L'Élémentaire {En Réécriture}

Chapitre Trente

Les ressorts grincent mais je n'ai pas bougé. Le matelas s'affaisse sous un poids supplémentaire. Que se passe-t-il ? Est la première phrase qui me traverse l'esprit. Ma tête brumeuse trempe dans du coton et n'arrive pas à replacer les éléments assez vite mais au bout de quelques minutes tout revient. Tout revient comme une vague intense en souffrance. Je suis submergée et mon cerveau fonctionne à cent à l'heure en réfléchissant à ce qui se passe.

    Qui est là ? Il n'y a que mes yeux pour m'aider. Je les ouvre alors mais les referme instantanément. La lumière aveuglante m'en empêche. La main en visière, je soulève les paupières et distingue, à travers les rayons, une silhouette familière. Tout va bien, ce n'est que Morgan. Un instant j'ai cru aux pires des scénarios. Mais cela ne me dit pas ce qu'il fait sur mon lit. Je recule et le regarde, méfiante :

-    Qu'est ce qu'il y a ?

-    Rien.

-    Alors pourquoi tu es là ?

    Il rit et je n'aime pas ça.

-    Tu as oublié qu'on fait le voyage ensemble ?

    Je comprends tout de suite mieux son rire et rétorque :

-    Je me rappelle de tout, malheureusement. Mais que fais-tu sur mon lit ?

-    Rien.

    Son ton énigmatique ne me met pas de la meilleur humeur. Il sait très bien que je ne suis pas du genre à tourner autour du pot alors je lui lance un regard exprimant mon agacement. Ce qui le fait tout de suite changer de tactique.

-    Je... Je te regardais...

    Sa gêne est palpable et mon étonnement l'est tout autant.

-    Pardon ?

-    Arrête, tu m'as très bien entendu.

-    Pourquoi ?

-    Je ne suis pas obligé de te répondre, esquive-t-il.

-    Si !

-    Non !

-    Argh ! Tu ne vas pas commencer dès le matin ! Je suis fatiguée et tes histoires ne me plaisent pas.

-    Quelles histoires ?

-    Tes petits secrets, tout ce que tu ne veux pas me dire.

-    Les secrets sont censés le rester.

    C'est fini, il a réussi à m'énerver. Au moment où je lui demande un dixième de tout ce que je lui ai révélé, il se referme comme une huître. Je ne veux pas chercher plus loin. Ce qui veut dire laisser passer. Je n'ai pas l'esprit à ça aujourd'hui. Mes pensées ne sont tournées que vers la nourriture et mon ventre qui en réclame.

    Je repousse brusquement mes couvertures et saute en dehors des draps. Mes pas sont stoppés par Morgan :

-    Tu es jolie avec les cheveux courts.

    Je fais un tour complet en arrière et mon expression ne doit pas lui plaire car il s'est crispé.

-    Qu'est ce que tu as dit ?

-    Tu vois c'est pour ça que je ne veux pas te parler. Tu fais toujours ça.

    Il me désigne. Et je rougis sans raison.

-    Qu'est ce que je fais ?

    Ma gorge est nouée mais j'arrive néanmoins à articuler un tant soit peu.