Chapitre Treize {4}

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Je ne veux même plus regarder ma jambe. Je ne peux pas m'empêcher de crier. Les doigts de Morgan se retirent et il s'approche de moi :

- Vous pouvez marcher ?

Je me calme pour lui répondre :

- Je ne crois pas.

Je suis sérieuse et essaye de contenir un autre cri de souffrance quand je déplace ma jambe.

- Accrochez vous.

J'entoure de mes bras le cou de mon professeur pendant que mes jambes pendent le long des siennes. Je me force à tenir. Morgan déplace mes cuisses sur ses hanches le plus délicatement possible et s'avance pour commencer à monter dans l'arbre, je l'arrête juste avant :

- Vous êtes sûr ?

- Nous sommes coincés ici et rester à terre la nuit dans une forêt n'est pas très recommandé.

Je ne discute pas, me cramponne à son torse svelte et pose ma tête sur son épaule.

Une fois dans l'arbre, il me détache de lui et me place sur un entrelacs de branches. Ma jambe pendille mollement dans le vide et Morgan la cale sur une autre branche. Il enlève sa tenue grise et je tourne la tête ne voulant pas le voir sans, même s'il porte sa combinaison en dessous. C'est si puéril...

- Vous devriez faire pareil, me conseille-t-il

Je passe la robe au-dessus de ma tête mais elle reste coincée à cause du manque d'espace. Je ne peux pas lever mes membres sans me blesser et mes bras restent à demi-pliés se battant dans une robe. Comme quoi, ma maladresse me rattrape toujours...

- Besoin d'aide ? il a reprit son ton désinvolte.

Je grogne. Je sens ses mains attraper le vêtement et le tirer. Il me dégage vite de cette robe. J'ai honte et suis cramoisie quand il me regarde avec amusement. Ce qu'il peut désemparer les autres avec ses changements d'humeur permanents. Je baisse le regard, toujours les joues en feu.

- Attendons que Tom...

Je le coupe :

- Il revient ?

- Oui, enfin pas vraiment, il va nous donner des sacs de provisions le temps de regagner le camp.

Je suis bête de ne pas avoir penser à ça mais ce qui me préoccupe le plus en ce moment c'est l'état dans lequel se trouve mon ex-professeur.

- Que vous ai-t-il arrivé ?

- C'est plutôt moi qui devrai poser cette question.

Il détourne la mienne pour ne pas répondre, très bonne technique mais je ne lâche pas le morceau et insiste :

- Parlez.

- Vous savez ce que vous voulez, dis donc ! Bon, d'accord je vais vous raconter, se rattrape-t-il en remarquant mon regard insistant. Il me fixe puis se détourne et continue, moins à l'aise :

- Quand vous êtes tombée dans les pommes mon premier réflexe a été d'appeler à l'aide et alors que je revenais avec deux femmes de chambre vous n'étiez plus là, envolée. On vous avez enlevée et je m'en mordais les doigts.

- Vous vous inquiétiez pour moi ? C'était une perte de temps, désolée de vous le dire mais le contraire n'aurait rien changé.

- Vous êtes toujours obligé de faire ça ?

- Quoi ?

- Écraser en permanence les gens.

- Je ne le fais à personne d'autre. Je ne peux pas vous supporter autant l'extérioriser.

L'Élémentaire {En Réécriture}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant