Chapter 62: Havre de sécurité

461 29 1
                                    

Le lendemain matin, Harry prit quelques minutes pour se lever. La soirée passée avec Deadheart, sans qu'il ne puisse rencontrer ses parents, ne s'était pas trop mal déroulée. Ils avaient essentiellement parlé de Poudlard, de la longue amitié de la magnifique Serpentard d'avec Bowman, qui s'étaient rencontrées chez « la vieille Martha » - une sorcière décédée depuis quelques années, mais qui avait été la nourrice d'un grand nombre d'enfants sorciers –, puis ils étaient passés aux projets professionnels de Deadheart, encore indécise mais ne doutant pas exercer un métier au sein du ministère de la Magie. Incidemment, ils en étaient venus à parler de Harry lui-même, et de son passé mystérieux que même la Solution de Mnémosyne n'avait pas permis de révéler à Gamp. Le Gryffondor ne s'était pas montré aussi disposé que la Serpentard à répondre aux questions, éludant parfois, mentant carrément à d'autres occasions, mais si Deadheart devina son manque d'honnêteté, elle n'en montra rien. Puis ils étaient allés se coucher, épuisés par le voyage à bord du Poudlard Express.

Lorsqu'il consentit enfin à descendre, il trouva l'une des portes du couloir du rez-de-chaussée ouverte et jeta à l'intérieur un coup d'œil : une cuisine spacieuse où Deadheart prenait déjà son petit déjeuner, parcourant avec un froncement de sourcils La Gazette du sorcier.

− Salut, dit Harry en entrant.

− Salut, répondit la Serpentard d'une voix distraite. Sers-toi, ma mère a mis les bouchées doubles. Et tu as reçu une lettre.

Harry arqua un sourcil au moment il tendait la main vers un petit pain. Remarquant ladite lettre, il la saisit tout d'abord et jeta un œil à l'adresse, signalant bien qu'il se trouvait chez les Deadheart, mais l'écriture droite, serrée et pleine de boucles lui était totalement inconnue. Ouvrant l'enveloppe, il en sortit un parchemin et un autre, plus petit et cartonné, que la main ayant inscrit l'adresse avait également rédigé :

Pieds en neige et yeux au ciel,

Articule et couvre-toi bien.

Proprement intrigué, Harry déplia alors le parchemin et haussa très haut les sourcils : la lettre avait été rédigée dans un alphabet étrange, crochu et pointu, qui fut tout d'abord incompréhensible. Mais lorsqu'un soupçon glissa furtivement dans son esprit, les étranges symboles se modifièrent – crochets, traits et pointes se réorganisèrent en lettres parfaitement modernes, mais seulement à l'œil gauche de Harry, car le droit distinguait toujours l'alphabet indéchiffrable. Et il comprit : il devait s'agir d'un ancien dialecte des Anciens Temps, ou tout au moins que l'œil d'Astaroth était capable de comprendre. Si les mots étaient à présents prononçables, ils n'avaient toutefois aucun sens, tout comme ceux formulant l'incantation qui avait permis à Harry de découvrir le premier chapitre du livre de Leandros et de rencontrer Beherit.

Harry jeta un regard par la fenêtre de la cuisine, qui donnait du côté du portail. La tempête de neige avait cessé dans la nuit, mais elle avait déposé un tel manteau blanc, à l'extérieur, qu'il lui faudrait au moins des bottes pour ne pas se geler les pieds quand il sortirait. Le reste du petit déjeuner, il le passa à remuer les lèvres en lisant toute la longue série de mots, traduite phonétiquement. Certains étaient les mêmes que dans l'incantation permettant le voyage jusqu'au palais de Beherit, il n'eut donc aucun mal à se souvenir de leur prononciation, mais d'autres lui posèrent bien plus de problèmes – et il songea qu'à son prochain passage dans les Anciens Temps, il ferait mieux de demander quelques cours, car jusqu'à présent, il avait parlé les langues des Anciens Temps comme s'il parlait anglais.

Après le petit déjeuner au cours duquel ils ne parlèrent pas beaucoup, Deadheart entraîna Harry dans le bureau du rez-de-chaussée, où tout un mur était occupé par une tapisserie nettement plus grande que celle des Black. Au sommet de l'arbre généalogique, deux frères, Julius et Ignatius, et leur sœur, Charisma, la seule à ne jamais avoir eu d'enfant. Ici et là, des petits trous noircis causés par des baguettes avaient effacé les prénoms des reniés, mais Harry remarqua que cette tendance avait disparu au cours des deux derniers siècles – tout comme il constata que le fils de Selena, fille d'Aliénor et reliée à double trait d'or à Richard Walsh, avait été enlevé de la tapisserie, car Cracmol. Un grand nombre de noms lui étaient familiers, depuis les Finnigan jusqu'aux Macmillan, aux Gaunt et aux Croupton.

les reliques des ainesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant