En la faim aliénante où les amants transpirent,
Se mêlent des transports primitifs et complexes ;
Furieuse frénésie affolante des sexes
Où l'Organe établit ardemment son empire !
Tous ces rouges charnus, tous ces vifs écarlates,
Les rebords du vagin retroussés en ourlets,
Et l'intime couleur du gland lisse et violet,
Font comme des bourgeons d'impudeurs qui éclatent !
L'odeur forte des fleurs a cet effet brutal
D'exciter à l'outrage en oublis sous-humains,
La queue entre à la bouche après l'appel des mains,
La chatte est sur la langue en pulsion d'animal !
De ces sucs et ces poils, confondus et qu'on veut,
Des tétons granuleux qu'on mord et griffe en ours,
Du turgide phallus et du flasque des bourses,
Surgit, puissante soif ! ce transgressif aveu :
« Tout contraindre et violer, tout aimer et tout prendre !
Devenir une bête insolente ou soumise !
Et comme au sang premier qu'un crime externalise,
Se perdre dans les sens, sans honte et sans attendre ! »
Et bientôt ces chaleurs de muscle et membre fermes,
Où rien n'est interdit, où l'on choque encore plus,
Poussent fougueusement aux fronces de l'anus,
À pénétrer la gorge ou avaler le sperme !
Et l'on se sent ivre, ivre ! aux rapports de ce corps,
À cette anatomie où rien n'est hygiénique :
Savoure et sens ! Rugis et geins ! Tends, suce, abdique !
Ne retiens rien du feu curieux qui te dévore !
Et que cette invasion d'enfant libre qui fouille
Comme le médecin passionné d'autopsie
T'offre profondément le bonheur qu'extasient
Les transes du bouton ou le spasme des couilles !
Écrit le 22 juin. Publié le 28 juillet.