Chapitre Vingt et un

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Seconde partie

Cela fait bientôt une semaine que nous marchons. Pas après pas, la distance s'ammenuise. La corde qui nous en sépare raccourcit au fil du temps. Dans quelques heures nous aurons atteint notre destination. Ma destination. Je sais qu'il ne voulait pas venir avec moi. Morgan me l'a fait ressentir tout au long du voyage. Les paroles qu'il a prononcé quelques jours plus tôt n'étaient que du vent. Une bise froide qui m'a glacée et s'est envolée laissant un sentiment mauvais derrière elle. D'ailleurs ce que je lui ai dit l'était tout autant. Cela fait sept jours qu'il ne m'adresse la parole que pour l'essentiel et encore. J'ai tant peu ouvert ma bouche que je ne crois plus avoir la capacité de parler.

    Je comprends qu'il ne veuille pas discuter, surtout avec moi qui ai réduit en miette le peu de relation que nous avions. Je l'ai humilié en l'embrassant de cette façon. La manière dont je l'ai utilisé pour atténuer mes pleurs était la pire chose jamais faite. J'agirais comme lui dans un cas comparable. Je ne lui en veux pas, je m'en veux à moi-même de m'être comportée aussi égoïstement. Je ne suis qu'une salle gamine égocentrique et manipulatrice. "Tu y vas un peu fort là, ma cocote ! " Ferme là !

    Je suis à un tel point que j'arrive même à crier mentalement. Je suis irrécupérable. Minable.

Perdue, je ne sais plus quoi faire alors que nous sommes à quelques minutes de ma maison. J'avais l'idée de tout expliquer à ma mère et rechercher son soutien. Mais est-ce la chose à faire ?

Si je n'essaye pas, je ne saurais jamais. Il faut que j'en parle à quelqu'un. À quelqu'un de l'extérieur qui ne soit pas embourbé dans tout ce bazar. Mais si j'en discute avec ma mère, je vais obligatoirement l'impliquer. Alors que faire ?

Tout s'emmêle et se mélange dans mon esprit comme si mes pensées avaient décider de se rassembler pour former un gros nœud indéfinissable. J'ai tergiversé sur ça pendant tout le trajet et maintenant il faut prendre une décision mais avec le recul je vois que toutes celles que j'ai prise ne m'ont mener qu'à faire du mal aux autres et... à moi.

Alors que nous nous engageons dans cette rue si familière qui me guidait vers ma famille, autrefois, après une journée passée à la Grande Bibliothèque ; je me décide mais sais d'avance que je vais le regretter comme à chaque nouvelle fois. Mais à ce moment là, je ne sais pas encore que mon choix va me changer à jamais et aura des répercussions monstres sur mon avenir.

Je m'arrête, pétrifiée, face à cette vielle porte en bois qui a du mal à tenir sur ses gonds. Cette porte que j'ai franchie un nombre incalculable de fois, celle qui va me conduire à ceux que j'aime...

Je frappe doucement puis accentue mon geste, de plus en plus fort. Morgan est comme une ombre, je n'y fais plus attention. Il a disparu au moment où le panneau s'ouvre découvrant une petite femme plantureuse avec des cheveux blond-roux et le plus doux des regards. Je ne peux plus respirer. Que va-t-elle faire ? Je suis sûre que j'aurais le droit à la pire des leçons de morale ou alors à une gifle bien mérité. Me refermerait-elle la porte au nez ? J'envisageais tellement de possibilités mais surtout pas celle qu'elle prend. Mon souffle est coupé quand elle se pend à mon cou en m'entourant de ses bras frêles.

Je ne peux pas empêcher les larmes qui s'échappent de mes paupières fermées. J'enfouis ma tête dans ses cheveux qui sentent la lavande. Ce parfum qui a bercé toute mon enfance me fait pleurer encore plus.

Laure se recule quand elle remarque l'homme qui m'accompagne. Comment lui expliquer qu'il est mon compagnon de voyage ? Comment expliquer qu'il est celui que je peux le moins supporter au monde mais qu'en plus on ne se parle plus à cause de ce que j'ai fait ? Je veux qu'elle comprenne. J'espère aussi ne pas l'avoir envoyer au fond du gouffre avec mon départ même si je n'ai aucun espoir. Tout est si complexe, si tordu, si difficile...

L'Élémentaire {En Réécriture}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant