Mon corps est tout ankylosé. Je n'arrive pas à bouger ne serait-ce qu'un muscle. Mes yeux peinent à s'habituer à la lumière du jour. Malgré mon état engourdi, j'ai passé une superbe nuit. J'ai retrouvé un peu près toute mon énergie et j'en suis heureuse.
Je me lève trop vite et suis prise de tournis. Je me retiens à un meuble le temps de retrouver mes esprits. La tente est toujours aussi vide comme si cet espace était dépourvu de vie humaine. Je me concentre sur les détails de cette pièce atypique. Trois couches s'étalent au sol le long de trois des quatre parois. La chose contre laquelle je me suis appuyée n'est autre qu'une vieille commode qui n'arrive presque plus à tenir debout. Sinon la tente est totalement dépourvue de décoration. Dans un sens, je suis assez contente que personne ne m'ait trouvée. Par contre il faut que je rattrape le coup sinon je vais avoir des problèmes. Je secoue un peu mes vêtements pour être plus présentable mais ça ne fait que répandre de la terre sèche partout, j'ai l'impression d'être un livre remplis de poussière. Il faut que je me décide à prendre un bain tôt ou tard.
L'activité a repris dans le camp. Tout le monde pratique ses tâches quotidiennes par contre il y a beaucoup moins d'enfants qui jouent. Ils ont dû aussi être touchés par la mauvaise ambiance qui pèse sur nos épaules. Peut-être que des renégats ont perdu des êtres chers pendant le voyage qui les a mené ici. Des gens sont encore tombés sous les griffes de la Garde ? J'ai beau espérer, je sais qu'ils n'ont pas tous survécu.
Je me fais vite à l'idée que des personnes peuvent me reconnaître comme la fille qui a détruit leurs tentes il n'y a pas si longtemps. Je me glisse alors sous la capuche de ma veste et avance vite entre les habitants. J'atteins une tente à la toile aussi marron que de la boue, je n'avais pas vu la couleur du tissu cette nuit mais je suis sûre que c'est ici. Comme pour confirmer mes pensées, Marc sort de l'abri. Je l'apostrophe puis je n'ai soudain rien à dire, pourquoi suis-je venue déjà ?
- Bonjour Katelynn.
Son ton n'est pas aussi professionnel et rassurant que d'habitude. Ce qui fait monter une légère angoisse. Je crois tout de suite à un drame mais je pense que ce n'est pas le cas sinon il m'aurait déjà mise au courant. Je me calme et respire plusieurs fois avant de lui répondre :
- Kate, s'il vous plaît. Je... je vous l'ai déjà dit mais je m'excuse encore pour hier. Je n'étais pas dans mon assiette et...
- Venez.
Je n'ai pas le temps de protester qu'il disparait déjà derrière un groupement de tentes toutes aussi vertes et marrons que la sienne.
Les mains derrières le dos et la tête droite, Marc porte son regard derrière les habitations en toiles et marche toujours aussi rapidement. J'arrive enfin à le rattraper mais quand je lui demande des explications, il refuse de parler.
Notre route débouche sur une petite cascade suivie d'une rivière où le courant est plutôt calme. À sa surface, on distingue les silhouettes de quelques poissons. Cette eau me donne envie d'y plonger ma tête pour me désaltérer et enlever toute la saleté qui macule mon corps.
Marc s'assoit sur l'herbe sèche encore un peu mal en point après notre chaud été. C'était il y a plus de trois mois, je m'en souviens, la chaleur était instable et même mes journées à la Grande Bibliothèque en étaient troublées.
Comme une nouvelle habitude, je ferme les yeux et envoie un peu de mon flux sur l'étendue jaunâtre qui retrouve sa belle couleur verte d'antan. Normalement les végétaux réussissent à se renouveler en quelques mois mais il fallait déjà que l'herbe repousse avant de se revitaliser. En ville, on ne voyait pas beaucoup de pelouse mais quand je passais devant le parc, près de chez moi, je pouvais constater les dégâts du soleil. Il n'y avait plus d'herbe, ce n'était plus qu'une couche brune se confondant avec la terre.
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L'Élémentaire {En Réécriture}
FantasiaQui a dit qu'une vie banale le resterait forcément ? Coincée au cœur d'un monde tyrannique, Katelynn ne rêve que d'une chose : la liberté. Alors qu'elle doit à tout prix se trouver un partenaire avant son dix-septième anniversaire, elle fait une r...