Chapitre Deux

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Tout est sombre et une odeur d'humidité flotte dans l'air. Morgan a retiré mes liens mais sa main sur mon avant-bras les a remplacés. Nous longeons un couloir qui me paraît infini... Nous débouchons sur une petite porte en bois noir. Morgan sort une unique clé de sa veste et la fait tourner dans la serrure. Un déclic se produit et il me force, son emprise se resserrant, à le suivre dans l'autre couloir qui s'offre à nous. Celui-ci nous mène à une pièce fortement éclairée. Mes yeux me brûlent face au contraste de luminosité. Maintenant habituée à l'éclairage, je regarde autour de moi et découvre la haute silhouette d'un homme devant nous, il nous apostrophe :

- Bienvenue, mademoiselle Wilson. Je me présente, introduit-il en m'offrant la main, Marc.

- B... bonjour, bredouillé-je, peinée, qu'il connaisse mon nom.

- Morgan, vous pouvez y aller, je m'en occupe.

Sur ces mots, il disparaît.

- Désolé pour les manières de ce jeune homme, j'imagine qu'il n'a pas donné d'explication, n'est ce pas ?

Occupée à regarder les étagères géantes, autour de moi, s'écroulant sous les livres, je ne l'écoute pas.

- Mademoiselle Wilson ?

- Oui, oui... dis-je un peu trop vite, sortant de ma torpeur

Marc rit en remarquant mon air perdu.

- Suivez-moi.

J'obéis docilement et il m'entraîne vers une porte cachée entre deux bibliothèques. Que de livres, de toutes les couleurs, de tous les auteurs et de tous les genres, sûrement... Que j'aimerai tant me jeter dessus et les dévorer un à un.

Je me forçais à lire pour me cultiver, soit dit en passant c'est une petite entorse au règlement, les femmes n'ayant pas le droit à l'éducation. Mais je ne voulais pas finir illettrée, sans jugement et à la merci d'un mari qui prendrait toutes les décisions à ma place ce dont je me réjouirai, n'y comprenant rien. Ne pas finir comme toutes ses pauvres filles, vides, bonnes qu'à n'être engrossées.

Au fil des ouvrages, le goût de la lecture m'est venu et depuis il est devenu mon compagnon contre la solitude.

Derrière la porte, apparaît une immense pièce circulaire où trônent un bureau massif accompagné de sièges qui occupent le plus de place, laissant seulement assez d'espace pour quelques casiers en métal posés contre un mur.

Marc s'assit derrière le bureau et m'invite à prendre place sur un fauteuil devant celui-ci.

- Vous devez vous demander ce que vous faîtes ici.

J'avais totalement oublié cela. La découverte de cette endroit avait pris toute place dans mes pensées. Mais maintenant qu'il me pose la question, je suis bien curieuse. Il continue :

- Vous êtes ici pour un apprentissage très spécifique.

- Un apprentissage ?!?

Les mots sortent de ma bouche telle une cascade, comme un réflexe. Comment peut-il dire cela. Il n'a pas encore remarqué que je suis une fille ? À moins que je vienne de changer de sexe ? Tout cela me fais bien rire et peur en même temps. Ce doit être un test. Quel horreur à encore mis en place le Dirigeant pour nous effrayer ? À fin que l'on reste dans les rangs. Il faut que je sois le plus neutre possible, pour éviter toute peine en échouant ce contrôle. Je respire à fond et d'une voix calme et un ton irréprochable, je rétorque :

- Vous vous êtes trompé monsieur, si je peux me le permettre, mais je suis une fille et la loi m'interdit toute éducation. Je n'en ai pas besoin, les femmes ne doivent que se marier et faire de beaux enfants à leur mari.

J'espère que j'ai été convaincante.

- Arrêtez avec ce discours. Je suis on ne peut plus sérieux, mademoiselle, en vous faisant cette proposition. Nous ne sommes pas en société, ici, nous sommes au Sous-Noyau, une association souterraine qui a été créée dans le but de changer notre monde. Et nous vous avons choisi, non la science l'a fait pour nous bien avant, et maintenant vous êtes là pour commencer votre entraînement.

Je n'ai jamais entendu parler de cette organisation, avant. Et pourquoi m'ont-ils enlevée ? Que fait la science dans tout cela ?

- Je ne comprends pas, finis-je par articuler.

- Vous avez une particularité qui vous qualifie d'Élémentaire, vous n'avez pas besoin d'en savoir plus, pour l'instant.

Tout cela ne me dit rien qui vaille. Pourquoi autant de secrets ? Je ne comprends rien à son charabia. S'il croit m'avoir avec ses demi-vérités, il se trompe. Je ne suis pas aussi insouciante que j'en ai l'air.

- Je veux m'en aller, répondis-je

- Vous le pouvez, mais vous aurez du mal à cacher ce que vous êtes une fois dehors.

- De quoi parlez vous ?

- Si vous voulez en savoir plus, il faut que vous vous ralliez à notre cause.

- Vous me faîtes chanter ?

- Non, j'essaye de vous convaincre de venir apprendre à maîtriser vos dons, ici.

- Quel don ?

- D'être une Élémentaire.

- Arrêtez avec vos propos d'illuminés, vous êtes fou, je ne marche pas dans votre piège. Je sais que vous travaillez pour le Dirigeant et que c'est un test mais puisque je suis une fille je n'ai pas le droit à ce que vous prétendez m'offrir !

Marc se lève subitement et s'approche de moi, d'une voix calme mais coléreuse, il réplique :

- Mademoiselle, je doute que vous soyez assez sotte pour croire de telles énormités. Je vous répète encore que nous sommes hors des règles de la société, je ne travaille donc pas pour eux. Étant une Élémentaire vous détenez un pouvoir ce qui vous oblige à accepter mon offre. Aller à l'école, n'est ce pas votre prétendu rêve depuis toujours ?

- Comment savez vous ça ? D'où me connaissez vous ?

- Nous vous observons depuis votre plus jeune âge, tous les Élémentaires sont suivis dès la naissance. Vous êtes quelqu'un de rare, mademoiselle Wilson et nous voulons vous aider.

Son discours est tellement passionné que je suis à très peu d'y croire mais je ne suis pas aussi naïve.

- Je veux des preuves.

Et je suis catégorique. J'ai beau avoir abandonné l'idée qu'il travaille pour le gouvernement, je n'en suis pas moins méfiante.

- Si ce n'est que cela, je serai ravi de vous accompagnez à notre salle d'entraînement.

Il ouvre la porte qu'il avait fermée en entrant. Je me lève et le suis, curieuse.

Après avoir traversé de multiples couloirs, nous passons la porte d'une pièce dix fois plus grande que le bureau de Marc. Une dizaine de personnes y sont rassemblées. Ils s'entraînent, tous repartis en binôme. Certains font des exercices respiratoires, d'autres soulèvent des poids ou courent. Dans une deuxième salle, séparée par une vitre de verre, je n'arrive à distinguer que quelques silhouettes sans vraiment savoir ce qu'elles font.

Tout cela est impressionnant. Comme quoi, Marc disait vrai, on s'entraîne vraiment ici. Alors je serai comme tous ces jeunes, une Élémentaire. Ma défiance laisse place à de l'émerveillement. Mais alors que je réfléchis à intégrer cette école clandestine, je pense à ma mère et à Jules. Que feront-ils sans moi? "Ils vivront beaucoup mieux en ton absence, de plus si tu n'acceptes pas la proposition, tu seras un poids pour ta famille, n'étant pas fiancée..." me laissé-je à penser. C'est tout à fait exact. Rester ici est la meilleure solution. En plus, je rêve d'apprendre avec de vrais professeurs, comme le font les garçons. J'hésite un instant mais le doute s'envole bien vite.

- C'est d'accord, accepté-je.

- Bien, venez, je vais vous conduire à votre chambre.

L'Élémentaire {En Réécriture}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant