Le monde est fait pour aboutir à un beau livre.
Stéphane MallarméDix-sept ans plus tôt...
La femme s'avança près du bureau. Elle avait peur. Ses mains tremblèrent en entendant les pas s'approcher. Il arrivait. Elle redoutait terriblement ce qu'il allait lui reprocher. Une petite erreur de sa part avait tout fait voler en éclats. Elle était sûre qu'il ne l'avait pas convoquée pour pardonner ses actes. Ce serait sûrement ses dernières minutes en sa compagnie. Elle serait bannie du pays. Pour se donner plus de force, elle se répétait constamment qu'elle survivrait en dehors de la société. Même si elle ne le pensait pas. Elle n'avait aucune chance à l'extérieur.
Son frère avait insisté pour l'accompagner. Il avait toujours vu l'homme d'un mauvais œil et ne voulait pas imaginer sa sœur, seule, et dans la même pièce que cet individu. Il voyait l'anxiété se refléter dans les yeux limpides de la jeune femme, derrière sa frange blonde élimée. Seule la couleur de leurs cheveux les différenciait au monde, l'une blonde l'autre brun. Ils se ressemblaient beaucoup pour de faux jumeaux.
Lui aussi entendit la porte qui fit sursauter sa sœur mais il resta calme devant la carrure d'Émeric. Il avait des yeux verts tranchants et des traits anguleux sous sa crinière carmélite. Une moue finissait son visage jeune et beau. Ils avaient le même âge, vingt-cinq ans, pas plus, mais lui était déjà beaucoup plus mûr. Il était à la tête du territoire. Il était le Dirigeant...
Sa marche militaire le conduisit jusqu'au fauteuil surplombant le bureau en chêne. Il se planta devant, raide comme un piquet. Ses yeux troublants passèrent de l'un à l'autre puis s'arrêtèrent sur la silhouette féminine. Il commença de sa voix grave :
- Rose, tu m'as grandement déçu. J'ai mis beaucoup de moyens dans la réalisation de ce projet, et toi, tu as échoué.
Il contourna le secrétaire et vint tourner autour de Rose puis lui susurra à l'oreille, de façon à la faire trembler comme une feuille :
- Mais ce qui m'a le plus surpris c'est ton silence. Me mentir est la pire chose que tu aies faite. C'est malheureux, tu ne trouves pas, ma petite Rose ?
Même s'il avait le physique d'un adolescent, cet homme était déjà le pire des tyrans. Il parlait avec une assurance inée doublée d'une arrogance sans limite. Mais à ce moment-là, il était le plus intimidant des êtres, le plus vicieux et malveillant.
Rose ne put répondre à Émeric. Elle n'arrivait plus à se souvenir ce qu'elle avait tant aimé chez lui, ce qui l'avait charmée... Était-ce ce sourire charmeur qu'il affichait en coin ? Avec ses minces fossettes de chaque côté ? Ou bien ses cheveux piqués de touches dorées qui lui tombaient sur le front ? Ou encore ses iris profonds qui avait été, un jour, son seul échappatoire ? Elle ne le savait plus. C'était cette même faiblesse qui allait l'envoyée à l'échafaud. Cet amour. Ce sentiment traite qui était aussi malveillant que lui.
Elle n'avait rien vu venir, et en deux temps trois mouvements, le Dirigeant avait réussit à obtenir tout ce qu'il désirait. Mais il ne voulait pas d'elle. Toutes ces promesses d'éternité et de mariage qu'il lui avait faites, n'étaient là que pour la persuader un peu plus de lui obéir. Il avait gagné. Il avait été plus malin qu'elle et elle s'était faite avoir en beauté. Pourquoi ? Pour une relation impossible, pour les rêves romantiques d'une jeune fille immature ? Elle se trouvait trop idiote maintenant pour pouvoir lui répondre, elle ne pouvait pas.
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L'Élémentaire {En Réécriture}
FantasyQui a dit qu'une vie banale le resterait forcément ? Coincée au cœur d'un monde tyrannique, Katelynn ne rêve que d'une chose : la liberté. Alors qu'elle doit à tout prix se trouver un partenaire avant son dix-septième anniversaire, elle fait une r...