Sur un air de Yael Naim
Et je posai ma main sur son dernier visage :
« Dors. Personne ne peut, tu sais, nous en vouloir
Si nous avons manqué à être, tôt ou tard,
L'un pour l'autre quelqu'un. Ce n'est rien. Reste sage.
Nous fûmes tous les deux en chacun de nos âges –
À cause du travail, de femmes, des devoirs,
À force de laisser nos destins aux hasards –
Ce qui n'arriva point, comme certains présages.
C'est le monde présent qui nous fit étrangers,
Trop pudiques, lointains, prisonniers, arrangés ;
Mais peut-être aurions-nous, en un autre hémisphère,
– Même mes fils, ici, ne me connaîtront pas –
Été, d'admiration, unis comme des frères !... »
Là, il mourut sans larme, en inconnu : papa.
Écrit le 11 juin 2023. Publié le 30 juin 2023.