Chapter 109: A la guerre !

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Harry poussa un profond soupir de contentement en se glissant dans son bain, sentant presque aussitôt son corps se relaxer comme jamais. Toute la semaine qui avait succédé à la dernière réunion, le Gryffondor avait redoublé d'efforts jusqu'à mener son corps à bout. C'était, en effet, les bras ballants et les pieds traînants qu'il avait péniblement rejoint son lit, la veille, et son état d'épuisement avait été tel qu'il n'avait même pas eu le temps d'enfiler son pyjama avant de s'endormir. Aussi estima-t-il, à raison, que cette journée devait être consacrée à un repos plus que mérité. Le Reflet ne l'avait pas épargné au cours des sept derniers jours, rehaussant le niveau des illusions en fonction des progrès de Harry, qui avait profité des pauses pour monter à la bibliothèque du troisième étage afin d'acquérir davantage de connaissances – et il avait bien fait.

Les bras écartés sur le rebord de la baignoire, Harry ferma les yeux en se laissant enivrer par les parfums qui s'élevaient de l'eau chaude et de la mousse. Les livres hérités de Grinval l'avaient franchement impressionné, pas seulement à cause de tout le panel de sortilèges étonnants qu'ils renfermaient, mais aussi parce qu'ils apportaient des explications, des avertissements et des contre-usages permettant une manipulation parfaite – si tant est que l'on respecte les écrits. Le Maudit en avait rédigé une petite partie, mais c'étaient d'illustres auteurs qui avaient écrit ceux où Harry avait puisé la sérénité qu'il ressentait lorsque la reconquête de Poudlard s'immisçait dans son esprit.

− Ce n'est pas comme si je n'avais rien pour combattre, se dit-il tout haut.

Il y avait bien longtemps, mais presque aussitôt qu'il tenta de s'en convaincre, la voix de Brighton résonna à son esprit – et Harry, malgré les nombreux mois passés, eut l'impression de revenir sur le petit îlot du vieil homme, à boire un thé dans cette grande étendue d'herbes sauvages que son défunt mentor aimait appeler « son jardin ».

− Si je devais vous donner une devise... non, une philosophie de vie à adopter, fils, nous pourrions la résumer ainsi : « Une survie vaut mieux que combattre pour mourir », lui avait-il dit.

− Donc... Il vaut mieux éviter le combat ?

− Pensez-vous qu'il soit possible de survivre sans combattre ? avait demandé Brighton avec son ton le plus malicieux. Une plante, un être humain, un animal, un insecte, un microbe, partagent tous une chose en commun : survivre, ce qui implique de mener nombre de combats. Les Moldus comme les sorciers se battent pour avoir un travail, une jeune femme luttera pour que le charmant garçon qui lui plaît finisse par lui tomber dans les bras, un mari mènera maints combats pour que son couple soit durable et quelqu'un comme Dumbledore, dans sa jeunesse, dut combattre pour devenir le directeur de Poudlard – combattre, puisque j'en parle, ne signifie pas forcément verser le sang de son ennemi, mais de surmonter l'adversité, quelle que soit son apparence.

Harry l'avait bien compris le jour même, mais alors qu'il rouvrait les yeux et fixait le plafond de la salle de bains, il eut un doute. A l'époque, il était un élève docile, incertain, cherchant sa voie dans ce nouveau présent – mais à présent ? Il avait bien conscience de ce que son vieux mentor cherchait à lui inculquer, mais en était-il toujours de même ? Bien sûr, il voulait faire partie des survivants à la reconquête de Poudlard, même s'il lui fallait poursuivre la guerre dans le cas où Lord Voldemort et Malphas réussiraient à s'en tirer... Mais aujourd'hui, il était autonome : certaines règles lui avaient été enseignées à travers sa propre expérience, ses propres déboires et sa propre analyse des évènements.

Ce n'était plus la question de savoir s'il survivrait, aujourd'hui, mais plutôt d'estimer les chances pour qu'ils survivent. Ses objectifs avaient changé à mesure qu'il s'attachait à ses camarades de classe. Il n'avait jamais oublié la décision prise lors des premiers jours passés dans cette nouvelle vie : sauver le plus de monde possible, voire même tous... Mais était-ce seulement faisable ? Comme il l'avait souligné à plusieurs reprises à ses amis, la réalité était bien plus terrifiante, tragique, ingérable et mortelle que les simulations qu'ils avaient eues en cours de défense contre les forces du Mal. Si quelqu'un était touché, il n'y aurait pas de retour en classe et le professeur Farewell n'attribuerait pas des points pour récompenser les meilleurs.

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