Des fois, il y avait encore une parole ou deux qui sortaient de ma bouche... quelquefois, Nani me donnait encore une réponse ou deux... parfois, elle rallumait la lumière pour discuter encore un tout petit peu. Après, c'était tout. Il fallait être gentille avec Nani parce qu'elle était gentille.
« Nani !
- mmm ?
- Nan. C'était juste pour te demander : tu dors ?
- Qu'est-ce tu veux ?
- J'peux t'poser une question ?
- mmm.
- Comment ça se fait que, dans ta chambre, j'arrive pas à faire les mêmes rêves que dans ma chambre ?
- Ben... on fait les rêves qu'on fait. On choisit pas.
- Mais tu m'avais dit que si je me concentrais très fort sur quelque chose ou quelqu'un avant de m'endormir, j'arriverais à le voir en rêve.
- Ben... j't'ai proposé d'essayer mais j't'ai pas promis que ça marcherait. C'est difficile de diriger ses rêves. Si t'y arrives pas, laisse !
- J'ai pas dit que j'y arrivais pas.
- T'y arrives ?! »
Tandis que, jusque-là, Nani m'avait répondu d'une voix vaseuse, à moitié endormie, voilà qu'elle se dressa d'un bond sur cette dernière réplique.
Je craignis alors que mes paroles l'eussent réveillée pour des noix et tentai de tempérer :
« Ben... oui mais...
- C'est drôlement bien. Bravo ! C'est rare d'être capable de maîtriser ses rêves...
- J'maîtrise rien du tout ! D'abord, comment ça se fait que ça marche dans ma chambre et pas dans la tienne ?
- J'en sais rien mais, alors, pourquoi est-ce que tu préfères dormir dans ma chambre que dans la tienne ?
- Parce que c'est un cauchemar [...] Ça se passe toujours pareil : j'me concentre sur c'que j'ai envie de rêver : j'm'endors ; je rêve que je marche à la recherche de ce sur quoi je m'étais concentrée avant de dormir ; j'le trouve... et pof ! ça se transforme en cauchemar. On dirait que, le cauchemar, y vient exprès pour m'empêcher de maîtriser mes rêves. Alors, moi, j'm'étais dit : " j'm'en fiche, j'le f'rai dans la chambre à Nani " parce que, là, j'fais jamais de cauchemars. Seulement, dans ta chambre, le rêve, y vient pas du tout.
- C'est bien. C'que t'as réussi à faire, c'est bien d'jà. Y a pas beaucoup de gens qui y arrivent. Ce qu'il faudrait, maintenant, c'est arriver à comprendre comment ça se fait que ça tourne au cauchemar. »
Entre temps, Nani avait rallumé la lumière, s'était assise dans son lit en remontant son oreiller derrière le dos. Alors, moi, je m'assis dans mon lit et remontai mon oreiller derrière mon dos, comme Nani.
Je voulais bien que Nani m'aidât mais je ne voulais pas lui révéler le contenu de mon rêve. Nani voulait bien m'aider mais elle n'arrivait à rien avec les vagues indices que je lui donnais. Du coup, je devins plus précise... et plus encore... genre :
« Tu te rappelles de Camille, le garçon aux cheveux blonds et bouclés qui était dans ma classe, en maternelle ? »
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DATE ET LIEU DE NAISSANCE
Non-FictionPremière partie de : SEX AND DESTROY Un nouveau son rock ?