IX 4 - Solitude et désarroi

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Bon, tant mieux, après tout ! Pas besoin de frapper - il aurait pu m'entendre ! - Pas besoin d'attendre que la porte s'ouvrît ; vite, je m'engouffrai dans l'appartement - bien à l'abri à la maison, ouf ! - et refermai la porte derrière moi.

Je voulus dire à ma mère :

« Pourquoi t'as laissé la porte ouverte ? Y a un méchant... »

mais je ne la vis pas, ni mon père, ni mon grand frère, ni ma grande sœur ; personne. J'avais tellement hâte de les trouver pour me délivrer de mon fardeau, me réfugier sous leur protection et entendre leurs paroles rassurantes ; que le cauchemar fût terminé !

Je ne voulus pas crier pour les appeler, il aurait pu m'entendre. J'aurais voulu me guider au son de leurs voix pour savoir dans quelle pièce ils étaient, puis les y rejoindre et leur dire à voix basse :

« Chut ! Taisez-vous ! " Il " va vous entendre. »

Hélas, moi-même, je n'entendis pas les éclats de voix habituels de ma famille. Rien du tout, on aurait dit que la maison était déserte, que j'étais toute seule et que, d'un instant à l'autre, il allait entrer dans l'appartement en traversant les murs et surgir devant moi. Je percevais déjà sa présence à proximité.

« C'est moi qui dois gagner. Sinon...

- Ça s'peut pas ! »

me dis-je pour tenter de mettre fin au cauchemar.

Du coup, ça me donna le courage d'avancer, de persister à chercher ma famille. Il fallait que je la trouvasse avant lui. Dans mon empressement, j'ouvris... la première porte qui se trouvait sur mon chemin... la porte des cabinets, donc... et trouvai ma mère dans son bain.

Quelle idiote ! Chercher les gens aux cabinets, ça ne se fait pas. Alors, voilà : elle allait me gronder, me dire de sortir et de l'attendre derrière la porte, sans écouter ce que j'avais à dire.

C'était grave, ce que j'avais à dire. Ne peut-on pas passer outre la pudeur quand c'est très grave ? Il... il... il... était là ! Il avait trouvé ma mère avant moi.

Le monstre se tenait debout derrière la baignoire, derrière la tête à ma mère (comme s'il avait voulu lui faire un shampooing). Je ne pouvais pas parler à ma mère sans qu'il entendît. Elle ne le voyait pas. Il allait la tuer et je ne pouvais pas la prévenir. Je n'étais même plus capable de parler sans bégayer et je m'attendais à ce qu'elle me grondât et me demandât de sortir, sans m'écouter.

Je détestais les cauchemars !

DATE ET LIEU DE NAISSANCEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant