Françoise et moi avions la chance d'avoir des grands frères et des grandes sœurs super géniaux. Chacune des rencontres qu'ils organisaient pour nous était encore mieux que la précédente. Mieux qu'une après-midi dans la forêt de Fontainebleau ou au cinéma, était-ce possible ? Eh ben oui !
Catherine et Bernard nous invitèrent à une veillée dans leur sous-sol ; en d'autres termes, à venir faire la fête chez eux le soir et à danser. À première vue, ça s'annonçait donc comme les fêtes des parents - ce qui, en soi, aurait été drôlement chouette - mais sans les parents ; que les enfants. Et c'est pas tout. Tiens-toi bien ! Catherine et Bernard nous invitaient à une soirée... rock n roll !!!
Comme toujours, il fallut d'abord se heurter aux réticences de ma mère, genre :
« Ben ! pourquoi ys veulent faire ça en soirée ? Vous pouvez pas vous réunir pendant la journée, non ? Qu'est-ce qui leur est passé par la tête, à vouloir entraîner les petites jusqu'à des heures pas possible ?!... »
Et ça, c'est quand la notion de rock n roll (ultime débauche) n'avait pas encore été mentionnée.
« rock n roll ?! »
À la manière dont ma mère ouvrit de grands yeux ronds en regardant simultanément Caki et Nani, elle avait l'air de se demander si les grands n'étaient pas tous tombés sur la tête. Une soirée rock n roll ? M'enfin ! même sans les petites, c'était interdit.
« Pfff »
fit Caki en haussant les épaules et levant les yeux au ciel ; mime que Nani traduisit en paroles :
« Bah, t'inquiète pas, Maman ! Tu sais, Catherine et Bernard, c'est pas des rockers. Ys ont dit ça pour rire. De toute façon, leur mère est d'accord...
- Èe s'ra là, leur mère ?
- Oui, èe s'ra à l'étage.
- Et ys ont invité des loubards ??
- Mais non, Maman. Y aura que nous quatre et les deux p'tites.
- Bon, ben on verra ce soir avec Papa s'il est d'accord. »
Cela me parut presque irréel quand, le soir, après manger, Caki, Nani et moi quittâmes la maison sans les parents ; que les enfants. C'était tellement bizarre de marcher au milieu de Caki et Nani dans la rue - cette rue que je connaissais bien : c'était le chemin qui menait chez ma copine - éclairée par un soleil bas, dans le calme et la douceur du soir... pour aller faire la fête et danser avec ma copine et avec son grand frère et sa grande sœur qui étaient copains avec mon grand frère et ma grande sœur.
Quand le portail de chez Françoise fut à portée de vue - ce portail derrière lequel je passais tant d'après-midi de vacances à jouer avec la seule amie que j'avais jamais eue - je le pointai du doigt en m'exclamant :
« C'est là ! »
Caki et Nani savaient bien que c'était là, je savais qu'ils le savaient mais... comme ça... fallait que ça sorte.
Comme convenu, nous fûmes reçus dans le sous-sol. Tandis que les grands se faisaient la bise pour se dire bonjour, Françoise, que j'avais laissée une heure plus tôt, me regarda fixement, le sourire jusqu'aux oreilles, en faisant des hi ! hi ! et en battant des mains, excitée comme une puce.
Que la fête commence !
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DATE ET LIEU DE NAISSANCE
Non-FictionPremière partie de : SEX AND DESTROY Un nouveau son rock ?