, mais il subsistait ce bunker dans lequel il pouvait encore se retrancher.

Même avec Dean, il gardait inconsciemment ses distances. Il n'arrivait pas à se résoudre à mettre des mots sur ses sentiments. Red lui prouvait son amour du mieux qu'il pouvait, sans jamais le verbaliser. Par peur. Les fois où il s'était ouvert et les avait prononcés, il avait brisé le sceau d'entrave du monstre tapi en chaque partenaire qui avait volé son cœur... pour en faire un marchepied. Si ne pas dire « je t'aime » empêchait l'homme de sa vie de se changer en monstre, alors il tairait ces mots que Dean voulait entendre. Mais avec une facilité et une franchise limite infantiles, Rudy venait de fendre la glace.

— Je t'aime, mon grand. Je t'aime tellement, tellement fort.

Red l'étouffa. De sa joue, il caressa le sommet de son crâne. Rudy savoura un frisson de bien-être. Red Kellin l'aimait. Il pouvait s'en vanter. Et il avait eu droit à cette déclaration avant son père. Jouissif ! D'autant que Dean y assistait. Un foret de jalousie vrilla le cœur de ce dernier. Dean se fit une raison. On ne pouvait qu'aimer son ange. Un ange doté d'une queue de démon, cela dit.

— Ça n'empêche que je t'en veux, bougonna Rudy.

— Je sais, Rudy, reconnut Red avec sérieux.

— Et que tu vas ramer pour avoir droit à de nouvelles papouilles.

— Bien sûr, chéri. C'est normal, sourit Red, heureux.

Ce garçon était bizarre. Unique. Il bougonnait en profitant du câlin. Red flasha un sourire radieux à son amant. Dean entoura les hommes de sa vie de ses bras. Son monde, son univers tenait dans ses bras. Il se jura de ne plus le perdre. Accueillant la chaleur paternelle avec joie, Rudy céda néanmoins à sa mauvaise foi.

— Ça compte pas. Je vais toujours vous pourrir.

— Je vous adore, les deux blonds de mes joies et mes peines.

— C'est ce que nous sommes, en effet, admit Dean.

— Lequel de nous est le blond de ta joie ? s'enquit Rudy.

— Il fut un temps où tu étais préférentiellement le blond de ma joie et Dean, le blond de ma peine.

Dean se crispa. Rudy savoura son « marquage de point ». Red remua la tête, consterné. Ces deux-là le prenaient pour le trophée d'une compétition ?

— Mais vous vous surpassez à intervertir les rôles et à jouer jeu égal. Vous êtes les deux à la fois. Et vous savez quoi ? Ne changez rien.