121. And Gone

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- Attends ! Je lâche à l'attention de Daryl qui continue sa route. 

Il m'énerve quand il fait ça !

Je me lève, me reprends et décide malgré tout d'aller voir Rosita et son atelier. Je la retrouve un peu plus loin près du lac, avec Eugène notamment. Depuis nos dernières attaques, le groupe a perdu de nombreux habitants, et nous privilégions désormais l'entraînement de tous.  Elle était là, à enseigner un enchaînement quand elle m'aperçut.  Je m'approche d'elle, interrompant le cours :

- Désolé d'interrompre, tout va bien ?

- Oh, ne m'en parle pas. C'est le groupe des débutants là. 

Je la prends à part, elle semble agacée et je n'aime pas l'idée qu'elle puisse décourager les troupes. Fronçant les sourcils, je la regarde en croisant les bras pour l'inciter à parler, ce qui fut un succès :

- Bon, ok... Je suis sur les nerfs, parce qu'Abraham m'a quitté. M'enfin, je devrais me réjouir d'avoir Spencer maintenant, j'irai peut-être à son dîner, finalement...

- Tu ne devrais pas mélanger pro et perso, Rosita. 

- Je sais, je me laisse dépasser, comme nous tous. Je vais me reprendre, mais, tu pourrais m'aider avec eux, là ? 

- Hum. Okay, comment ? 

Elle attrape mon bras et m'entraîne près du groupe, me prêtant sa hachette. Elle demande à Eugène de venir et de me désarmer.  En sachant son niveau, s'il n'est pas devenu bon, c'est impossible face à quelqu'un qui se bat uniquement à l'arme blanche. 

Je prépare la hachette, et lorsqu'il approche, peu assuré, je fis valser ma lame contre la sienne et tape deux fois au bout, ça suffit à faire tomber sa machette au sol.

- Voilà ce que je veux que vous appreniez à faire. Connaître les faiblesses de vos adversaires. Lâche soudainement Rosita.

Elle ramasse la machette et recule de deux pas. Puis, elle me fit signe d'approcher, et se mis en position de combat. Là, ça s'annonçait intéressant. Je recule aussi, me mets en position défensive et hoche la tête. Elle approche, essayant de faire tomber la hachette d'un coup franc que j'esquive, pour contre-attaquer. Elle bloque mon attaque, que je décide de transformer en option de repli. Mais, l'issue du combat est telle : Rosita et moi nous tournons autour, enchaînant les contre-attaque, jusqu'à ce que je fasse une erreur : j'ai baissé ma garde, et mon arme tombe. 

Le combat avait duré quelques minutes intenses tout de même. Me félicitant pour mon niveau, et souriant, elle rend son arme à Eugène.
J'indique à Rosita que je passerai suivre ses cours, de temps à autre et reprends ma route sous le soleil couchant. 

Les cheveux attachés pour pallier la chaleur de la journée, je prends même le temps de m'arrêter près du lac, sereine. Des pas derrière moi me rappellent à l'ordre et, apocalypse oblige, mon réflexe fut de me retourner, dos au lac. 

Me voilà alors, face à Randall, les mains dans les poches et les yeux plutôt, comment dire, agacé, comme toujours en ce moment. Je soupire, sachant très bien quel genre de moment c'était, et que justement, c'était inévitable. Les confrontations permettent d'avancer, en général. Je croise les bras et baisse les yeux vers ses poings serrés et lâche d'une petite voix, fatiguée, oui fatiguée, par cette situation :

- Qu'est-ce que tu vas encore venir me reprocher cette fois, hein ?

- Oh, tu le sais très bien. Alors comme ça, tu laisses sa chance à Shane ?

- Ouais, pourquoi ?

- Hum. Tu sais quel genre d'hommes c'est...

- Il a droit à une seconde chance lui aussi, non ? Sinon, toi non plus, tu ne serais pas là.

- Ça n'a rien à voir.

- Ah ouais ? Dis-moi, j'en ai assez là, tu peux juste pas essayer de me soutenir pour une fois ? De m'aider, de... je ne sais pas moi, d'être là au lieu de me... FOUTRE EN L'AIR ! 

- TU FAIS N'IMPORTE QUOI ! TU NE COMPRENDS RIEN ET TU FUIS TOUT ! TU TE CACHES DERRIÈRE SHANE PUIS TU VAS PLEURER A DARYL TA PEINE ! 

Je reste bouche bée un instant, devant la scène, et devant ce qu'il était en train de me dire.

- Je ne regrette rien de ce que je t'ai dit à la soirée, océ.

Ça eut l'effet d'une bombe sur moi, qui explose et pète tout à l'intérieur.

- Alors toi et moi, on n'a plus rien à se dire. Tu m'oublies, j'existe plus. 

Je parle sèchement, allant partir, il me retient par les bras et me repousse en arrière en lâchant :

- Attends. Il semblait se calmer mais...

En reculant de trop, je bascule et je tombe dans l'eau du lac. L'eau était fraîche, mais, pas congelée pour autant donc, je ne risquais rien d'autre qu'un petit rhume, tout au plus. Remontant à la surface, je lui crie dessus :

- Ne m'adresse plus jamais la parole, Randall Curven ! 

Soudain, alors que je nage vers le bord, une voix énervée, celle de Daryl qui est mêlée à Randall qui s'excuse de m'avoir poussée, se fais entendre  :

- Putain, t'as foutu quoi ? Espèce de con !

Il s'approche du bord, et tend son bras que je saisis. Daryl avait l'air furieux et cette fois, il allait être compliqué de le retenir. Il me regarde, me demande si je vais bien et me prends contre lui un instant avant de se tourner vers Randall. Entre mes cheveux détachés et trempés, mes vêtements aussi et mes nerfs en vrac, c'était la fête.

- En plus de lui faire du mal, tu veux la noyer ? Dis Daryl, furieux.

- J'ai pas fais exprès !

-Comme t'a pas fait exprès de lui briser le cœur, enfoiré !

- En quoi ça te regarde ? 

- Parce que moi, je tiens à elle !

Je les regarde, surprise de la tournure de la chose, et surtout du ton de Daryl, vraiment, très, très énervé. Je m'approche et attrape son bras, mais ça ne suffit pas. Il me murmure de le lâcher si sèchement, que je le fis, surprise. 

- Parce que tu crois que tout tourne autour de toi ?

- Moi, je suis conscient de la réalité. PUTAIN ! Elle f'rait pas de mal à une mouche, elle est droite et tu la fais changer ! 

- ELLE TOURNE AUTOUR DE TOUS LES MECS DU CAMP ET TU APPELLES CA DROIT ? 

- ELLE LES RECALERAIT TOUS POUR TOI, MOI Y COMPRIS ! T'ES JUSTE TROP CON POUR LE VOIR.

Il envoie un poing dans la figure de Randall, que celui-ci ne prend pas le temps de rendre, trop perdu dans ses pensées.  Alors que Daryl se chauffe et veut se battre, je tente de les séparer encore : 

- Arrête Daryl, arrête !

- Randall, l'homme qui couche avec une nana en couple, vient donner des leçons.

- Je ne couche pas avec Rosita. Je l'aidais à récupérer son mec.

Alors que Randall allait répliquer aux coups de Daryl qu'il arrête depuis tout à l'heure, je crie :

- Si vous n'arrêtez pas, je m'en vais et vous me perdrez tous les deux !! On dirait des putains de gosses ! La situation est déjà assez dure à...

Je me mets à éternuer, ce qui semble totalement arrêter la discussion. Non, je déconne, Daryl pousse Randall contre un arbre et se tourne vers moi. Il me donne sa veste et me prend la main, partant en silence vers la route en lâchant à Randall :

- Pauv'con, je suis obligé de la protéger à ta place. 

Puis, perdue dans mes pensées et surtout à deux doigts de pleurer, je fixe le sol tout le long du trajet.  C'était la goutte de trop. 

- Eh, ça va ? 

Il s'arrête devant moi, sur le porche d'entrée de ma maison. Je lève mes yeux embués vers lui et craque, me blottissant dans ses bras. 




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