Chapter 44: La Forteresse

618 27 2
                                    

Au lendemain de Halloween, les élèves n'avaient cessé de raconter la soirée géniale qu'ils avaient vécue, mais Harry savait que Deadheart et Bowman trouvaient ces récits franchement ennuyeux - quelle chance avait un bal, face à une aventure des millénaires auparavant et la découverte d'un extraordinaire musée ? Moira, bien entendu dans le secret, avait passé tout le dimanche à ronchonner parce que « la salle très bien cachée » était inaccessible tant que Lily ne l'embrasserait pas, et Harry eut la très nette impression que les camarades de Pitchoun n'avaient pas manqué de lui interdire de montrer la pièce à qui que ce fut, pas même à la préfète-en-chef - et Moira n'avait guère l'air encline à embrasser l'une de ses amies, déterminée à ce que Lily soit la première à goûter à ses lèvres. Cependant, si Harry reconnaissait volontiers avoir passé une agréable soirée avec Deadheart et Bowman, tout ce qui lui occupa l'esprit pendant les jours suivants fut la rencontre entre le petit sorcier gras et Voldemort.

Il ne doutait pas une seule seconde que l'alliance proposée au Seigneur des Ténèbres était une idée de Malphas lui-même : l'Aîné et Voldemort partageaient la même passion pour le pouvoir, ils étaient aussi malfaisants, aussi tordus et aussi déterminés l'un que l'autre - tout au moins, Harry imaginait bien Malphas ainsi. Ce dernier devait sûrement croire qu'un allié comme Voldemort faciliterait les choses, car le Lord noir régnait : pas de fidèles pour le contredire, pas de hiérarchie pour analyser les plans imaginés par l'Aîné, pas de trahison des mécontents - une association malveillante, cruelle, meurtrière qui ne pourrait que satisfaire les deux parties. Plus que tout, Harry se demandait ce que Brighton attendait pour l'avertir de l'avancement des négociations. Le Grand Défenseur, quels que furent ses différents avec le Grand Seigneur, ne pouvait pas ignorer la nouvelle politique de la Fraternité, se répétait sans cesse Harry.

Malheureusement, le jeudi vint sans que Brighton n'ait envoyé le moindre souvenir, la moindre lettre. On avait arrêté de commenter le couple Potter-Deadheart du bal, présenté en une du Poudlard Reporter le lundi suivant le bal. Les jaloux, les paranoïaques, les indignés qui n'obtenaient aucune réponse à leurs questions sur les activités de Harry et de la magnifique Serpentard le soir de Halloween, apprirent très vite à ne plus s'attaquer à Harry - et les autres, plus hésitants, renoncèrent à le faire lorsque Deadheart entama un tri dans ses soupirants. Johan Irving sortit de l'infirmerie, pour sa part, le mardi et reçut quinze heures de retenue pour usage de Polynectar - Webster saurait au moins, comme le dit Lily, qu'il lui faudrait se déplacer lui-même pour nuire à Harry.

Comme pour chaque cours depuis le début de la semaine, Harry s'arrangea pour arriver bon dernier en classe - et comme chaque fois qu'il entrait dans une salle, son regard balaya toutes les tables pour tenter de repérer ce qui constituait la prochaine malveillance de Lord Voldemort : introduire son journal intime à Poudlard. Il était sûr et certain que « l'objet » à introduire dans l'école de sorcellerie, était le vieux cahier de Tom Jedusor. Si l'Horcruxe avait déjà été dans le château, la Chambre des Secrets aurait été rouverte le soir de Halloween, estimait Harry.

Prenant place à côté de Liz, Harry mit quelques secondes à prendre conscience de l'atmosphère impatiente qui planait dans la salle. Sa mémoire se réorganisant, il se souvint : le professeur Farewell avait reporté à aujourd'hui le cours spécial d'octobre. Et en effet, Morpheus était posé sur le bureau du Frère.

− Cours particulier, donc ! lança-t-il. Lysandra, Moira et Lily ont préparé quelque chose de costaud, d'où mon incapacité à respecter les délais. La simulation s'inspire librement des contes de fées moldus : les preux et beaux princes charmants voleront à la rescousse des belles et débrouillardes princesses emprisonnées dans la forteresse d'un terrible ennemi. Ces demoiselles ne seront pas inactives pour autant, car elles réussiront à s'évader de leurs cellules et devront fournir tous les efforts possibles pour se frayer un chemin jusqu'à la sortie. Vos camarades se proposaient d'abord de faire piocher le nom d'une fille à chaque garçon, mais il a fallu renoncer : à quoi bon se lancer au secours d'une princesse si celle-ci a été vaincue pendant son évasion ?

les reliques des ainesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant