Chapter 27: Introspection

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La deuxième semaine fila à une telle vitesse que Harry eut peine à le croire, et lorsque le vendredi vînt, il fallut un long moment à sa mémoire pour rétablir une chronologie des évènements survenus depuis l'avertissement que le professeur McGonagall lui avait donné. Pour commencer, les cours avaient été une véritable épreuve, même si l'enseignement de Brighton lui était d'un immense secours dans la plupart d'entre eux : certes, il ne détrônait pas les anciens dans leurs matières de prédilection, mais on lui reconnaissait un potentiel que presque personne ne lui soupçonnait - Mulciber, notamment, n'appréciait guère de découvrir que Harry se révélait bien plus doué que lui dans toutes les matières. Ensuite, il y avait la prédiction de Harry : comme il l'avait annoncé, Irving avait subi un assaut relativement brutal le mercredi soir, alors qu'il revenait de la salle de bains des préfets, et avait passé deux jours à l'infirmerie - les agresseurs n'avaient pas été identifiés, mais les soupçons pesant sur Harry n'avaient pas manqué de s'intensifier auprès de la communauté étudiante. Seules les filles de Serpentard et de Gryffondor - et peut-être les Maraudeurs - savaient Harry innocent dans cette affaire. Et pour conclure, les rondes nocturnes que Harry faisait étaient d'une utilité plus qu'appréciable, car elles lui permirent de finir sa carte de Poudlard et de se rendre régulièrement dans le laboratoire pour surveiller la cuisson de la potion d'Introspection. Seul bémol, mais prévisible : les Maraudeurs, et plus particulièrement Sirius et Pettigrow, essayaient tant bien que mal de le suivre à travers le château pendant ses patrouilles. Sans nul doute avaient-ils remarqué qu'il lui arrivait de disparaître de la carte du Maraudeur, mais Harry avait trouvé la parade : le sortilège de Nuit Noire, comme le disait Grinval, se révélait simple et efficace, et Harry prit rapidement l'habitude de l'utiliser pour semer ses poursuivants.

Le vendredi soir, quelques heures seulement après que Madame Pomfresh, l'infirmière, ait relâché Irving pour lui permettre de reprendre les cours, Harry éteignit le feu magique qui crépitait sous le chaudron bouillonnant de potion d'Introspection. Les volutes se recourbaient, comme pour replonger dans le liquide. Se détournant, Harry, après un bref coup d'œil au rideau noir, s'avança jusqu'à un meuble, ouvrit un tiroir pour y récupérer une louche, puis un placard pour en sortir un gobelet d'argent, et enfin revint près de sa préparation.

La potion d'Introspection, selon le livre de la bibliothèque dans lequel il avait trouvé la recette, n'offrait pas le même « voyage » à tout le monde : de nombreux facteurs, certains évidents, d'autres non, étaient pris en compte, notamment le caractère, le passé, la personnalité, les peurs, les espoirs, et l'intensité de la magie présente dans le sang. Selon l'auteur, le voyage interne que proposait la potion différait donc pour chaque personne : il pouvait se révéler très agréable ou cauchemardesque, paisible ou éprouvant, séduisant ou rédhibitoire - et Harry n'était pas particulièrement optimiste, tandis qu'il remplissait le gobelet. Avec la vie qu'il avait eue, il s'imaginait déjà faire à nouveau face à Lord Voldemort, ou aux dépouilles de ses parents, ou revoir Dumbledore tomber par-dessus les remparts de la tour d'astronomie.

Oh, la ferme ! s'écria une petite voix, dans sa tête. Bonne idée, admit Harry. Prenant une profonde inspiration, il porta le gobelet à ses lèvres et avala la potion d'une traite. Il eut tout juste le temps de reposer le verre : autour de lui, le laboratoire ondula, comme traversé par un courant d'air singulièrement chaud, et le décor se dissout en quelques instants. Immobile dans une obscurité impénétrable, Harry attendit, essayant de se détendre malgré tous les scénarii possibles et affreux qui cherchaient à s'imposer dans son esprit.

Alors, brusquement, un nouveau décor s'installa tout autour de lui. Il se trouvait au centre d'une vaste salle au mur circulaire, des piliers sculptés se dressant dans des niches et s'élevant jusqu'au plafond peint d'une immense fresque représentant des scènes de toutes les natures possibles : des hommes et des femmes aux regards vides de toute vie gisaient sur un sol boueux, des créatures magiques s'armaient tandis que d'autres filaient se cacher, des personnes festoyaient allègrement autour de grandes tables et levaient leurs verres en l'honneur de quelqu'un qui manquait à l'appel, un couple partageait un moment intime sur les draps d'un lit massif et des gens s'affrontaient dans des duels causant de graves dégâts aux bâtiments proches d'eux... Harry observa le plafond d'un air ébahi, impressionné par le réalisme des peintures - il aurait presque eu l'impression de se trouver derrière une fenêtre à épier toutes ces scènes.

les reliques des ainesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant