Chapter 87: La Pierre

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Le lendemain matin, les intempéries paraissaient avoir gagné en rage : le ciel était plus noir que jamais, le vent hurlait comme si on lui avait infligé les tortures les plus atroces et la pluie avec une violence telle que Harry vint à se demander si les fenêtres de son manoir tiendraient le coup. A la différence de la veille, s'ajoutèrent tonnerre et éclairs. Au-delà de l'enceinte de la propriété, les arbres du Bois Maudit se balançaient, leur feuillage secoué en tous sens comme si une main immense les avait ébouriffés. Cependant, quelque chose intriguait Harry : c'était le deuxième jour consécutif que La Gazette du sorcier se trompait dans ses prévisions météorologiques - ce qu'elle n'avait encore jamais fait, de mémoire -, mais c'était surtout l'étrange sensation qui s'emparait de lui dès que ses yeux se levaient vers le ciel d'un noir d'encre. Il ne parvenait pas à mettre un nom dessus, mais il avait l'horrible impression que ce temps n'était pas naturel, comme si une puissante magie se dissimulait à l'intérieur même des nuages.

Il passa un long moment à observer la voûte céleste à son retour de la salle de bains. Deadheart s'était réveillée bien avant lui, car elle était déjà lavée et habillée quand lui-même avait émergé de son sommeil. Ce fut justement elle qui parvint à détourner son attention des intempéries, les parfums du petit déjeuner qu'elle préparait montant depuis le rez-de-chaussée pour venir enivrer ses narines et le faire saliver. Certaines odeurs lui étaient inconnues, mais il reconnut sans peine le lard frémissant dans la poêle, les toasts grillés et le pain perdu.

Lorsqu'il descendit dans la cuisine, la magnifique Serpentard parcourait La Gazette du sorcier, un pli entre les sourcils. Dans une poêle, des saucisses grillaient paisiblement, mais le reste du petit déjeuner se trouvait déjà sur la table. Harry passa derrière Deadheart pour lui ébouriffer sa longue tignasse noire et brillante, s'attirant un petit regard faussement méchant de la belle jeune femme, et s'assit à côté d'elle.

− Mauvaises nouvelles ? demanda-t-il en remplissant son assiette.

− La météo a fait de sacrés ravages, hier, répondit Deadheart. Chez les Moldus comme chez nous. Un arbre est tombé sur la maison d'une sorcière, la tuant au passage quand le toit s'est effondré sur elle. Un sorcier est mort à cause d'un panneau publicitaire que le vent avait arraché du sol, dans le Kent, non loin d'une inondation dont un petit garçon a été victime, ses parents étant au travail... Il y a eu trois autres meurtres de sorciers par des Moldus, en plus... Bien dormi, sinon ?

− Comme un loir, et toi ?

− Pas assez. La potion d'Introspection s'est terminée vers minuit et j'ai eu du mal à trouver le sommeil à force de cogiter sur ce que j'ai vu. En tout cas, c'est vraiment une expérience unique ! Je la referai bien pour visiter les salles que je n'ai pas eues le temps de découvrir.

− Sais-tu au moins ce qui te motive ?

− L'amitié, dit Deadheart. Au test final, j'ai réussi à déverrouiller les portes de nos cellules alors qu'un groupe de Mangemorts venait nous chercher pour nous exterminer. Tu crois que ça a une signification particulière ? Que tu utilises un certain sortilège pendant l'ultime épreuve, je veux dire.

− Aucune, assura Harry. Tu lances le sortilège qui s'inscrit instinctivement dans ton esprit selon ta situation. Il te fallait un Alohomora général pour nous sauver, tout comme il me fallait l'Onde pour me libérer du serpent qui menaçait de m'étouffer dans ses anneaux. Ce qu'il faut que tu gardes toujours en tête, c'est le sentiment que cette amitié t'inspire pour faire appel à ta magie interne. Après, à mesure que tu t'habitueras à jeter quelques sortilèges de magie corporelle, ton besoin de te concentrer durera de moins en moins longtemps, jusqu'à devenir immédiat.

D'un petit geste du doigt, il fit léviter le pichet de jus de citrouille pour remplir les deux verres.

− Tu pourrais me faire une liste des défis lancés par Tumter, non ? suggéra Deadheart.

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