VIII 1 - Comment s'ouvre un bal

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Le 14 juillet au soir, un bal eut lieu à Cesson-la-Forêt.

Je n'étais jamais allée dans un bal parce que c'était pour les grands mais là, comme c'était à Cesson, ce n'était pas pareil : un bal chez les bouseux, ça ne pouvait pas être bien méchant. Du coup, mes parents voulurent bien m'y emmener.

Nous y allâmes à pied. Ce fut l'occasion d'une petite ballade dans les Castors après le repas du soir. Maman aimait bien les petites ballades. Il y avait mon père, ma mère, ma grande sœur et moi. Mon grand frère n'était pas avec nous : il était en vacances en Allemagne.

Moi, je n'aimais pas les ballades - qui n'étaient jamais petites à mon goût - et puis j'avais hâte d'arriver, de découvrir à quoi pouvaient bien ressembler ces fameux bals, dans lesquels je n'étais encore jamais allée parce que c'était pour les grands.

Arrivant sur la place de Cesson-la-Forêt, je vis un orchestre sur une estrade... et c'était tout. Des gens étaient debout, en demi-cercle, autour d'un grand espace vide. Le grand espace vide était devant l'orchestre.

Papa, Maman, Nani et moi nous mêlâmes aux gens qui étaient présents et nous tinrent debout devant le grand espace vide. Au son de la musique, je balayai du regard le demi-cercle que nous formions. Tout le monde se regardait plus ou moins. Tout le monde semblait attendre. Cela me parut une bien drôle de messe.

« Qu'est-ce qu'y faut qu'on fasse, maintenant ? »

demandai-je à Nani.

Elle m'expliqua que le grand espace vide, c'était la piste de danse.

Aucun trait n'avait été tracé au sol pour délimiter une quelconque piste de danse. Sa présence n'était matérialisée que par le demi-cercle humain qui l'entourait. Bizarre !

« Combien de temps faut qu'on reste là à faire la piste ? Pourquoi y a personne qui danse ? »

Les réponses de Nani à mes questions étaient genre :

« Ben... attends ! »

En face de moi, une grosse dame me regarda en souriant. Avait-elle comprit mes interrogations ? Elle prit la main du monsieur qui était à ses côtés, l'entraîna au milieu de notre cercle et ouvrit la danse. Deux ou trois autres couples suivirent.

C'était parti. On dansa, on s'amusa, on rigola bien ; le tout dans une ambiance du genre de ce que la génération de mes parents se plaisait à qualifier de bon enfant.

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