Chapitre Seize

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La nuit est tombée. Les étoiles scintillent dans le ciel dégagé. Je n'arrive pas à dormir. Je regarde ces petits spots lumineux dansant sur l'encre noire.

C'est tellement beau. Je rêve souvent de tout ce qui peut se trouver si haut. L'immensité de ce paysage offre une infinité de possibilités.

    Mon poignet me chatouille, le végétal s'enroule et se déroule sous les rayons de lune lui donnant quelques reflets argentés. Depuis ma crise, je le vois autrement que comme un bracelet. Plutôt comme un compagnon ? Cette plante ne me quitte jamais. Je ressens presque une certaine affection en la voyant se tortiller comme un animal de compagnie qui me ferait la fête.

    Je ne contrôle rien, elle bouge toute seule. Ou peut-être pas ? Elle s'écarte et effectue une petite valse improvisée à la belle étoile. Je la taquine du doigt et elle s'y attache comme pour me câliner. J'émets un faible éclat de rire.

-    Tu ne dors pas ?

    Surprise par sa voix grave inattendue, je détourne la tête et le voie. Ses yeux étincellent dans le noir. Depuis combien de temps est-il là, à me regarder ?

-    Non, je n'y arrive pas.

-    Dure journée.

-    Oui... C'est le mot.

    Ses lèvres s'étirent en un faible sourire qui s'élargit peu à peu. Je ne l'ai pas vu tellement le faire mais cela lui arrive de plus en plus souvent. Il a un très beau sourire, des dents blanches alignées ourlées de lèvres pleines.

-    Je suis désolée. J'ai dû paraître folle tout-à-l'heure en frappant ce pauvre chêne, dis-je, gênée.

-    Ce n'est pas grave, ça arrive à tout le monde... euh, non pas à tout le monde mais à nous, oui, se rattrape-t-il puis continue :

-    Au fait, tu as toujours mal aux mains ?

-    Non, plus trop, merci.

    Juste après m'être calmée, Morgan m'a demandé d'entourer mes mains avec des feuilles de chênes pour éviter l'infection. Tout cela je le savais, les propriétés médicinales des plantes, les blessures, le corps humain. J'ai lu tellement de livres dessus que je me sens idiote de ne pas y avoir penser avant lui.

    Je me laisse envahir par la fatigue et me rends au marchand de sable pour le supplier de m'emmener au pays des rêves . Ce qu'il fait merveilleusement.

Cela faisait quelques temps que je n'avais pas aussi bien dormi...

    Une voix enfantine. C'est le premier son qui franchit le seuil de mes tympans. Un rire, des chuchotis, des paroles. J'ouvre un œil puis l'autre. Le soleil est haut dans le ciel et m'aveugle. Je peine à m'habituer à sa luminosité.

    Un petit visage dodu me salue de sa minuscule main potelée. Le bébé me saute sur le ventre ce qui me coupe le souffle un instant. Il s'amuse avec mes cheveux, les enroule sur son doigt et quand il veut les porter à sa bouche je les lui écarte. Il est mignon avec sa bouille joufflue de bambin. Je glisse mes mains sous ses aisselles et le pose sur l'herbe sèche. Ça me fait tellement mal de la voir dans cet état que j'use un peu de mes capacités. Lorsque je lui ai fait retrouvé son vert naturel, une femme entre dans mon champ de vision :

-    Bonjour ! En remarquant son fils (enfin je crois qu'il l'est) elle crie :

-    Oh, non ! Qu'est ce que tu as encore fait, Jonathan ?! Elle le prend dans ses bras et lui caresse la tête en continuant, cette fois elle s'adresse à moi :

-    Je suis désolée. Il n'écoute jamais rien ! Bonjour, je m'appelle Kristal, ravie de vous rencontrer !

Je ne m'encombre pas de préliminaire et lance, déstabilisée :

L'Élémentaire {En Réécriture}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant