Chapter 66: Les Potter

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Les jours passèrent. Deadheart avait retrouvé son masque de froideur et paraissait plus fermée que jamais, tous ses aveux, lors de leur nuit passée ensemble, semblant en être la raison principale – Harry soupçonnait qu'elle ne s'était encore jamais livrée de la sorte à un camarade, mais il ne chercha pas à la relancer sur le moindre sujet. La Serpentard lui en avait apparemment dit plus qu'à n'importe quel élève, exception faite de ses amies, il s'estimait donc chanceux. Lui-même, en outre, avait d'autres chats à fouetter : Mr Deadheart, qui parvenait parfois à quitter le travail plus tôt qu'à l'ordinaire, lui avait confirmé avoir transmis la liste des Mangemorts à Croupton, mais les éditions de La Gazette du sorcier qui parurent les jours suivants n'annoncèrent aucune action d'envergure venue des Aurors – des meurtres, des disparitions, des échos sur l'affaire des agressions de sorciers par des Moldus sur le continent, mais rien sur une éventuelle opération menée par le Bureau des Aurors.

− Croupton doit se plier à la politique de Jones, expliqua un soir Harry, alors qu'il se trouvait avec le père de la Serpentard dans le bureau du rez-de-chaussée. S'il avait le champ libre, il n'hésiterait pas à tous les interpeller et les interroger devant le Magenmagot au complet, mais ce n'est pas plus mal qu'il ne puisse pas faire comme il le souhaite : les Mangemorts lui auraient échappé. A mon avis, le Bureau des Aurors enquête à distance et tente de faire coïncider les attaques des mages noirs et les absences des Mangemorts de chez eux. Même si ça n'apportera pas la preuve de leur culpabilité, ça pourrait suffire pour que Croupton obtienne le droit d'interroger ces sorciers et ces sorcières au Veritaserum, à la seule condition qu'il pense à avoir recours à un tel procédé.

Entretemps, la Serpentard lui avait annoncé qu'elle prévoyait de retrouver ses amies le mercredi de la seconde semaine de vacances et, comme toutes les trois s'étaient donné rendez-vous chez les Gamp, Harry ne fut pas plus surpris que ça lorsqu'elle suggéra qu'il lui montre son manoir. Il n'y voyait aucun inconvénient, car lui-même se demandait régulièrement dans quel état il le retrouverait – s'il pouvait faire un brin de ménage avant de retourner à Poudlard, il n'en serait pas mécontent. Néanmoins, puisque Deadheart, Bowman et Gamp avaient déjà fixé leur « journée entre filles », Harry y vit une occasion en or pour l'une des deux activités qui lui taraudaient l'esprit : à savoir, rencontrer les Potter ou s'intéresser au médaillon de Serpentard. L'urgence n'était certainement pas à son propre plaisir, il en avait bien conscience, mais tant qu'il ne disposerait pas des moyens nécessaires pour accéder au Horcruxe protégé au fin fond de la caverne aux Inferi, il imaginait assez mal poursuivre sa quête pour rendre à nouveau mortel le Seigneur des Ténèbres.

Le mercredi venu et chaudement vêtus, les deux adolescents se retrouvèrent devant la cheminée du salon où un feu vert émeraude crépitait déjà.

− Tu es sûr qu'on peut y accéder par la cheminée ? dit Deadheart, sceptique. Le Manoir Grinval a repoussé des centaines de sorciers ayant essayé de s'y introduire par la poudre de cheminette…

− La cheminée me reconnaîtra, assura Harry. Quelle que soit ma provenance, elle est ensorcelée pour identifier le propriétaire du manoir, donc oui, ça fonctionnera.

La Serpentard n'insista pas et laissa le Gryffondor passer le premier. Entrant dans les flammes vertes et tièdes, qui vinrent lui lécher les mains, Harry annonça :

− Manoir Potter !

Les flammes s'élevèrent jusqu'à son menton, tandis que le grondement du tourbillon se faisait entendre. Harry se sentit soulevé en tournant sur lui-même, lentement d'abord, puis de plus en plus vite. La Serpentard et le salon des Deadheart disparurent, remplacés par une succession de cuisines, de livings et de halls indescriptibles, car lui apparaissant par éclairs. Alors, il se sentit ralentir, quelque peu désorienté par les innombrables rotations faits sur lui-même, et il avança un pied.

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