La voiture de mes parents était garée dans un box à quelques mètres en face de l'immeuble.
Personne n'y touchait. Papa allait travailler en train et Maman faisait les courses à pied.
J'aurais préféré qu'elle prît la voiture... ou qu'elle me laissât à la maison : pour faire les courses, il fallait aller loin et en se dépêchant. Maman marchait à grands pas et moi, avec mes petites jambes, j'étais obligée de courir pendant tout le trajet. Pour me forcer à la suivre, elle me serrait la main si fort qu'elle me faisait mal. Avec ça, pas question de parler ! Elle s'enfermait dans ses pensées et ne voulait être dérangée sous aucun prétexte.
Quand je voyais, dans les magasins, quelque chose qui me faisait envie, ma mère m'accusait d'avoir regardé autour de moi. Il fallait que j'apprisse à ne voir que ce que nous venions acheter, à savoir des poireaux et autres ingrédients attristants dont elle se servait pour fabriquer les soupes dégoûtantes qu'elle nous forçait à manger.
Par contre, le dimanche, quand nous étions invités à manger chez un tel ou un tel, nous prenions la voiture. En général, c'était Papa qui conduisait.
D'autres fois, plus rarement, Papa et Maman chargeaient la voiture de bagages et nous partions en vacances.
C'était bizarre, les vacances ; c'était grisant. J'entendais le moteur ronronner, nous nous installions dans la voiture et je me sentais toute envoûtée par l'ambiance de départ. De retour de vacances, quand je retrouvais ma rue, mon immeuble, le box de la voiture, je rapportais avec moi ce sentiment d'euphorie et il me semblait bien qu'il était resté présent en moi tout au long du séjour. On aurait dit qu'un petit génie sautait dans la voiture quand il nous voyait sur le départ et nous accompagnait partout en vacances. Ces vacances avaient quelque chose de merveilleux, de magique, de mystérieux.
Ah ! oui. Je me souviens aussi qu'un soir, nous avions pris la voiture pour faire une sortie dans Paris. Tu t'en fous ? Bon, ok ! j'enchaîne.
Ayant embarqué à bord de la Simca 1100 avec le génie des vacances, nous avions abouti à Cesson et, ça, c'était drôlement chouette.
Cesson, c'était une grande maison avec un grand jardin, des jouets, des balançoires, des vélos, de la gadoue et des animaux. C'est drôlement bien, la compagnie des animaux.
Dans ma chambre de Courbevoie, je n'étais pas seule, j'avais plein de peluches et de poupées mais c'est différent. Les peluches et les poupées, si on ne leur met pas la main derrière le dos, ils ne bougent pas et parlent peu, en général. Les animaux, quand on vient vers eux, ils s'envolent et se taisent mais leur mobilité est rigolote et ils sont pleins de surprises, comme ce papillon qui s'envola à mon approche et disparut ; j'entendis derrière mon dos comme des paroles indistinctes, je me retournai et je revis mon papillon qui s'envola de nouveau. Il jouait avec moi !
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DATE ET LIEU DE NAISSANCE
Non-FictionPremière partie de : SEX AND DESTROY Un nouveau son rock ?