Chapter 16: Locataire clandestin

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La Sensibimancie est une étonnante magie que j'ai « découverte » (peut-être d'autres l'avaient-ils fait avant moi) par le plus pur des hasards. Quand j'avais quinze ans, la mode des élèves de septième année était d'essayer d'apprendre l'occlumancie en un temps record. Concours remporté haut-la-main par Malicia Malefoy, en deux semaines et cinq jours. Cette anecdote pourrait n'avoir aucun intérêt, mais elle en a pourtant un : car à force de jérémiades de mes aînés qui affirmaient que cette discipline était extrêmement complexe, j'ai décidé de me jeter à l'eau et d'étudier la fermeture de l'esprit.

Bien évidemment, je ne vis aucun intérêt à apprendre l'occlumancie telle qu'elle était définie par les livres de centaines d'auteurs convaincus de détenir la technique absolue, alors j'en inventai une alternative qui consistait non pas à fermer son esprit, mais à l'organiser. Cet apprentissage se compose de trois étapes. La première vous demande de focaliser toutes vos pensées sur un seul souvenir et à le modifier petit à petit : changer la forme des verres, faire dire autre chose à quelqu'un, changer la couleur de sa robe de sorcier, vous faire apparaître grand si vous êtes petit ou mince si vous êtes gros, etc. La seconde, plus facile, consiste à empêcher des souvenirs liés à une question posée de rejoindre la surface de votre mémoire - n'essayez pas de réussir, je crois que c'est quasi-impossible ! Cette deuxième étape consiste simplement à exercer votre esprit à améliorer sa vivacité et à mieux appréhender la troisième étape, censée être la plus simple si vous avez sérieusement travaillé les précédentes. Il s'agit, pour ce troisième exercice, de désigner des souvenirs « d'attente » : définissez des familles de questions - famille, passé, activités, ambitions, etc. - puis choisissez un souvenir relativement neutre à mettre en avant. Vous pourrez ainsi confronter cette image à un legilimens et, en arrière-plan, mettre la main sur le souvenir que vous aurez envie de montrer après l'avoir modifié. C'est simple, mais ça demande quand même de l'entraînement.

Une fois ma technique mise au point et maîtrisée, je me suis alors rendu compte que je ressentais mieux toutes les choses qui m'entouraient, comme si mon esprit avait débordé de mon corps pour flotter autour de moi. Je me suis retrouvé à sentir les sortilèges qui me prenaient pour cible quand je tournais le dos à une crapule désireuse de me neutraliser pour m'empêcher d'affronter mon futur adversaire. Non seulement je les sentais, mais il m'est aussi arrivé d'en deviner la trajectoire précise. Je savais si je devais me retourner en faisant un pas sur la droite ou sur la gauche ou si je devais carrément me baisser.

Cette faculté, que j'ai appelée « Sensibimancie », ne propose rien d'autre que d'ouvrir votre esprit, mais je ne me suis pas davantage penché sur son exploration. Libre à vous de découvrir, donc, si elle offre d'autres atouts.

Si vous souhaitez des exercices pour ma méthode d'« organisation de l'esprit », j'ai profité de la petitesse de ce chapitre pour en fournir juste après ce paragraphe. Un conseil quand même : si vous avez l'impression de ne pas progresser, demandez d'abord à un legilimens de vous le confirmer.

Cinq jours avaient passé depuis que Harry s'était installé dans la Salle sur Demande. L'appartement offert par la Salle était assez spacieux pour qu'il puisse s'y sentir à son aise, mais le temps lui paraissait horriblement long. Il avait beau fournir tous les efforts possibles pour s'occuper, il supportait difficilement de rester cloîtré dans son refuge - c'était comme s'il était retourné à l'époque où l'Ordre du Phénix l'abandonnait à Privet Drive, mais que cette fois-ci, il s'imposait lui-même cet isolement. Ses seuls réels moments de distraction survenaient la nuit, car il pouvait alors arpenter le château silencieux de Poudlard, se rendre à la bibliothèque et dans la Réserve, où il lui avait été relativement facile de trouver des livres sur les Horcruxes et les maléfices de magie noire liés à la main, même si les illustrations faisaient parfois dangereusement remuer le contenu de son estomac. La Salle, à ce sujet, ne l'aidait guère, apparemment incapable de l'approvisionner en nourriture, mais ce n'était pas un problème, car Harry y voyait ainsi un excellent prétexte pour retourner à Pré-au-Lard et se dégourdir les jambes.

les reliques des ainesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant