chapitre 43: le miroir du monde

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La « salle très bien cachée » ne tarda pas à réapparaître, et Harry se retrouva quasi-aussitôt assailli par les très nombreuses questions de Bowman et de Deadheart, la sublime Serpentard se révélant soudainement plus bavarde qu'il ne l'aurait cru. Raconter, sans trop en dire, ce qu'il savait d'Astaroth, de Leandros, de Marvennor et, hélas, de La Connaissance, ne fut pas une mince affaire, mais il sembla que le Gryffondor s'en sortit plus ou moins, car les deux jeunes femmes se contentèrent de ses réponses nébuleuses.

− Donc, Grinval a dissimulé des indices qui te mèneront à cette Connaissance, c'est bien ça ? dit Deadheart au moment où Bowman demandait : Donc, « l'ennemi emprisonné depuis longtemps » annoncé par le Choixpeau se trouve être le même que celui affronté par Astaroth ?

− Oui et oui, répondit Harry.

Bowman plissa légèrement les yeux, comme si elle ne le croyait pas capable de relever un quelconque défi.

− Pourquoi toi ? interrogea-t-elle.

− Parce que c'est ce que je fais de mieux, dit Harry en haussant les épaules.

Son regard, comme attiré par un aimant, se détourna des jeunes femmes pour se poser sur le portrait du sorcier au visage hautain et à la barbe pointue, qui continuait à les observer en entortillant une boucle de ses moustaches autour de son index. Pour une obscure raison, son intérêt ne se portait non pas sur Deadheart, qu'il avait reluquée sans vergogne dès leur entrée, mais sur Harry lui-même – et celui-ci, prenant cela comme une invitation, vint lui faire face sans même entendre les autres questions que lui posa Bowman, dont l'irritation ne s'apaisa que lorsque Deadheart lui intima le silence d'un regard.

− Je crois savoir que vous avez une devinette à mon intention, dit Harry.

− Je crois savoir que vous avez deux ravissantes camarades, rétorqua le portrait d'un air rusé.

− Et une baguette magique hautement dangereuse, assura le Gryffondor.

Le portrait eut un sourire narquois, nullement impressionné par la menace.

− J'ai effectivement une devinette à l'intention de Mr Harry Potter, admit-il, mais je ne suis pas assez sot pour vous la donner sans réclamer une contribution ! Acrofe Manings – que le diable l'emporte ! – eut l'étrange et très intéressante idée de me confier ladite devinette pour la transmettre à mes seules et personnelles conditions. Je lui en suis éternellement reconnaissant pour cela, bien évidemment, mais ce gredin se montra bien plus malin que je ne le fus, car il m'ensorcela pour que je ne sois jamais décollé de ce mur tant que je n'aurais pas accompli la part de notre marché…

− Vous êtes l'un des portraits obscènes ? lança Bowman.

− Un admirateur de la nudité féminine, répliqua le portrait d'un air pincé. Manings lui-même reconnaissait que j'avais été injustement traité, c'est la raison pour laquelle c'est à moi qu'il confia la devinette ! J'ai fréquenté des femmes de toutes sortes, je sais pertinemment que, malgré leurs airs prudes et innocents, elles aiment les plaisirs de la chair autant que les hommes !

Il lança un regard supérieur à Bowman et à Deadheart, comme s'il les mettait au défi de contredire sa certitude mais ni l'une, ni l'autre ne lui donna satisfaction.

− Quelles sont vos conditions ? interrogea Harry.

− N'allons pas trop vite, protesta le portrait d'un ton hautain. Manings avait un esprit aussi brillant que fourbe, il n'aurait jamais apprécié que vous obteniez ce que vous cherchez sans faire quelques efforts ! Je fus, il y a bien longtemps, un grand amateur de baisers féminins : si ces deux jeunes femmes daignent s'embrasser face à moi, il vous sera accordé le premier indice permettant de résoudre la devinette en ma possession.

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