Chapter 41: Le Sanctuaire

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− Tu es quand même un étrange Gryffondor.

Harry émergea de ses rêvasseries, jusqu'alors enivré par le parfum particulier, indéfinissable, mais agréable et envoûtant de Deadheart. Il lui fallut quelques secondes pour réaliser que la Grande Salle dansait au rythme d'une musique douce, lente, à l'exception d'une petite partie de l'équipe du Poudlard Reporter : Moira, appareil photo à la main, arpentait la piste pour photographier les couples qui lui plaisaient, tandis que Megan Lawson et Mary, profitant que leurs cavaliers se soient réfugiés près des longues tables débordant de bouteilles et de victuailles, se croisaient et s'entrecroisaient en s'échangeant les potins qu'elles avaient pu entendre ou constater.

− Vous êtes des Serpentard étranges, admit-il alors.

− Parce que nous n'encourageons pas les agissements du Seigneur des Ténèbres ?

− Parce que vous ne vous en cachez pas et n'hésitez pas à fréquenter un Gryffondor, rectifia Harry. Je ne crois pas... je ne crois plus que les Serpentard soient tous des sang-pur et des sang-mêlé convaincus de leur supériorité sous prétexte qu'ils descendent de vieilles familles ou de lignées influentes qui n'ont compté que des sorciers, ou presque.

− Ma famille tire sa popularité d'une légende...

− D'un fait historique, l'interrompit Harry.

Deadheart leva son regard bicolore sur celui, tout aussi hétérochrome, de Harry.

− Tu connais donc l'histoire d'Elizabeth Peverell, remarqua-t-elle.

− C'est la première que j'ai entendue : c'est même la préférée d'une de mes connaissances.

− Tu comprends donc pourquoi je n'ai aucune fierté à être une sang-pur, ou aussi belle qu'on le dit : tout ça ne relève que de l'artifice, d'une... supercherie, dit Deadheart d'un ton goguenard.

− J'appelle ça une récompense dûment méritée, assura Harry. J'en sais bien plus sur le Marcheur de Mort qu'il n'en est dit dans les légendes qui lui sont rattachées : s'il a estimé que la descendance d'Elizabeth méritait d'être d'une telle beauté, alors je pars du principe qu'il avait raison. Et puis, si belle que tu sois, ça ne change rien : tout le monde t'admire pour ce que tu parais, mais ce sont des étudiants - des morveux imbus d'eux-mêmes qui n'ont jamais rien accompli de concret dans leur vie, qui croient qu'ils valent mieux que quiconque, mais qui tremblent à l'idée de prononcer le nom d'un vulgaire sorcier.

La magnifique Serpentard l'observa attentivement, aussi froide qu'à l'ordinaire, mais Harry put percevoir dans son expression qu'elle réfléchissait, qu'elle le jaugeait.

− Qu'est-ce que tu fais, à Noël ?

− Hein ? s'étonna Harry.

− Pour les vacances de Noël, précisa Deadheart. Mon père est autant fasciné par le Marcheur de Mort que mon grand-père, il m'a tenu exactement les mêmes propos que toi sur l'héritage des Deadheart : il faudrait que je te le présente, je suis sûre qu'il trouverait enfin quelqu'un avec qui discuter sur de nombreux sujets.

Aller chez Deadheart ? se répéta Harry, incrédule. C'était le meilleur moyen de signer son arrêt de mort, selon lui, mais à peine cette pensée eut-elle germé dans son esprit qu'il crut entendre la voix de Brighton lui murmurer à l'oreille : « Imposez-vous, fils ! Cette jeune femme vous en offre l'occasion : montrez à tous que rien ne saurait être hors de votre portée, pas même d'entrer dans la maison de l'élève la plus convoitée de Poudlard ! » Certes, l'invitation était tentante - c'était Deadheart, quand même ! -, mais Harry réfléchissait à tout autre chose : avoir accès aux informations que les Deadheart possédaient sur le Marcheur de Mort. Il aurait pu les trouver aussi bien à la bibliothèque que dans la Salle sur Demande, mais Harry ne négligeait pas la possibilité que certains récits de cet illustre personnage aient pu être raccourcis, oubliés ou réfutés au cours du temps.

les reliques des ainesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant