Chapter 65: Honnêteté ou gage

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Le lendemain matin, Harry mit quelques secondes à se souvenir de ce qui l'irritait de si bonne heure, et lorsque cela lui revint, il regretta de s'en être rappelé : Mrs Deadheart et Miranda savaient désormais que la Serpentard le troublait particulièrement lorsqu'elle ôtait son masque de froideur. Comment avait-il pu se laisser avoir ? s'agaça le Gryffondor. Sans doute les verres de vin avaient-ils relâché sa vigilance, sa concentration, mais cette idée ne le convainquit pas : Miranda avait tout compris parce qu'il fuyait Deadheart du regard. Il lui fallait reconnaître que, qu'il l'ait contemplée ou non, il se serait automatiquement dénoncé.

Une demi-heure plus tard, lorsqu'il descendit au rez-de-chaussée et s'approcha de la porte de la cuisine, Harry poussa un profond soupir pour affronter le plus sereinement possible les sourires et les regards rieurs de Miranda et de sa tante – sauf qu'il ne trouva personne dans la cuisine, et poursuivit donc son chemin jusqu'au salon où, là, les Deadheart prenaient leur petit déjeuner. Miranda semblait ne pas encore être levée, remarqua-t-il. Son regard, alors qu'il lançait un bonjour général, fut attiré du côté de la cheminée : de chaque côté étaient entassées les piles de cadeaux, et celle de Deadheart dominait de très loin toutes les autres – si Harry s'était douté que la Serpentard recevrait une jolie quantité de présents pour Noël, il réalisa que son estimation était très en-deçà de la réalité. Les siens n'étaient pas aussi nombreux que ceux reçus par Deadheart ou Miranda, mais de mémoire, jamais il n'avait été aussi gâté.

− Ah, dit Mr Deadheart d'un air satisfait, j'avais justement besoin de vous, Harry. Lys' pêche à nous offrir une analyse détaillée de la une de La Gazette du sorcier : vous êtes donc mon sauveur !

− Et nous, on compte pour du beurre ? répliqua Mrs Deadheart.

− Notre sauveur, rectifia précipitamment son époux.

Harry s'assit face à Deadheart, sachant pertinemment que Miranda le décalerait s'il choisissait une autre chaise et, prenant le journal que Mr Deadheart lui tendait, il entreprit d'en découvrir enfin le titre :

TROIS MINISTERES CHANGENT DE VOIE !

UNE ETUDE ALARMANTE !

Ce n'est pas sans consternation que nous apprenions, hier en fin d'après-midi, que les ministères yougoslave, hongrois et polonais changeaient brutalement de politique à l'égard des sorciers et des sorcières d'ascendance moldue. Conviés à assister à une conférence de presse du ministre de la Magie, Kenneth Jones, à la veille de son traditionnel bal de Noël, nous restons franchement déconcertés par les nouvelles obtenues par le département de la coopération magique internationale :

« Les ministères européens de la Magie ont tous reçu le même message de la part de la Pologne, à l'origine de ce changement de politique : depuis quelques semaines déjà, le ministère polonais enregistrerait un nombre très alarmant d'agressions de sorciers et de sorcières par des Moldus, déclare-t-il. »

Les Moldus utiliseraient leurs revolvers (sorte de baguettes magiques crachant à très grande vitesse des petits projectiles meurtriers) pour commettre ces agressions.

« Nous ne donnerons pas suite à cette invitation du ministère polonais de la Magie, ajoute Jones. Pas tant que nous n'aurons pas recensé de telles agressions, et à la seule condition que ces méfaits aient été perpétrés avec la totale et complète volonté des Moldus incriminés. Je vous rassure cependant : si de telles agressions avaient lieu en Grande-Bretagne, je m'arrangerai personnellement avec le Premier ministre pour que ces individus subissent la juste peine de leur acte. »

Mais cette décision ne convient guère à certains employés du ministère de la Magie que nous avons interrogé, sous couvert de l'anonymat :

les reliques des ainesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant