Chapitre Soixante-six

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Je reste pantelante devant la scène. Le corps du Dirigeant, de notre persécuteur, tombe mollement sur le parquet avec un bruit visqueux dû au sang. La flaque écarlate s'élargit jusqu'à s'étendre sous tout son corps. En quelques secondes, il est passé de vivant à cadavre. Grâce à Morgan.

    Cet homme, ce manipulateur et usurpateur ne fera plus de mal. Plus jamais et à personne.

J'ai du mal à m'avouer que nous avons enfin réussi. Non, nous n'avons pas réussi, nous avons gagner. Ce mot est tellement nouveau sur ma langue. Je suis toujours pétrifiée mais heureusement je reviens rapidement à la réalité au moment où je sens de l'air passé sur ma jambe. Celle qui était coincée. En levant la tête, je croise ces yeux si verts que j'aime tant. Morgan a un teint horrible et du sang le recouvre intégralement. Il se force à déplacer le lustre et me dégage en quelques secondes.

    La balle qu'il a reçu à la jambe a troué le tissu de son pantalon, comme un petit cratère.

Pour je ne sais quelle raison, j'ai une envie pressante de l'embrasser. Avec les quelques restes d'adrénaline, je me relève et me pends à son cou. Sous mon poids, Morgan dérape mais se retient au bureau massif. Je l'embrasse fougueusement comme si c'était la dernière fois ou la première fois d'une longue liste. Il y répond mais je recule soudain, une migraine me cisaille le crâne et je m'effondre bientôt mais il me rattrape malgré sa blessure à la jambe. Sur le même endroit que la fois où il a été enlevé. Position stratégique.

    Je déchire sa chemise, il me regarde bizarrement mais je continue. Je puise dans mon énergie vitale, plaque mes mains contre son torse ensanglanté et y envoie tout ce que je peux. Le flux est conséquent. Je n'ai jamais fait ça, cela n'a jamais été aussi puissant. Des minutes s'égrainent peut-être des heures mais je viens à bout de toutes plaies, même de celle par balle après avoir manipuler avec précaution à l'aide des tiges. Je referme chaque égratignure et m'affale contre le plan de travail. Mais Morgan me réceptionne fermement. Il a retrouvé toute sa force et sa vigueur et moi je suis dans un état lamentable. Si le Dirigeant n'a pas réussi à me tuer, le total de cette journée le fera à sa place.

    Morgan n'hésite pas et me prend entre ses bras, l'un sous mes genoux et l'autre sous mes épaules. Toutes les plantes fanent, elles ne disparaissent pas mais meurt en quelques secondes. Je n'ai jamais vu ça. En les observant perdre la vie, je remarque mon corps nu sous elles. Mes vêtements sont en lambeaux et ne recouvre presque plus mes membres mais ça m'est égal. Ce problème est tellement minime que je n'y fais pas plus attention.

Morgan me parle mais je ne n'entends presque rien :

-    ... Yeux... Ouvert... Pas... Dormir...

-    Non, je ne...

    Le sommeil m'appelle et je voudrai le rejoindre mais Morgan me donne une petite tape pour me réveiller en faisant attention à mes lésions. Je l'en remercie. Mes yeux à demi-ouvert suivent le chemin qu'il emprunte. Il sort du bureau puis enchaîne sur une série d'escaliers et de couloirs. Nous sortons par une porte latérale. Le vent me refroidit. Je tremble et recommence à sombrer mais ne le fais pas écoutant les recommandations de mon ancien professeur.

    Il court et mon corps n'est plus qu'un pantin dans ses mains suivant ses soubresauts qui me maintiennent éveillée.

Quand ses pieds crissent sur le gravier, il accélère. Je suis posée quelques minutes plus tard dans les jardins, sur l'herbe. Je ne peux plus bouger et je l'entends, suppliant :

-    Tiens bon, Kate. Il ne faut pas que tu partes. Non, non ! Reste avec moi, s'il te plaît...

    Ses larmes viennent mouiller mon visage. Chaudes, elles me réchauffent. Je m'abandonne à des faibles grésillement au fond de mon esprit.

La guérison

N'est que l'éclosion

Des fleurs de la vie.

Vis et guéris

Élémentaire de la terre

Serviteur de Notre mère

La Nature, tu sers...

    Le message se répète et tourne en boucle dans ma tête. Je me laisse porter par ces mots en ignorant leur sens.

L'Élémentaire {En Réécriture}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant