Chapitre Onze {1}

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Marc et la hiérarchie au-dessus de lui, m'ont confié une mission d'espionnage. Nous devons intégrer le palais de la Paix, résidence du Dirigeant pour voler quelques documents et en apprendre plus sur les opérations de ce dernier.

Ils auraient pu choisir des personnes plus entraînées mais Marc a insisté pour que ce soit des Élémentaires. Alors Juliette, Diane et moi partons escortés par Tom car il est de la Garde mais une fois là-bas, il nous laissera. Je n'ai pas envie de le quitter. Même s'il sera dans le même bâtiment, nous n'aurons pas le droit de nous adresser la parole. Il est devenu un ami, il m'a soutenu quand Morgan ne se réveillait pas, il m'a aidé quand j'en avais besoin et ne m'a jamais jugé. Ou alors il n'a pas eu le temps de le faire...

Je me retrouve pour mon dernier repas à la base. Le soleil n'est même pas encore levé. J'ai passé une nuit agitée de cauchemars ; le Dirigeant et la Garde les monopolisaient.

Je suis fatiguée mais tiens grâce à la perspective de ma mission. Je vais enfin être utile. Nous partons dans dix minutes. Je suis attablée dans le réfectoire, Juliette est en face de moi. Elle se porte beaucoup mieux qu'à son arrivée et Marc a accepté qu'elle fasse partie de la mission.

Je n'ai pas vraiment d'appétit mais me force à avaler du pain beurré et du thé.

Le liquide me réchauffe et j'écoute d'une oreille les plaisanteries de Tom, il est vraiment celui qui anime notre groupe :

- Il aurait dû m'informer que j'étais le seul gars, ici. Je crois que j'ai besoin de pleurer, c'est tellement dur d'être entouré d'autant de filles. Il fait mine de s'évanouir.

- Ne te plains pas trop, monsieur testostérone, le rabroue gentiment Diane.

Elle sourit, tout le temps, maintenant que j'y pense, comme si elle n'avait aucun problème, qu'elle était heureuse mais elle doit caché une profonde tristesse. J'admire son courage et la force dont elle fait preuve pour taire ses démons.

- C'est vrai, Diane a raison. En plus je ne savais pas qu'être entouré d'autant de filles te gênerait... Juliette lui fait un clin d'œil.

Ces deux là se sont entendus dès leur présentation et je crois qu'ils se rapprochent de plus en plus. Ils ne devraient pas. Juliette n'aurait pas le droit de le voir pendant toute la mission et inversement. Mais je crois qu'elle s'en fiche et désobéira pour passer du temps avec lui. Je suis heureuse et triste à la fois. C'est super qu'ils s'entendent mais impossible. Toute cette guerre sépare les familles, les amis et les couples...

Nous finissons de préparer nos sacs après le petit-déjeuner. La nuit dernière, on a installé un lit dans ma chambre pour Juliette. Nous nous retrouvons, Diane, Juliette et moi dans cette même chambre pour vérifier les sacs fournis par Marc pour le voyage, il y a tout...
Je trouve un bouton par terre, il est beige. Il me fait penser à celui que j'ai donné à Juliette et une idée germe dans mon esprit. Je le prends dans ma main et m'approche de mon amie :

- Je sais que ce n'est pas celui que tu as perdu, mais bon...

Je lui prends la main et dépose le bouton clair dans la sienne. Juliette le regarde puis lève des yeux remplis de reconnaissance et de joie vers moi. Elle me prend vivement dans les bras et je chancèle un peu.
Mais l'entoure comme je l'aurais fait s'il s'agissait d'une sœur. J'ai beaucoup d'affection envers elle. Elle est un peu mon modèle, Juliette est forte et elle ne se plaint jamais mais en même temps j'ai envie de veillé sur elle comme sur une petite enfant... 

Nous restons longtemps dans les bras l'une de l'autre. C'est elle qui met fin à l'accolade en reculant :

- Merci, Katelynn. Tu es tellement, tellement compréhensive. Garde cette qualité, elle te servira beaucoup.

Nous sommes quatre jeunes adultes à se tenir devant un homme d'une quarantaine d'années avec des cheveux poivre et sel. Je remarque que ses iris ont presque la même nuance de bleu que Jules, mon petit-frère, mais en plus foncé. Il nous examine.

Je suis prête à commencer. Ce n'est pas sur le champ de bataille que je me rends mais je ressens une angoisse particulière même si je n'ai rien à craindre.

J'ai changé au cours de ces dernières semaines et je ne sais pas ce qui m'attend pour les prochaines mais j'admire ma confiance ou mon imprudence, qui sait ?

Marc commence :

- Vous êtes des femmes de chambres, connaissez vous vos identités, les filles ?

- Marie Town, enchaîne Diane.

- Ève Bloom, continue Juliette.

- Aurore Danvers, finis-je.

- Parfait.

Daphné ne nous accompagne pas et préfère restée ici malgré les recommandations de Diane, de plus elle n'est pas une Élémentaire. Diane et elle sont de bonnes amies, c'est triste de les voir se séparer. Elles se sont dit au revoir, il y a environ cinq minutes et des sillons de larmes recouvrent encore le visage de Diane.

Nous nous dirigeons vers la sortie quand Marc nous retient :

- Attendez, une autre personne doit vous accompagnez.

- Qui ? demandé-je

Une silhouette se dessine derrière lui. J'ai envie de partir sans me retourner quand je le reconnais, notre dernier échange m'a tellement énervé. Je ne veux toujours pas lui parler, d'ailleurs.

Morgan rejoint notre groupe, il est prêt et porte un sac sur son épaule. Il me fixe et je tourne la tête, je ne veux pas le voir. Ses yeux me brûlent la nuque. Nous sortons de la base par le passage principal.

Une journée de marche nous attend et je ne souhaite pas avoir Morgan sur le dos. L'indifférence est ma meilleure défense. Mais lui n'est pas près de lâcher le morceau.

L'Élémentaire {En Réécriture}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant