Chapter 111: Vivre et semer la mort

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Galcÿn.

Quelque peu déconcerté, Harry reconnut sans peine la vaste seconde salle du palais de Beherit, avec ses hauts murs pleins de niches dans lesquelles se dressaient des piliers de marbre bleu veiné de blanc et son plafond peint des origines des Aînés – mais les choses étaient légèrement différentes, car deux fauteuils de salon de cuir encadraient une table basse aux pieds fins et élégants, et posés dessus, deux verres de cristal côtoyaient une bouteille remplie d'un liquide ambré. Cependant, une série de borborygmes agonisants attira rapidement l'attention du Gryffondor vers les portes menant au hall d'entrée. Non sans dégoût, Harry posa les yeux sur une espèce de petit enfant immonde, chétif, semblant tout droit sorti d'un roman d'horreur malsain à souhait, qui se débattait en tous sens comme si on l'avait soumis à un Doloris prolongé.

Etait-ce donc à ça que ressemblait un fragment d'âme de Lord Voldemort ? se demanda-t-il, répugné. Il ne chercha pas à se rapprocher de la créature, ni même à compatir pour elle, mais il apparut qu'il n'en aurait jamais eu le temps : à peine se fut-il convaincu qu'il s'agissait réellement du Horcruxe que le Voldemort de son ancienne vie avait accidentellement placé en lui la nuit où il avait tenté de l'assassiner, les portes menant au hall d'entrée pivotèrent et la créature agonisante glissa sur le sol de marbre pour rejoindre l'entrée du palais de Beherit, passant à côté d'un vieil homme.

Harry ne l'avait jamais vu, mais il l'identifia sans mal. Le vieillard était de taille moyenne, les cheveux mi-longs, argentés et lisses, son visage pâle et ridé garni d'une longue barbe scintillante. Son œil droit était d'un blanc laiteux, aveugle, mais son voisin, d'un rouge étincelant, brillait d'une lueur souveraine, sage et amicale. Bien qu'il eût déjà essayé de l'imaginer, Harry dut reconnaître qu'il s'était totalement fourvoyé sur l'apparence d'Astaroth, qu'il avait toujours pensé être un grand homme à la carrure de soldat. Pourtant, même s'il était plus petit et mince que lui, l'Empereur avait une prestance qui le faisait paraître immense.

Sans un regard en arrière pour le fragment d'âme malmené et souffrant, Astaroth s'avança dans le salon, les boucles de ses bottes flambant neuves cliquetant légèrement. Les portes se refermèrent derrière lui, tandis qu'il s'approchait de Harry, mains dans le dos mais une expression bienveillante peinte sur son visage barbu.

− Bienvenue dans le Royaume des Morts, Harry, déclara-t-il.

− Heu... Me-merci, dit Harry, dubitatif.

Une petite voix, dans son esprit, lui rappela qu'il n'y avait aucune raison de remercier qui que ce soit, mais une partie de sa cervelle se remit en marche alors qu'elle se répétait l'endroit cité par Astaroth.

− Le Royaume... Alors, je suis vraiment mort ?!

L'Empereur eut un léger sourire et l'entraîna vers les fauteuils en posant une main dans son dos.

− Disons que tu es aussi mort que vivant, à l'heure actuelle, précisa-t-il. J'ai toutefois obtenu une dérogation pour conduire ton âme en cet endroit, car j'estime que les questions que tu te poses méritent des réponses. Quand nous aurons fini de parler, alors tu pourras choisir si tu souhaites retourner parmi les vivants.

Enregistrant lentement les propos d'Astaroth, Harry s'assit sur un fauteuil sans vraiment en avoir conscience, tandis que le mythique Empereur adressait un regard autoritaire à la bouteille d'hydromel. Celle-ci, comme recevant un ordre, s'ôta de son bouchon et s'éleva dans les airs pour remplir les deux verres de cristal. L'Aîné resta silencieux, conscient que Harry peinait à faire le tri dans toutes les questions qu'il avait posées tout au long de l'année. Par laquelle commencer ? Par laquelle finir ? Et comment faire pour ne pas se mélanger au point d'en oublier certaines ? Chassant ces interrogations de son esprit, il formula la première chose qui lui importait vraiment de savoir :

les reliques des ainesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant