Chapter 73: Le Poudlard noir

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Les jours qui suivirent furent durs, très durs pour Harry. Furtif mais d'un réalisme saisissant, le baiser offert au cours de la vision le hanta chaque fois que son cerveau eut un moment de répit – c'est-à-dire entre deux cours ou deux réflexions portant sur un devoir, une conversation, Lord Voldemort, la Fraternité ou même son programme pour une soirée. Pire que tout, il devait croiser Deadheart tous les jours, mais la magnifique Serpentard était bien loin d'avoir la même attitude que l'apparition qu'il en avait eue dans sa vision : toujours aussi froide et snobe, la jeune femme lui causait plus de mal que n'importe laquelle de ses (més)aventures depuis le début de l'année. Et, malgré tous leurs efforts et leur enthousiasme, Bowman et Moira n'arrangeaient rien lorsqu'elles complotaient la moindre proximité entre Harry et Deadheart, car le moindre contact faisait ressurgir le trouble que le Gryffondor avait ressenti lors de l'expérience inventée par Tumter.

Cependant, et à son plus grand soulagement, il eut rapidement de quoi s'occuper l'esprit lorsque le jeudi arriva – car annonciateur du cours spécial de défense contre les forces du Mal. Si Mulciber et Avery avaient échafaudé leurs aménagements dans leur coin, Rogue et Haustin s'étaient avérés plus ouverts à la discussion avec Harry : il faudrait encore un long moment avant que les deux Serpentard ne daignent considérer Remus ou Winters comme dignes de leur attention, mais les quelques réunions qu'ils avaient eues s'étaient plutôt bien passées. Tumter, lui, les avait laissés faire sans même jeter un œil au projet.

Néanmoins, si le professeur Farewell se réjouissait du travail accompli, son enthousiasme était bien faible face à celui que les élèves ressentaient : pour la première fois, trois maisons avaient contribué à une simulation – dont Harry et Tumter, considérés comme les meilleurs en défense contre les forces du Mal. Les Poufsouffle n'avaient peut-être pas la même impatience que leurs camarades, mais ils comptèrent parmi les premiers à monter dans les étages pour rejoindre la classe du professeur Farewell. Moira allait de groupe en groupe pour passer toutes sortes de paris. Dès qu'elle aperçut les Gryffondor qui s'approchaient, cependant, elle se précipita vers eux et percuta la préfète-en-chef de plein fouet avec une joie infatigable.

− J'ai fait douze paris ! annonça-t-elle fièrement.

− Tu adaptes ça aux simulations, maintenant ? dit Mary, exaspérée.

− Bah oui, répondit Moira comme si c'était tout à fait naturel. D'ailleurs, vous devez en faire avec moi ou Lily et Lys' vous cassent la figure !

− C'est une menace ? dit Liz, en plissant les yeux.

La petite Serpentard se réfugia aussitôt derrière la préfète-en-chef, méfiante. Malgré ses yeux rieurs, Lily dit le plus sévèrement :

− Ne lui fais pas peur, Liz.

− Aha ! s'exclama Moira d'un ton triomphant.

− Et ne menace pas nos amies, ajouta Lily.

Le petit bout de femme afficha une petite moue penaude aussi irrésistible que lorsqu'elle boudait, et Lily eut la plus grande peine à ne pas afficher un sourire attendri.

− Trop tard, de toute façon, dit Mary.

Le professeur Farewell, effectivement, venait d'apparaître au fond du couloir et s'avançait d'un pas vif comme s'il sentait l'excitation de ses élèves. Avec un léger sourire, il atteignit la porte de sa salle de classe et l'ouvrit, en invitant les étudiants à entrer. Moira se précipita aussitôt vers Deadheart, sa voisine de table à tous les cours, puis les adolescents se répandirent dans la pièce. Harry s'assit à côté de Liz, leur carré changeant sans cesse, et jeta un coup d'œil vers la magnifique Serpentard. Elle souriait franchement, écoutant le petit bout de femme lui raconter quelque chose de très amusant – et conscient qu'il risquait de se faire repérer, le Gryffondor détourna les yeux au moment où il sentit plusieurs regards converger vers la belle.

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