NASH - MARVEL

Chapitre 2 : Soldat ?

        Assise sur le rebord de mon lit très peu confortable, je ne parviens pas à trouver le sommeil. Cela fait deux jours que je me suis rendue compte que j'ai une nouvelle fois été conditionnée pour oublier. Je ne dors que très peu dans ce genre de circonstance, bien trop occupée à trier mes souvenirs qui reviennent comme des coups de marteaux. Une main sur ma tempe gauche, je regarde le collier que Bucky m'a donné, coincé dans le creux de ma main droite.

C'est la marque de notre promesse. Si jamais l'un de nous perd la mémoire, l'autre doit l'aider à se souvenir. C'est notre manière de rester humains mais surtout de rester ensemble. On a déjà faillis se perdre des centaines de fois à cause du conditionnement, et cette fois-ci a bien manqué d'être la fois de trop. Si je n'avais pas pris conscience de ce que je faisais dans la salle d'entraînement, j'aurais pu tuer Bucky, la seule et unique personne en qui j'ai confiance dans ce monde.

D'habitude, c'est plutôt lui qui m'oublie. Entre le sommeil et le conditionnement, il perd bien plus facilement la mémoire que moi. Mais il finit toujours par se souvenir tout seul, en creusant dans sa belle petite tête pendant ses heures d'insomnie. Moi, j'ai toujours eut besoin de lui pour me rendre compte que je n'étais plus moi-même. Je referme ma main autour du collier au pendentif de croissant de lune, fermant les yeux et soupirant. Je rouvre les yeux en entendant du bruit dans ma salle de bain. J'ai presque oublié que Bucky était juste à côté, en train de prendre une douche après un nouvel entraînement sanglant. Je me lève de mon lit, remets mon collier et me dirige vers la salle de bain pour le rejoindre. Vêtu d'un bas de survêtement gris, il semble surpris de me voir arriver derrière lui dans le reflet du miroir.

« Tu ne dors pas ?

- Tu sais très bien que je n'y arrive pas, ces derniers temps. »

Il s'empresse d'attraper un teeshirt à manche longue et de l'enfiler. Il a toujours été très mal à l'aise à l'idée de me laisser voir ses cicatrices autour de son bras métallique, ayant bien trop peur que je le prenne pour un monstre. Je lui souris et me faufile dans ses bras, dans lesquels il me serre comme si c'était un adieu. Il dépose un baiser sur mon crâne.

« Je suis désolée, dis-je doucement.

- Je t'interdis de t'excuser. Tu sais très bien que ça aurait pu être moi, et tu ne voudrais pas non plus que je m'en excuse.

- J'ai faillis te tuer.

- Tu n'étais pas toi-même.

- Bucky, un jour, ça finira par arriver. »

Il me relâche. Je le regarde dans les yeux, avec une leur de tristesse et de sincérité qui le transperce suffisamment pour lui arracher le cœur, et le mien au passage.

« Un jour, ils comprendront que leurs tentatives sont vaines et ils feront en sorte qu'on s'entretue avec la fine conviction que tu sortiras vainqueur. De cette manière, ils n'auront plus à se décarcasser pour qu'on s'oublie...

- Tais-toi. Je déteste lorsque tu dis ce genre de chose.

- Mais tu sais très bien que c'est la vérité.

- On finit toujours par se souvenir, m'assure-t-il.

- Mais j'aurais pu te tuer, répétais-je. »

Il ferme les yeux en soupirant et me prend le visage entre ses mains. Son regard rempli de sincérité et d'amour me met un peu de baume au cœur, tout en me brisant également. Peu importe les moments qu'on passe ensemble, on finit toujours par s'oublier.

« Mais tu m'aimes, sourit-il. »

Je lève les yeux au ciel, un sourire se dessinant clandestinement sur mes lèvres. Il m'embrasse tendrement et me resserre contre lui.