Chapter 39: Mnémosyne

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A mesure que le bal approchait, la méfiance de Harry s'accentuait. De par son expérience personnelle, il savait que la nuit de Halloween était source d'évènements particuliers : l'assassinat de parents, l'intrusion d'un troll, un message annonçant le retour de l'héritier de Serpentard, le vandalisme d'un portrait, une participation surprise au Tournoi des Trois Sorciers -Halloween ne manquait jamais d'offrir son lot d'aventures improbables. Malgré son scepticisme quant à un bal calme et sans histoire, il espérait sincèrement que le seul évènement notable serait son bras autour de celui de Deadheart. La plus impatiente d'assister à un tel spectacle était indéniablement Moira, qui harcelait Harry pour faire des paris de plus en plus saugrenus, comme embrasser la sublime Serpentard, faire une photo avec elle où ils feraient semblant de vomir, où ils s'enverraient en l'air, où Harry libérerait « par accident » la poitrine de Deadheart pendant une danse, etc. Si « Pitchoun » ne manquait pas d'imagination pour les paris, ils étaient rarement innocents et situés au-dessus de la ceinture de Harry.

Toutefois, les pensées de Harry allaient -cette fois encore - dans une toute autre direction : son plan pour que Trevor Pullman révèle le véritable rituel à suivre afin d'accéder à la salle merveilleuse, si tant est, comme l'avait dit Bowman, qu'il le connaisse. Et à cette occasion, le Maudit à l'aider n'était pas Grinval, mais le vénérable - et étonnant - Acrofe Manings.

Le dieu qui voulait se faire passer pour un sorcier n'était pas un simple éloge à Manings, il s'agissait surtout d'une déclaration d'amour, d'émerveillement, de passion, de fascination, d'admiration. Lucretia et ses amies, les camarades de Howard Lancaster, étaient parvenues à transmettre toutes les émotions que leur inspirait Manings : chacune des pages semblait avoir été écrite avec un enthousiasme sincère, une joie entière, une excitation totale, et c'était d'autant plus vrai lorsque les jeunes femmes abordaient les anecdotes « croustillantes ». Même si Harry ne raffolait pas de ces potins, certains l'avaient franchement bluffé. Toutefois, le plus admirable demeurait toutes les inventions de Manings - dont une qui, justement, aurait son rôle à jouer pour obtenir le véritable rituel.

L'Elixir glacé n'était pas une potion, ni basique ni alchimiste : il s'agissait tout simplement d'une boisson qu'il valait mieux consommer avec modération, car alcoolisée. Selon Gwyneth, l'une des amies de Lucretia, « l'Elixir glacé, même sans être un breuvage magique, possède des pouvoirs particuliers : en plus de vous rafraîchir de la tête aux pieds à chaque gorgée, il vous fera oublier toute votre soirée si vous en buvez plus de trois verres ! A consommer avec retenue ! » Les anecdotes ne manquaient pas pour illustrer la violence de l'Elixir glacé - dont certains noms familiers avaient été des consommateurs plus ou moins modérés -, mais Harry s'était uniquement intéressé à la recette, mystérieusement obtenue par les auteures qui ne manquaient pas de s'en vanter.

Réunir les ingrédients serait une tâche facile, à deux exceptions près : Harry, en effet, doutait franchement que quelqu'un puisse lui fournir rapidement un demi-litre de « vin des glaces » et quatre fruits de « ménades », l'une des « plantes aux propriétés les plus insoupçonnables, mais dont Acrofe connaît tous les secrets. »

− Professeur ?!

Harry allongea le pas alors que le professeur Chourave - son unique et ultime espoir -se retournait, surprise, à l'instant même où elle franchissait les immenses portes du hall d'entrée pour rejoindre les serres.

− Que puis-je pour vous, Potter ? demanda-t-elle.

− J'aurais souhaité savoir si vous saviez où je pouvais me procurer une ménade, professeur, avoua Harry.

− Une ménade ? s'étonna le professeur Chourave.

A l'évidence, la question de Harry avait piqué sa curiosité.

les reliques des ainesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant