Chapitre Soixante-sept

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J'ai tellement peur de la perdre. Je ne veux pas. Elle est la seule chose qui ait éclairé ma vie. Je ne veux pas qu'elle meure. Son baiser était celui d'un adieu. Elle sait que la mort l'attend. Kate m'a sauvé en se sacrifiant et je veux lui rendre son geste.
Alors que je m'apprêtais à la ranimer. Les fougères, les plantes, les arbustes et même les branches des arbres se rapprochent de ma compagne, se liant à une partie de son corps et s'enroulant autour de celle-ci. Ce bal magnifique, de vert, clair ou foncé, de fleurs et de feuilles d'une multitude de couleurs convergent vers sa silhouette inanimée. C'est un réel feux d'artifice sauf que tout cela est naturel...

    L'environnement se fond dans sa peau blanche. En quelques instants, Kate se retrouve enfouie sous les végétaux. Seule sa tête en ressort comme détachée. Je détourne le regard de cette vision macabre. L'envie de vomir me prend la gorge mais je me maîtrise.

    Quand j'ose enfin revenir à ce spectacle floral, toutes les plantes ont déjà disparues et il ne reste plus qu'une forme claire au milieu de tout ce vert. Kate est presque nue sur l'herbe et son corps est sain. Plus rien ne la blesse. Sa peau est fraîche comme celle d'un nourrisson. Même sa cicatrice à la jambe est absente.

Katelynn est vivante. Elle est si belle, si parfaite. Son visage est taché de rouge. Je déchire un morceau de mon pantalon et le trempe dans une fontaine du jardin lui ôtant le plus de sang possible. Cette odeur métallique me brûle les narines, je ne voudrai plus jamais voir ce liquide rouge. Le tissu imbibé, je me penche sur sa figure et entame un nettoyage minutieux en partant de son front pour dessiner le contour de son nez passant sur ses pommettes saillantes et finir sur sa bouche rose et charnue. Je suis vraiment incorrigible en pensant à notre baiser. Elle est dans un état pitoyable et je ne pense qu'à ça. Pourtant je ne cesse pas et la réveille en exerçant une légère pression sur ses lèvres.

    Ses yeux bleus se posent sur moi et je ne peux arrêter de sourire comme un idiot. Elle se regarde et rougis simultanément. Je lui souffle :

-    Tu ne devrais pas avoir honte. La nature t'a faite ainsi.

Son expression vire de la grimace au sourire contrit.

Je l'embrasse une deuxième fois plus tendrement que je ne l'ai jamais fait. Mais Kate passe directement à la vitesse supérieure en y répondant ardemment.

    Soudain comme si la bulle de silence qui nous protégeait il y a une seconde venait d'éclater, les bruits jaillissent comme mille et un impacts sur mes tympans.

Je m'écarte le plus vite possible de Kate en prenant conscience des combats autour de nous. Mes instincts reprennent le dessus et mon cerveau fonctionne à la vitesse d'un éclair.

Je me déshabille mais garde la combinaison élémentaire. Je recouvre Kate qui est encore faible. On ne peut pas combattre dans cet état. J'espère que la nouvelle de la mort du Dirigeant arrivera à leurs oreilles avant qu'ils ne nous trouvent. Par chance le jardin est celui de sa femme, il est à côté des appartements du Dirigeant c'est-à-dire à l'opposé des combats et par conséquent on a encore un peu de temps.

    Pendant un instant, Katelynn avait réussit à faire disparaître toutes mes pensées, tous mes problèmes comme si elle était la seule solution permettant de me soulager de tous les poids qui m'incombent.

Je repense à tout, chacune des dernières minutes me fouettent et je crois même ressentir des brûlures sur mon esprit déjà tourmenté.

    Je viens de faire un acte affreux. Aujourd'hui, j'ai ôté la vie à un humain et cet homme a compté pour moi, un jour, mais c'était il y a bien longtemps.

Je ne m'aurais pas cru capable de le faire. Mais sauver Kate était la priorité et ça l'a sauvée.

    Je la fixe en attendant qu'elle reprenne ses esprits. Ses yeux se ferment et s'ouvrent pendant un moment avant de se pencher sur moi. Katelynn a l'air beaucoup plus lucide que tout-à-l'heure. Elle arrive même à parler pourtant j'aurais préféré qu'elle se taise :

-    Pourquoi m'a tu laissée ? Arrête de me mentir, Morgan. Tu ne voulais pas que me protéger, il y a une autre raison et je veux la connaitre.

Je ne me fais pas attendre et déballe tout.

-    Quand je suis allé fouiller son bureau, bien avant que tu viennes me voir, il allait partir en voyage comme tu me l'as dis plus tard mais avant il est passé à son bureau. Je n'ai pu récolter que très peu d'informations pour la mission à l'époque. Je me suis caché dans une armoire juste avant qu'il ne m'aperçoit. Quand il est sortit, j'ai vu son visage. Comme tout le monde, on ne connaît pas réellement l'identité du Dirigeant. C'est un personnage qui se fait assez discret.

-    Je le sais mais ça ne m'apprend rien.

-    Kate, tu promets de ne pas me détester ?

-    Pourquoi le ferai-je ?

-    Pour rien, promets moi juste.

-    Je te le promets, dit-elle, perdue.

-    Ce visage ressemblait traits pour traits à celui de mon géniteur. Kate, le Dirigeant est mon père.

L'Élémentaire {En Réécriture}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant