Chapter 72: Au pays des désirs

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Le lendemain matin, Harry se réveilla plus tôt que tout le monde. Les Maraudeurs dormaient toujours lorsqu'il quitta leur dortoir, lavé et habillé, et descendit l'escalier menant à la salle commune de Gryffondor, silencieuse et éclairée d'un soleil froid qui semblait avoir réussi repousser les nuages vers le sud. Harry traversa la pièce ronde, passa par le trou aménagé dans le mur et franchit le portrait de la Grosse Dame encore ensommeillée. Pendant la nuit, les mêmes sujets avaient occupé son sommeil : d'une part, la coupe de Poufsouffle, et d'autre part, la potion inventée par Tumter.

La coupe de Poufsouffle était le dernier Horcruxe, Harry l'avait clairement entendu dans l'esprit de Voldemort quand il s'était endormi à bord du Poudlard Express – il ne serait même pas surpris que le Seigneur des Ténèbres ait eu dans l'idée de créer son septième Horcruxe après l'avoir assassiné. Néanmoins, Harry ne sous-estimait pas le Lord noir : si celui-ci s'était mis en tête de créer son septième Horcruxe, alors il le ferait rapidement, et Harry, conscient que son occlumancie pourrait lui faire rater une information importante sur la coupe comme sur ce tout dernier, ultime morceau d'âme, baissait régulièrement ses défenses mentales pour essayer de capter une moindre émotion qui ne lui appartiendrait pas. Il connaissait Voldemort, il savait que le mage noir jubilerait une fois qu'il aurait accompli son but – et c'était précisément cette émotion qu'il cherchait à percevoir, car il pourrait se fondre dans l'esprit du Seigneur des Ténèbres et voir à quoi ressemblerait ce dernier Horcruxe.

Quant à la potion inventée par Tumter, baptisée « la Pitchoun » par Moira, Harry n'avait pas très bien dormi à chaque fois que celle-ci était apparue dans ses rêves. Même si ce n'était pas réel, il redoutait que Deadheart fasse son apparition, car même si elle lui permettrait de s'entraîner à confier quelques secrets, il appréhendait plus que tout les possibles réactions qu'elle pourrait avoir. Il avait beau se répéter qu'elle réagirait forcément comme il en aurait envie – après tout, c'était un monde basé sur ses désirs –, il craignait qu'elle prenne peur.

Descendant le Grand Escalier de penser à autre chose, Harry remarqua un papier de bonbon abandonné sur une marche et pointa sa baguette dessus pour le faire disparaître. Dumbledore n'avait toujours pas trouvé de nouveau concierge, à croire que le poste commençait à être aussi maudit que celui du professeur Farewell. Les professeurs avaient cependant réfléchi à une alternative : les élèves en retenue nettoieraient le château, mais il fallait rendre à Rusard et à Davenport tout leur mérite, car même en étant Cracmols, ils avaient toujours été plus efficaces.

Harry s'engagea au deuxième étage, parcourant les couloirs en tripotant le médaillon de Serpentard glissé dans la poche de son uniforme. Atteignant le couloir menant au bureau directorial, il le remonta jusqu'à la gargouille : il eut à peine le temps de la rejoindre, toutefois, car elle s'anima et s'écarta pour céder le passage à Dumbledore.

− Vous êtes bien matinal, Harry, commenta celui-ci.

− Je me suis dis que c'était le meilleur moment de la journée pour vous parler, monsieur, dit le Gryffondor.

Sortant le médaillon de Serpentard de sa poche, il le tendit au directeur qui l'examina.

− Nous devrions retourner dans mon bureau, annonça-t-il alors.

Et tournant les talons, il s'avança jusqu'à la hideuse gargouille, qui s'anima sans qu'il eut prononcé le moindre mot. Suivant Dumbledore, Harry passa par l'ouverture créée par le coulissement du mur situé derrière la statue et posa le pied sur la troisième marche de l'escalier en colimaçon qui les entraîna vers la double porte du bureau du directeur. Ils y entrèrent en silence, comme s'ils avaient respecté le sommeil apparent des portraits suspendus au mur circulaire et celui, certainement plus sincère, de Fumseck, posé sur son perchoir d'or.

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