L'Élémentaire {En Réécriture}

Chapitre Quarante et un

Il fait noir et ma vision en est troublée. Je n'arrive même pas à distinguer le visage de Morgan qui est pourtant si proche du mien. La situation m'échappe. Je ne comprends plus rien. Où sommes nous et pourquoi le soleil nous a quitté ? Mes souvenirs mettent du temps à revenir et je peux enfin me rappeler de l'homme au masque. Qui est-il ? Que nous est-il arrivé ? Tant de questions que je ne peux formuler à cause d'une vive douleur à la gorge. Je peine à respirer comme si ma trachée s'était asséchée. Il me parle mais je n'entends rien, tous les sons se bousculent et se rencontrent pour ne former qu'un charabia incompréhensible. Sa bouche continue de bouger dans la pénombre puis soudain je le sens se figer. Qu'est ce qu'il y a ? Impossible à savoir. Morgan finit par se retourner et se place devant moi dans un geste protecteur. Que se passe-t-il pour qu'il soit si tendu et prévenant ? Tout ça m'irrite. Je n'aime pas quand je ne réussis pas à comprendre ce qui se passe. C'est comme si je ne contrôlais plus rien alors qu'au départ il n'y a pas grand chose que je puisse maîtriser.

La peur m'envahit, elle est beaucoup trop présente en ce moment. Pourquoi ? Je ne crois pas un jour cesser de poser cette question sans obtenir de réelle réponse. Une autre voix se joint à celle de mon compagnon. À qui appartient-elle ? Je me penche pour vérifier sa source mais le manque de lumière m'en empêche. Je secoue le bras de Morgan pour attirer son attention mais il reste concentrer sur son interlocuteur.

Décidée à comprendre un minimum de choses, je tente de me relever mais en vain. Je ne tiens pas sur mes jambes engourdies. Je jure et réessaye mais sans résultats. Tout cela est frustrant. J'entends alors ce qu'ils se disent comme si mes oreilles venaient de se déboucher soudainement  :

- Tiens, tiens, vous êtes réveillés ? Magnifique !

- Qui êtes vous ?

La voix de L'Élémentaire est faible et tremble quelque peu. J'ai l'impression de connaître le timbre de l'homme, il a une intonation qui m'est familière. Mais je n'arrive pas à y mettre un nom. Mon cerveau est toujours embrouillé et ma vue l'est tout aussi. Du fait que je ne parviens à sonder que mes membres à travers cette couche noire et opaque. De la corde se détache à chacun de mes mouvements. Je crois qu'elle a été tranchée mais j'ai un doute. La découpe n'est pas nette c'est alors que je me rends compte de l'odeur âcre qui en émane. Celle du feu, d'une chose brûlée. Je n'arrive pas à me faire à l'idée que Morgan ait pu utiliser son pouvoir, étant toujours retissant à s'en servir.   

Je retire mes liens et me frotte les paupières en quête de netteté. Mon action s'avère bénéfique car je perçois enfin à travers l'obscurité. Je sais maintenant qu'il ne fait pas nuit mais que cette noirceur est due à l'ombre des arbres au-dessus de nos têtes. L'homme qui nous fait face est assez grand mais moins que Morgan. Il s'est retiré dans une partie plus sombre de la forêt de sorte à ce que l'on ne le voit pas mais lui doit avoir le même rendu en ce qui nous concerne. La silhouette met du temps à répondre à la question de mon ami puis articule enfin de sa voix grave et masculine :

- Aucune importance. Je devrais plutôt vous retourner la question.

Je suis dans le brouillard total maintenant. Cet individu nous capture et ne sais même pas qui nous sommes ? Serait-ce un passe-temps ? Enlever les gens et les interroger tranquillement au milieu d'une forêt effrayante ? On peut peut-être s'imaginer qu'il nous relâchera après son petit jeu. Je déteste quand on ment mais alors quand on se moque de moi c'est encore pire. Je conclus rien qu'avec cette réponse inattendue qu'il ne fait pas partie de la Garde. Le Dirigeant ne travaille pas comme ça, enfin ses larbins n'agissent pas de cette façon.

Je devrais être dans tous mes états mais savoir que notre kidnappeur ne nous connaît pas est à notre avantage, nous pouvons donc utiliser nos pouvoirs sans qu'il le sache. En attendant Morgan continue de parler à l'étranger :

- Pourquoi nous avoir enlever ?

- Vous ne répondez pas à la question.

- Vous non plus.

L'homme n'a plus d'issue, mon compagnon l'a acculé dans un cul-de-sac, il est obligé de répondre.

- Vous êtes une menace.

Sa nouvelle réplique ne me rassure pas. Sous-entend-t-il qu'avec nos pouvoirs nous sommes dangereux ? Connait-il vraiment notre nature ? Trop d'interrogations muettes et sans réponse me viennent à l'esprit. C'est à rendre fou. Ce tourbillon à pris racine dans mon crâne et me fais souffrir comme si des pics s'y enfonçaient. Je tente de parler mais aucun mot ne franchit mes lèvres. Ne pas pouvoir agir m'énerve encore plus. La discussion continue :

- Une menace ?

- Je ne vais pas vous donnez la définition quand même ! Les gars rappliquez, ils sont conscients et assez pour tenter de s'échapper !

Des pas précipités se rapprochent et bientôt deux autres personnes rejoignent la première. L'un est grand et longiligne tandis que l'autre est plus petit et trapu. Ils approchent mais leur visage est caché par le même masque noir que l'homme de ce matin. Qu'avons nous fait pour mériter ça ? Plein de choses mais je ne trouve rien de si terrible pour vivre notre second enlèvement à Morgan et moi. Au moins cette fois nous sommes ensemble.

Leur approche lente et intimidante sonne l'alarme "DANGER" dans ma tête. Je tremble et me redresse péniblement puis m'accroche au corps de Morgan qui est comme une bouclier humain. Je promène mon regard aux alentours et repère une forme noire et avachie contre un tronc à notre gauche. Elle ne bouge pas. Je traverse toutes les possibilités à la vitesse d'un éclair et je me rends compte que ce n'est autre que Rebekah, assise sur le sol et inconsciente ou pire...

Je ne veux pas prononcer ce mot avant d'en avoir le cœur net. Je m'élance dans sa direction évitant les réflexions et les gestes de Morgan. Il ne m'empêchera pas de la voir. Les hommes ne font plus attention à moi et se jettent tous sur Morgan. Je laisse échapper un cri mais mes membres sont tétanisés. Il faut vraiment que j'apprenne à me battre dans ces moments là. Mais ce n'est plus le moment d'y penser, il faut que je bouge maintenant !