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Petite musique pour accompagner ce nouveau chapitre. Cliquer au dessus pour écouter " Bad Day " de Daniel Powter.Mon frère franchit le seuil, insouciant. Il ne sait pas ce qui l'attend dans la cuisine. Comment va-t-il réagir ?
Il n'y a aucun espoir pour qu'il se pende à mon cou comme l'a fait notre mère quelques instants plus tôt. C'est impossible.
Ses pas se rapprochent gravement faisant couiner le vieux parquet usé sous ses pieds. Le bruit de ses semelles est de plus en plus net. Ma respiration l'est de moins en moins. J'oublie même de respirer. Une goutte de sueur glisse le long de ma colonne vertébrale et me fait frissonner. J'ai la tête basse quand il entre dans la cuisine mal éclairée. L'assiette dans mes mains glisse et vient s'écraser, avec un bruit assourdissant sur le sol, faisant sursauter tout le monde. Je n'ai même pas le réflexe de ramasser ma bêtise et au lieu de cela, je reste les bras ballant le long du corps.
Il a grandit depuis la dernière fois. Mon petit frère n'est plus si petit. Une larme tombe sur le sol et vient rebondir sur la porcelaine brisée. Jules s'avance et ses yeux s'arrondissent à ma vue.
Ses doux iris marrons qu'il tient de maman. Il reste figé comme arrêté dans le temps. Je voudrai tellement que le temps s'interrompe pour que je n'ai pas à affronter Jules.
"Ça va être ta fête ! "
Je n'ai même plus besoin de confirmer les dires de la voix car je sais maintenant qu'elle a toujours raison.
Je ne bouge pas du tout, comme lui. Puis ma mère, dans son rôle d'héroïne maternelle, vient nous "sauver".
- Tu es enfin rentrer ? Jules, ta sœur est revenue. Tu vois, j'avais raison il ne fallait pas s'en faire.
"Sauver". J'ai bien fait d'y ajouté des guillemets. Ça n'apporte rien de bien à ce qui se passe. Pour l'avenir, il faut que je me dise de ne jamais laisser tomber trop vite. "Je te le rappèlerai." Je remercie la voix mentalement comme toujours.
Il ne faut jamais laisser tomber trop vite car tout peut se passer différemment...
Jules revient à la réalité et me toise d'un regard dénué d'émotions. Il s'avance si rapidement que je ne le voie pas prendre mes poignets, qu'il tient fermement comme pour se convaincre que je suis bien là, vivante. Il s'écarte presque aussitôt et étouffe un cri avec sa main. Il recule sans faire attention aux débris de vaisselle qui craquent sous ses chaussures.
Je voudrai qu'il dise quelque chose même si c'est pour m'insulter. Mais je veux juste un mot. Comme si le sort s'acharnait sur moi, rien de ce que je prévois n'arrive.
Son doigt me pointe quand il parle enfin, d'une voix enrouée comme si cela faisait des mois qu'il n'avait pas ouvert la bouche :
- Toi ? Tu es là ? Pourquoi tu es là ? C'est vrai tu es là ? Tu es là ?
Il continue à répéter ça comme un mantra. Il n'y a aucune méchanceté dans sa voix, aucune tristesse, aucune joie. Seulement de la surprise.
J'essaye de m'approcher mais il recule et se cache derrière ma mère, comme un enfant peureux face à un inconnu. Suis-je devenue une inconnue pour lui ? Je ne le reconnais plus. Le Jules que j'ai quitté était plein d'assurance, avec un ego un peu trop spacieux et toujours réponse à tout. Je me souviens de ses remarques moqueuses mais pas de ça. Pas de cet effarement presque indescriptible. Il se protège toujours de moi derrière maman alors qu'elle est beaucoup plus petite que lui. Je commence à parler mais il me coupe :
- Chut, chut. Tais-toi. Ne dit rien Katelynn. Tu n'as pas à être là.
- Si ! Je suis revenue pour être là, avec vous.
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L'Élémentaire {En Réécriture}
FantasyQui a dit qu'une vie banale le resterait forcément ? Coincée au cœur d'un monde tyrannique, Katelynn ne rêve que d'une chose : la liberté. Alors qu'elle doit à tout prix se trouver un partenaire avant son dix-septième anniversaire, elle fait une r...