Chapter 76: Tête-à-tête

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Il était étrange de constater l'impact que pouvaient avoir les sentiments, songea Harry. Il ne s'était pas cassé la tête pour s'habiller lors du bal de Halloween, mais à présent que Deadheart lui plaisait, il se révéla plus soucieux et critique lorsqu'il se prépara pour le bal de la Saint-Valentin. Il ne chercha même pas à coiffer ses cheveux : les années passées l'avaient depuis longtemps convaincu que c'était une perte de temps – mais il essaya toutefois de se rendre aussi présentable que possible, vérifiant que sa robe de bal n'affichait aucun pli, aucune tache. C'était à peu près tout ce qu'il pouvait faire, même s'il s'attendait à être vertement moqué ou insulté par les soupirants de la magnifique Serpentard.

Jetant un dernier regard las à sa tignasse indomptable, Harry sortit de la salle de bains et traversa son dortoir en se perdant dans ses pensées, comme à son habitude. La fête d'anniversaires avait duré jusqu'aux toutes dernières minutes de la sortie à Pré-au-Lard, Moira ayant apparemment eu énormément de choses à beaucoup de monde, et depuis qu'il était retour à Poudlard, il ne pouvait s'empêcher de ressasser sa discussion avec Tumter. Selon lui, le dernier des Aînés ne tarderait pas à se libérer – peut-être Malphas avait-il brisé sa prison pendant la fête, ou alors quand Harry et ses amies revenaient du village sorcier… Comment le massalien savait-il ça, d'ailleurs ? Une très intéressante question, mais Harry la chassa quasi-instantanément : s'il commençait à s'interroger sur Tumter, des dizaines d'autres interrogations risqueraient de réapparaître dans son cerveau. Néanmoins, si Malphas était sur le point de s'échapper de sa prison, les choses ne tarderaient pas à se gâter, pensa-t-il en soupirant.

Harry retrouva ses amies et Remus dans la salle commune de Gryffondor, James, Sirius et Pettigrow semblant être déjà descendus dans le hall. Dès qu'elle l'aperçut, Lily tira de son sac à main une plume à Encre intégrée, les yeux plissés dans une attitude menaçante. Harry mit quelques secondes à comprendre ce qu'elle attendait, mais il finit par se remémorer l'histoire du cœur-messager à envoyer à Deadheart lorsque l'une des notes rose pâle plana juste au-dessus de la préfète-en-chef pour se diriger vers une sixième année.

− Tu ne croyais quand même pas que nous allions oublier, dit Liz d'un ton goguenard.

− Non… c'est plutôt moi qui avais oublié, en réalité, avoua Harry en s'asseyant.

S'emparant de la plume et d'un petit cœur, il réfléchit rapidement et écrivit la première chose qui lui passa par la tête : Une bonne Saint-Valentin à une personne de confiance. C'était nul, se dit-il, mais les filles parurent bien plus satisfaites que lui. Harry lâcha le cœur, qui papillonna aussitôt vers le trou aménagé dans le mur.

− Allons-y ! dit Mary d'un ton enthousiaste. J'ai hâte de découvrir ce que Pitchoun a préparé !

Dès leur retour à l'école, Moira s'était en effet enfermée dans la Grande Salle en compagnie de Dumbledore et des professeurs Flitwick, McGonagall, Chourave et Slughorn, ce qui annonçait quelque chose de grandiose, car il paraissait peu probable que les directeurs et les directrices des maisons aient été invités pour rien : chacun devait avoir un rôle particulier, même si Harry était moins affirmatif en ce qui concernait le maître des potions. Sans un doute possible, toutefois, les trois autres apporteraient les sortilèges, les métamorphoses et les plantes nécessaires au décor.

− Il va être intéressant de faire le bilan de la soirée, commenta Mary pour elle-même. Chaque année à la Saint-Valentin, il y autant de ruptures que de couples qui se forment, mais ce que tout le monde attend surtout, c'est de voir comment Deadheart va se comporter !

− Pourquoi elle se comporterait différemment que les autres jours ? demanda Harry, vaguement surpris.

− Tu sais que tu es un peu idiot, des fois ? dit la blonde d'un air désabusé. Tout le monde sait que tu es derrière le changement qui s'est opéré chez Deadheart, ce que chacun et chacune interprètent à sa manière, mais personne n'ignore non plus qu'elle a une réelle sympathie pour toi : contrairement à toi, les prétendants qu'elle avait rayés de son « carnet d'adresses » n'ont pas eu la chance de se réconcilier avec elle.

les reliques des ainesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant