Grasse sous les dunes

3 0 0
                                    

Incessamment pâmés sous des quartiers de dunes

– Ce fantasme de ville appuyé sur nos corps,

Si souvent refondé, nouvel à chaque lune,

Qu'un séisme en tissu redistribue encore... –,


Étendus en géants, attiédis sous ces sables,

Dans la pénombre moite où sourd notre paresse

– La persienne envahit d'une lueur lassable

L'air chargé de la chambre et nos humeurs épaisses –,


Épuisant en ce lit nos torpeurs telluriques,

Nous sommes les titans d'un pays de sommeil,

Infertiles, repus, après des temps lubriques,

Deux vampires figés maudissant le soleil.


La sorte de poussière encombrant en monades

L'atmosphère embrunie où nos souffles reposent,

Sénescent camaïeu, étourdit et dégrade

Nos regards hasardés s'effaçant en chlorose.


Tout près évanouis pour de profonds appels,

Nos esprits imprégnés de fantômes d'images

Croupissent langoureux, s'anéantissent tels

L'opiomane engourdi aspirant au Voyage.


Que l'espace nous sombre encore bien des heures !

Soyons les Envoûtés des ténébreux nectars !

Sous-humains ou sur-dieux, inconscients ou sans peur,

Prolongeons l'imprécis, et dormons s'il est tard !


Nous jonchons la fatigue en vautrant cette couche

Comme les morts-vivants, peu soucieux de nos chairs,

Glissant nonchalamment jusqu'à ce que se bouche

D'un rempart de chaleur cet autre horizon clair :


Si d'abord en cette ombre indolente et très grasse,

C'est une masse tendre et qu'on ne connaît pas,

La mémoire rallume un doux membre qui passe...

*****************************************

... Préférer nous aimer qu'apprêter un repas.


Écrit le 11 juillet 2024. Publié le 7 août 2024.

HormisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant