Chapter 6: Vivant ou presque !

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Un soleil pâle s'élevait lentement dans le ciel dégagé, projetant ses rayons sur le toit dense de la forêt, perçant tant bien que mal le feuillage touffu. Les oiseaux accueillirent son arrivée à grand renfort de piaillements comme si rien, ou presque, ne leur faisait plus plaisir que la promesse d'une journée ensoleillée les lapins, les renards et les animaux qui habitaient dans les parages sortaient de leurs trous, tanières et autres logis pour aller s'abreuver à la rivière et se nourrir. Toutefois, ils évitaient soigneusement une petite partie de la forêt. Comme si le soleil s'en étonnait et que sa curiosité était piquée par cette réticence de la faune à s'aventurer dans ces parages, il sembla se ragaillardir au point de transpercer le feuillage touffu.

Un rayon tomba sur une main et s'élargit jusqu'au poignet, remontant le long du bras à mesure que les minutes et les heures défilaient puis vint le moment où la lumière du jour frappa le visage d'un jeune homme endormi et pâle, ses cheveux noirs très ébouriffés et la bouche entrouverte. A côté de lui, gisaient des lunettes rondes brisées et tordues, comme si le garçon avait fait une chute. Non loin des lunettes, un sac à dos en partie dissimulé par un grand morceau d'étoffe argenté.

Le soleil poursuivit sa course vers l'ouest, paisible, comme si le spectacle n'avait pas été aussi intéressant qu'il l'avait espéré. Si ses rayons avaient été incapables de réveiller le jeune homme, la lumière déclinante y parvint et de manière étonnante : car à peine eut-il pris vaguement conscience qu'il se réveillait, le garçon se redressa avec brutalité, les yeux grand ouverts, l'air parfaitement éveillé et alerte. Son regard parcourut les arbres environnants, visiblement à la recherche de quelque chose qu'il ne trouva apparemment pas. Du coin de l'œil, il remarqua alors le grand morceau de tissu et le sac à dos.

Harry fronça les sourcils. Que faisait sa cape d'invisibilité auprès de lui ? Il l'avait pourtant confiée à Ron ! Se saisissant de son sac à dos, il l'ouvrit en hâte pour jeter un œil à l'intérieur. Ses vêtements moldus étaient là, tout comme ses livres de défense contre les forces du Mal, sa bourse et... où était son album-photo ? Tumter ne le lui avait quand même pas volé ?! Quel intérêt aurait-il à le lui dérober, d'ailleurs ? Harry écarta cette question : il ne connaissait pas Tumter depuis longtemps, mais il était d'ores et déjà convaincu que le massalien ne faisait jamais les choses simplement. Quel maléfice lui avait-il jeté, justement ? Harry était persuadé que sa dernière heure était arrivée, et il était pourtant bien vivant.

Fourrant sa cape d'invisibilité dans son sac à dos, Harry le hissa sur ses épaules une fois refermé et soupira. Sa situation était des plus complexes, songea-t-il. Il ne pouvait pas s'approcher du Terrier, ne sachant ce qu'il s'était passé depuis qu'il en était parti pour attirer le groupuscule à l'écart des Weasley et d'Hermione. Il ne pouvait pas se réfugier à square Grimmaurd, car Rogue, devenu l'un des Gardiens du Secret à la mort de Dumbledore, aurait sûrement livré l'adresse de l'ancien quartier général de l'Ordre à Voldemort. L'espace d'un instant, il songea à la maison des Dursley, mais l'idée lui parut aussitôt saugrenue : les protections de Dumbledore avaient disparu dès qu'il avait quitté le 4, Privet Drive - y aller serait comme se jeter dans la gueule du loup. Il fallait bien qu'il aille quelque part, pourtant ! Il n'allait pas rester toute sa vie dans cette forêt en attendant que l'Ordre daigne prendre contact avec lui !

Harry poussa un profond soupir. Première chose à faire, calmer son esprit pour pouvoir réfléchir. Il connaissait déjà les endroits où il ne pouvait pas aller, restait à en trouver un où il serait en sécurité en attendant que l'Ordre lui envoie un message - il était d'ailleurs étonnant qu'il n'ait pas encore cherché à le faire, pensa-t-il. Le meilleur endroit où obtenir de l'aide était Poudlard, bien évidemment, mais y accéder ne serait pas une mince affaire : les grilles de l'école étaient fermées et il se pouvait très bien que Pré-au-Lard soit surveillé par le groupuscule ou les Mangemorts. En outre, il était désormais libre : il pouvait partir à la chasse aux Horcruxes, bien qu'il lui faille se passer de Ron et d'Hermione - et tant pis pour le faux médaillon de Serpentard, il ne lui serait d'aucune utilité de toute manière. Il ne lui restait qu'à faire un choix : reprendre le flambeau de Dumbledore, tout en sachant qu'il se retrouverait dans l'impasse s'il optait pour cette solution, ou retourner auprès de l'Ordre.

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