Partie 2/4
— Le plus passionnant arrive, avança Nola, rancunière. Parce que ses propres potes lui ont pourri la vie au lycée, son crush, qui n'était même pas encore son mec, s'est vengé en niquant une collection pilote de vêtements que j'avais mis trois mois à confectionner dans le cadre d'un concours de designer junior ! siffla-t-elle. J'ai passé des nuits blanches sur ces tenues, et elles ont fini en confettis !
Sous un hoquet général, elle attaqua Rey avec son oreiller. Il peina à parer l'assaut, puis saisit un coussin et lui rendit la pareille.
— Oh ça va ! Je me suis mangé un crochet du droit de Caramel. Un œil au beurre noir et une lèvre fendillée des suites d'une morsure vicieuse, j'estime ma pénitence suffisante. Will m'a passé un savon.
Rudy se mordit l'intérieur des joues pour réprimer un sourire. Si Rey l'appelait Caramel, alors il n'était plus vraiment en colère. Dwayne cilla face au petit nom sucré. Timothy siffla, plus choqué d'apprendre que Rudy avait mis son poing dans la gueule de Rey que par les autres conséquences de cette histoire.
— Ma plastique impeccable est la seule défense que j'ai face au diable de créateur avec qui je travaille. Inutile de te faire un dessin, Baby-caramel. J'ai payé ma dette, affirma Rey avec suffisance.
Malgré le plaisir manifeste d'entendre son surnom chéri, Nola s'outra :
— T'as un culot, ça me tue ! J'ai jamais su ce que tu lui trouvais, dit-elle à Rudy.
— Je me le demande aussi, maugréa celui-ci.
— C'est lui qui te trouvait quelque chose, pas l'inverse, rappela Bill. Sa façon de s'excuser, de te courir après, de ramper pour que tu lui accordes ton attention, de prendre la mouche dès qu'on te contrariait...
Rey grommela quelque chose d'inintelligible, puis ses rougeurs sidérèrent l'assemblée. Hayden valida le propos de Bill.
— Je me souviens d'une soirée chez Ben, où il a débarqué juste pour Rudy. Ç'a duré quoi, cinq minutes ? Puis, Rudy est revenu à notre table de poker en le traitant de sale con.
— Des querelles d'amoureux, ça, renifla Nola.
— Qui t'auront valu ton stage chez « Maestro Malroy ». De quoi tu te plains ? balança son frère. Au fait, t'as fini de pleurer ?
— Pas grâce à toi !
Ils se lancèrent à nouveau dans une dispute de fratrie, chacun tapant sur les points faibles de l'autre alors qu'ils s'adoraient.
— Temps mort, on rembobine ! décréta soudain Junior. Revenons sur cette histoire de rendre justice.
Il reconstituait encore le puzzle. Il posa un regard curieux sur Timothy. Junior réalisait qu'il avait refusé de considérer un aspect flagrant de sa personnalité. Pour conforter Mir dans son désir, il avait nié une facette troublante de la psyché du grand métis.
— Si je comprends bien, Rudy se trouve en compagnie d'individus l'ayant agressé au cutter au lycée. Des copains de Timothy, blessé à sa place lors de ce guet-apens dont l'appât aurait été le portable de Marine, la copine du meilleur ami de Rudy, pas si « meilleur » que ça pour l'avoir lâchement abandonné en découvrant son homosexualité. Homosexualité alors « incertaine », car l'outing résultait du ragot de Sandy sur une info incorrecte, après un commérage vengeur de Nicolas. Et sorti de l'hôpital, Timothy aurait eu une révélation et se serait changé en Punisher, faisant sévir la justice dans le dos de notre blondinet, en matant ses détracteurs.
— Pas Punisher, Démon-gardien, lâcha Mir, docte.
Les autres se demandèrent comment il parvenait à suivre les méandres de l'esprit de Junior en restant zen. Ce dernier ravala son indignation. Bordel, de qui se fout-on ? Pas de lui. Les motivations de Timothy allaient au-delà de l'amitié et de l'altruisme. Il s'agissait d'un amour à sens unique, rendu encore plus frustrant par un « rival » de la trempe de T-eyes.
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HOT CHILI - saison 6 ✤ volume 1/2
Romansa. Pour le clan Leblanc, folie des grandeurs est raison. Est-ce acte de folie ou résolution raisonnable quand un Leblanc menace un empire de déclin ? Déterminé à exploiter la vulnérabilité de sa puissante famille qu'il juge coupable da...