VII 3 - Un monstre dans mon rêve

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Mon rêve du monstre aux trois apparences, c'était un grand rêve.

Les rêves, petits ou grands, peuvent généralement se distinguer en deux catégories : les beaux rêves et les cauchemars. Un cauchemar, c'est un rêve qui pourrait être beau s'il n'y avait pas un monstre en plein milieu.

Depuis quelques temps, la nuit, je me réveillais fréquemment avec un sentiment d'angoisse. Ça voulait dire que je venais de faire un cauchemar ; donc, qu'un monstre était venu se mettre dans mes rêves.

Souvent, le soir, en m'endormant, je me concentrais sur mon rêve de Camille pour essayer de le retrouver mais, chaque fois, je retombais dans le cauchemar qui me réveillait dans la nuit.

C'était toujours le même, toujours les mêmes images qui se succédaient dans le même ordre. J'avais beau le fuir à mon réveil, faire tout ce que je pouvais pour l'effacer de mon esprit, je finissais néanmoins par le connaître par cœur.

Ça commençait toujours pareil : c'était l'heure de la récréation et j'étais en plein milieu de l'école des garçons, à la recherche de mon amoureux. Autour de moi, je ne voyais que des garçons et aucune fille. Des filles, j'en entendais pourtant : des méchantes qui me traitaient de salope parce que j'étais la seule fille au milieu de tous les garçons. Ça, je m'en fichais.

Soudainement, je voyais Camille mais, au même instant, le monstre surgissait et se ruait sur moi (et les voix de filles se taisaient). C'est là que je me réveillais.

Moi, j'aurais voulu séparer le rêve du cauchemar. J'aurais voulu rêver de Camille tout seul et j'aurais voulu que ce fût un beau rêve. Moi, j'aurais voulu rêver d'un amoureux qui m'aurait défendue contre le monstre.

Ça ne se passa pas du tout comme j'aurais voulu.

Toutes les nuits, le rêve recommençait pareil : j'étais dans la cour de l'école des garçons, à la recherche de mon amoureux. Je n'entendais plus les insultes des méchantes ; on aurait dit qu'elles s'étaient tues parce qu'elles n'avaient pas été suivies par le nombre ; on aurait dit que le nombre de toutes les filles de Courbevoie était là, à me regarder, cachées dans un nuage (en haut à droite de mon rêve).

Bon, ça, je m'en fichais. Ce que je voulais, c'était trouver mon amoureux et pas le monstre. Pour attirer mon amoureux avant le monstre, je me montrais belle, mignonne, adorable, gentille ; je faisais chanter ma jolie voix. Rien n'y faisait. Dès que Camille apparaissait, le monstre, hideux et brutal, se jetait sur moi et essayait de m'entraîner de force avec lui. C'était à croire que le monstre était amoureux de moi.

N'importe quoi !

J'avais beau faire, j'obtenais exactement l'inverse de ce que j'aurais voulu : plus ça allait, plus le monstre prenait le devant de la scène au détriment de Camille dont l'image s'estompait au fil du temps.

J'en avais marre. Je n'avais plus envie de faire ce rêve. Il était nul.

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