« Allez ! la fête est finie. On rentre à la maison. »
Non, non, t'inquiète ! la fête n'était pas encore terminée. Cette sentence, je l'entendais dans ma tête avant qu'elle ne fût prononcée, en souvenir à de précédentes fêtes qu'elle avait subitement interrompues. J'en avais froid dans le dos. Même dans les films de l'époque, quand un homme en braquait un autre avec une arme à feu, il lui disait souvent : la fête est finie, pour impressionner le spectateur.
Non, cette fois, il y eut plus de nuance dans les propos, genre :
« T'as vu ? Y a des loubards.
- Des loubards dans Cesson ? C'est pas croyable ! On peut être tranquille nulle part.
- Bon, ben venez ! on rentre à la maison.
- Non ! j'veux pas rentrer à la maison. La fête est pas finie. J'veux encore rester au bal. »
Ces répliques furent dites, dans l'ordre, par Nani, Maman, Papa et moi.
« Mais si, tu vois bien, tout le monde s'en va. »
Là, je ne sais plus qui c'est qui a parlé. D'façon, ils étaient de mèche, tous les trois.
D'façon, c'était même pas vrai, tout le monde ne s'en allait pas. D'un coup, le bal s'était vidé de moitié - ok - mais l'autre moitié semblait disposée à rester. Moi, j'étais plutôt côté fait-tard. D'façon, tout le monde ne partait pas puisqu'au contraire, y en avait qui arrivaient tout juste, genre : les loubards.
Est-ce que ça se fait de quitter la fête parce que de nouveaux venus viennent se joindre à nous ? En voilà des manières ! Tout au contraire, si nous avions été sur le point de partir, n'aurait-il pas été courtois de rester encore un tout petit peu, pour leur faire honneur ?
« Et puis d'abord, qui c'est, ces loubards ? On les connait ? Pourquoi vous dites que c'est des loubards ? Qu'est-ce que c'est, des loubards ? Pourquoi faudrait qu'on s'en aille quand ys arrivent ? »
Plus je posais de questions, plus j'avais envie de rester, ne serait-ce que par curiosité.
Oh ! Derrière moi, j'en entendais des réponses, genre : « ils sont violents », « ça va dégénérer en bagarre »... Que des a priori.
À part que le bal s'était partiellement dépeuplé, je ne voyais rien ni personne de louche. Bizarre ! Bizarre !
« Qui c'est, ces loubards ? Où ys sont ? Pourquoi j'les vois pas ? »
En fin de compte, j'entendis avant de voir.
L'orchestre qui, jusqu'à présent, nous avait joué des valses, des tangos, des Ah ! Le petit vin blanc et autres chansons... bon enfant, se mit soudain à nous faire du rock n roll.
Yeah !
VOUS LISEZ
DATE ET LIEU DE NAISSANCE
Non-FictionPremière partie de : SEX AND DESTROY Un nouveau son rock ?