Je me tourne vers l'origine de ce bruit et remarque qu'elle a ouvert les yeux. Rebekah s'est réveillée ! Je la serre dans mes bras instinctivement. Elle grogne une nouvelle fois avant d'articuler :
- Je peux plus respirer.
- Désolée, dis-je en me détachant. Ça va ?
- Oui pourquoi ?
- Parce qu'il faut aller aider Morgan.
Elle regarde derrière moi et retient sa respiration. Que se passe-t-il ? Je me retourne et m'aperçois que la situation n'a pas changé. Il doit s'être passé très peu de temps entre le début de la bagarre et la guérison de la grande rousse.
- Vite ! Dépêche toi !
Je lui prends le bras pour la relever mais elle a toujours les yeux exorbités et la bouche scellée. J'espère qu'elle n'a pas de séquelles dues à mon intervention. Quand nous sommes assez près de nos kidnappeurs, je crie pour détourner leur attention :
- Morgan !
Je me rends alors compte que Morgan à l'avantage sur les trois hommes grâce à son pouvoir mais qu'il ne l'a pas utilisé. Il y a quelque chose qui cloche.
Ils se retournent tous après mon cri et me regardent, ahuris. L'un d'eux, de son accent chantant du sud, demande :
- Morgan ?
Les autres l'imitent. Puis le plus athlétique des trois reprend la parole :
- Morgan Dorsett ? Qu'est ce que tu fais là et c'est qui les deux autres ?
Morgan ne répond pas et je m'écris alors :
- Qui êtes vous et comment le connaissez vous ? Qu'est ce que c'est que cette histoire ?
- Ce sont les gars du Sous-Noyau, chuchote Morgan.
- Will, Hugo et Maxence... murmure Rebekah.
- Quoi ? Comment savez-vous ça ? demandé-je, encore sous le choc.
L'Élémentaire de feu fait apparaitre une petite flamme violette qui rougie pour devenir jaune et éclaire les visages qui nous font face. Je reconnais tout de suite les trois garçons et dire qu'ils nous ont enlevés !
- Rebekah, Katelynn et Morgan qu'est ce que vous faites là ? questionne Hugo.
- On vous retourne la question, dis-je.
- On protège le camp des indésirables sauf qu'on ne vous a pas reconnu, rétorque Will de son ton toujours aussi déplaisant que dans mon souvenir.
- Quel camp ? m'enquiers-je.
- Celui de Marc et d'Hélène.
- Quoi ? soufflons nous tous ensemble.
Pendant la demi-heure qui suit, les trois garçons nous expliquent un peu la situation. Apparement le camp qu'on occupait avec Morgan n'était qu'un poste de plus des Renégats, ceux qui lance des attaques au Palais de la Paix. Mais malheureusement le campement était menacé par des troupes du Dirigeant en approche. Alors ils ont remballés leur affaires et ont pris la route pour le camp de Marc. Comme l'infrastructure s'est largement agrandit, il est nécessaire d'envoyer des patrouilles régulièrement autour pour le protéger et mettre en garde les gens de ne pas revenir. Sauf que notre petit groupe était apparement presque à l'entrée du camp donc les garçons ont été obligés de nous emporter plus loin pour nous relâcher avant qu'on se réveille mais ils ont été appelés pour une réunion juste au moment où on sortait de notre sommeil et le temps qu'ils regagnent leur poste on s'était déjà libérés. Ils sont donc passés en improvisation, c'est-à-dire tout faire pour nous rattacher et encore nous assommer pour recommencer l'opération. Ils ne nous ont pas reconnus car il n'y avait pas encore assez de lumière à l'aube et dans la forêt impossible de remarquer les ressemblances. De plus nous avons changé. Mes cheveux plus courts, mes nombreuses tâches de rousseurs dues au soleil et la boue sur mes vêtements ont fait qu'ils ne m'ont pas reconnue. Morgan ne s'est pas encore rasé et une barbe lui mange les joues, ses cheveux ont poussés depuis et lui arrivent en dessous des oreilles, sa peau a prise un peu de couleurs. Nous avons aussi tous perdus quelques kilos qui ont un peu creusés nos visages. Rebekah, elle, est reconnaissable mais pas aussi pimpante qu'à son habitude. De plus ses cheveux broussailleux et ternes lui recouvraient le visage ne permettant pas de l'identitifié.
J'étais la seule à ne pas voir la ressemblance des gars. Avec l'ombre des arbres, je ne distinguais rien mais je n'avais pas vraiment envie de les voir non plus. Pour moi ils étaient déjà catégoriser dans la case "hommes méchants", je les pensais fous pour nous enlever. Ce n'était que des types payés pour faire le sale bouleau. Je n'avais pas besoin de leur identité pour arriver à cette conclusion alors pourquoi chercher ?
Morgan ne les avait pas attaquer et les empêchait même de l'atteindre pour réussir à les calmer puisque de si près il avait vu qu'ils ne lui étaient pas inconnus. Rebekah les avait cerné tout de suite c'était pour cela qu'elle avait eu une expression aussi bizarre, qui n'était juste que le reflet de sa surprise.
Je n'arrive toujours pas à y croire. Nos amis, enfin c'est vite dit, nous ont enlevé pour protéger un camp, où d'autres de nos connaissances participent à une résistance illégale.
Je n'aurais jamais cru que Marc pouvait trahir le Sous-Noyau pareillement. De la part d'Hélène, ce n'est pas surprenant puisque cette femme s'est déjà faite passer pour morte, même si au fond de moi je la croyais meilleure.
Nous ne connaissons jamais vraiment les gens qui nous entourent. J'essaye quand même de les connaitre le plus possible pour n'arriver qu'à des échecs. Je suis une imbécile insouciante.
Les garçons s'excusent encore de ne pas nous avoir reconnue. Je comprends assez leur action, ils tentent de protéger des gens qu'ils ne connaissent peut-être pas mais qui forment tout de même un organisme dont ils soutiennent la cause. C'est un but, une raison d'être, un travail qui leur permet de garder la tête froide dans des périodes si noires.
Mais je ne pense pas qu'ils se soient tournés vers les bonnes personnes. Ces gens sont des casseurs qui ne veulent rien à part renverser le gouvernement. Ils n'ont aucun projet d'avenir pour la société.
"À ta place, je me tairais. Tu ne sais rien des Renégats."
Mais comment cette voix pourrait savoir quoi que ce soit d'eux pour faire une telle remarque ? Bien sûr quand je lui pose la question elle ne me donne aucune réponse. Je sais qu'il ne faut pas juger les gens mais leurs attaques au Palais m'ont bien informé sur les personnages. Ils ne cherchent que le conflit.
"Tu ne penses pas mieux, Kate. Ne te voile pas la face."
Qu'est ce que tu peux en savoir ?
Rien. Cette femme me parle alors que je n'ai rien demandé mais quand je le fais, elle se tait. C'est incompréhensible d'autant plus que sa présence dans mon esprit.
"Tu comprendras quand il te dira tout."
Qui me dira tout ? questionné-je.
"Ton père t'expliquera."
Je reste bouche-bée face à cette phrase. Mon père ? Comment puis-je parlé à un mort ? Il viendra occuper mes pensées et me parler comme le fait cette femme ? D'ailleurs qui est-elle ? J'imagine sans doutes toutes ses paroles. Mais personne ne peut le confirmer ni l'affirmer alors je reste dans ce brouillard opaque qui m'entoure comme un second foyer qu'est l'incompréhension.
- Katelynn, ça va ?
Je me tourne vers Hugo qui me regarde d'un air soucieux. Parmi les trois, c'est celui qui m'a fait la meilleure impression. Il est gentil. Je ne comprends pas comment mais je le sais.
- Oui, c'est rien, j'étais juste perdue dans mes pensées.
" C'est sûr !"
Le petit ricanement de la voix finit par m'horripiler et je me contrôle pour ne pas crier. Déjà que la confiance entre nous six n'est pas très présente alors mon comportement de folle n'arrangerait pas les choses.
C'est incroyable de constater que cette personne à l'autre bout de mon esprit peut changer de comportement si fréquemment.
Je sens quelqu'un me fixer. Morgan ne me quitte pas des yeux. Il a compris que je me débattais avec la voix. Comment fait-il pour autant saisir chacun de mes gestes et de mes paroles ? J'ai l'impression qu'il dispose d'un traducteur qui interprète toutes mes actions derrière la façade que je n'ai pas si bien construite. J'ai beau éloigner les gens, lui, parvient toujours à trouver un chemin.
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L'Élémentaire {En Réécriture}
FantasyQui a dit qu'une vie banale le resterait forcément ? Coincée au cœur d'un monde tyrannique, Katelynn ne rêve que d'une chose : la liberté. Alors qu'elle doit à tout prix se trouver un partenaire avant son dix-septième anniversaire, elle fait une r...