Chapitre Trois

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Ma "chambre" n'est autre qu'un dortoir en couloir remplit d'une demi-douzaine de lits. Le mien se place au-dessous d'une minuscule fenêtre. Quand Marc regagne ses activités, me laissant seule dans cette pièce, je m'assois sur ma couche qui grince sous mon poids, bien que je sois fine. Je lance mon seul escarpin restant au pied du lit.

Je me demande qui sont les personnes qui dorment ici. J'espère me faire des amies. Peut-être ai-je accepté cette offre un peu trop vite ? Mais pensant aux lois que je vais transgresser en n'épousant personne et au chagrin que j'apporterai à ma mère, je suis sûre d'avoir fait le bon choix. De plus une fois adulte, sans mari, je devais quitter mon foyer et me retrouver dans la rue qui est une idée qui ne me réjouit pas plus que ça. Je n'ai que trop aperçu la condition des filles rejetées, obligées de mendier pour survivre. Une fois, une blonde, jolie fille sûrement, sans toute cette saleté accumulée lors de son séjour sur le trottoir m'avait demandé un peu d'argent et sa main décharnée s'était tendue vers moi. Je n'avais pu lui donner qu'un vieux crayon et un bouton qui venait de tomber de mon manteau. Elle m'avait remerciée et avait compris que même si je n'étais pas à la rue, je ne vivais sûrement pas avec des édredons cousus de fils d'or.

Sa détresse m'avait déchirée mais même après mon malheureux don je me sentais fière d'avoir agis. Je ne me voyais pas, parcourant les trottoirs à la recherche d'un revenu invisible et hors d'atteinte. Je ne me faisais pas non plus à l'idée que ma mère puisse me jeter comme un déchet, renonçant à garder son unique fille...

Je préfère ne plus penser à cela. Je bascule sur l'oreiller et m'enfonce un peu plus dans le matelas et ferme les yeux.

À mon réveil, il y a de l'agitation autour de moi. Encore les yeux embués de sommeil, je ne remarque pas que tout le bruit alentour vient de cesser.

Six filles, toutes plus âgées que moi, me scrutent avec méfiance. Gênée par toute cette attention, je baisse la tête. Une voix cristalline lance :

- C'est toi la nouvelle recrue ?

Je lève les yeux vers celle qui a parlé, une rousse aux yeux noirs, elle a le visage en cœur.

J'entreprends de lui répondre mais avec une timidité non feinte :

- Oui, c'est moi, enfin je crois...

- Tu vois bien, je te l'avais dit d'y aller doucement avec elle, tu l'as terrifiée, chuchote une blonde au regard d'or.

- Non, elle... Je n'ai pas fini ma phrase que la blonde s'approche de moi comme d'un animal blessé :

- Tout va bien, moi c'est Diane. Et voilà Rebekah, elle me montre la fille rousse ; Cassandre, une fine brune aux yeux verts très clairs ; Alice, elle porte un pansement sur son nez recouvert de tâches de son et ses cheveux noirs lui arrivent aux oreilles, coiffure très rare puisque c'est interdit d'avoir les cheveux aussi courts pour une fille ; Juliette, une grande aux cheveux si clairs, qu'ils sont presque blancs, j'ai l'impression de la connaître mais passons; et enfin Cassiopée, ce doit être la plus jeune, une jolie frange châtain lui recouvre le front. Nous sommes tes nouvelles compagnes de chambre! fini Diane, toute excitée.

- Salut...  J'essaye d'adopter le même ton enjoué mais je n'y arrive pas.

- Ça va ? me demande Cassiopée

- Oui, pourquoi ?

- Non, ce qu'elle veut dire c'est que tu as dormi longtemps, intervient Alice.

- Ah bon ? J'ai dormi combien de temps ?

- Quelques heures, on comprend, tu dois être fatiguée, à cause du voyage, glisse Cassandre.

L'Élémentaire {En Réécriture}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant