chapter 63: Elvirya

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Il fallut pas moins de trois jours pour que la colère de Deadheart s'évanouisse totalement. Ils eurent l'occasion de discuter, malgré tout, et la Serpentard s'acharna à adopter un ton froid et désintéressé qui convint parfaitement à Harry, satisfait de ne plus être tourmenté par des visions d'une Deadheart naturelle et débarrassée de son « côté Serpentard ». Tout au long de ces trois jours, ils continuèrent la formation de la jeune femme à la Réflexion, elle-même allant chercher des sujets directement dans La Gazette du sorcier quand elle souhaitait éclaircir les raisons d'une attaque, d'une disparition ou d'un assassinat. Ils passèrent également un moment à chercher les cadeaux de leurs amies respectives – tout au moins, ceux qu'ils n'avaient pas encore achetés ou commandés, et Harry eut de nombreuses occasions de découvrir plus en détails le manoir des Deadheart.

Si Mrs Deadheart occupait un poste relativement important – elle était sous les ordres de Carshaw, directeur de la communication du ministère de la Magie, après tout –, elle fut la plus présente alors que Harry n'avait toujours pas eu l'occasion de rencontrer Mr Deadheart. Ce n'était peut-être pas une si mauvaise chose, car Harry pouvait ainsi s'avancer dans la rédaction du journal intime qu'il comptait offrir au père de la Serpentard, et qui comportait tous les renseignements qu'il possédait lui-même sur Marvennor. Malheureusement, à trois jours de Noël, Harry avait de quoi paniquer : si tous les cadeaux étaient achetés, il lui manquait encore celui de Deadheart elle-même, et ses marges de manœuvre étaient singulièrement limitées, car la Serpentard, plus méfiante que jamais, garda presque toujours un œil sur lui, comme si elle s'attendait à ce qu'il prépare encore une manigance.

Néanmoins, les conseils de Moira – tout au moins, les plus raisonnables – s'avérèrent justes, car, premier levé, Harry prit son petit déjeuner et sortit dans le froid de décembre pour déneiger les Rose-de-lune, en coupant toute branche malade – facile à repérer, car recourbée –, lorsque Deadheart le rejoignit, intriguée de ne pas le trouver à l'intérieur de la bâtisse.

− Depuis quand tu sais t'occuper des Roses-de-lune ? lança-t-elle.

Harry lui lança un regard vaguement surpris, ne l'ayant pas entendue approcher.

− Tu avais publié un article à leur sujet, lui rappela-t-il.

Il s'était étonné lui-même qu'en fouillant sa mémoire, il ait retrouvé un souvenir précis de la première parution du Poudlard Reporter, et notamment de l'article Deadheart expliquant comment traiter les Rose-de-lune selon le climat.

La Serpentard parut elle-même surprise qu'il s'en souvienne mais, comme l'avait inscrit Moira, s'en occuper était une activité qu'elle appréciait et, attrapant des pinces et un pinceau dans le seau que Harry avait trouvé dans un grand placard à balais du rez-de-chaussée, elle entreprit de se joindre à lui. Les Rose-de-lune demandaient un travail un peu particulier, exactement comme ces fleurs, en fait : leurs pétales rouge sombre semblaient incrustés de petites paillettes argentées, et il ne fallait en aucun cas que la peau entre en contact, à moins qu'elle n'eût été lavée juste avant et qu'elle n'eût rien touché entretemps. Aussi Harry, appliquant les conseils offerts par Deadheart au début de l'année, utilisait-il un pinceau pour déneiger les Rose-de-lune.

− Vous avez l'air de beaucoup aimer ces fleurs, commenta-t-il.

− J'ai toujours adoré leur réputation, reconnut Deadheart. Certains Moldus aiment croire qu'une étoile filante a le pouvoir d'exaucer un souhait. Dans le monde sorcier, on fait un vœu quand on voit un pétale de Rose-de-lune tomber, mais depuis cinq ans que nous les avons plantées, aucune d'entre elles n'a jamais perdu de pétale.

Ils replongèrent dans le silence, déneigeant les Rose-de-lune, coupant les branches malades. Harry prit grand soin à ne pas regarder Deadheart une seule fois, car il eut la très nette impression que la Serpentard avait une nouvelle fois perdu son masque de froideur. Il était conscient que le conseil de Mrs Deadheart sur les goûts de sa fille était une information que rêveraient de posséder les nombreux prétendants de la jeune femme, mais Harry estimait ne pas avoir le temps à imaginer – ou même créer – la moindre relation sentimentale : entre la Fraternité toujours un peu plus sous le contrôle de Malphas et Lord Voldemort qui commençait à s'intéresser sérieusement à lui, Harry avait suffisamment de soucis auxquels réfléchir pour ne pas en plus s'embarrasser d'une petite amie qui pourrait présenter une cible – et incidemment, un moyen de pression – pour les Mangemorts. D'ailleurs, pensa-t-il avec la plus grande irritation, il ne voyait même pas pourquoi il réfléchissait à ça !

les reliques des ainesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant